" Le seul capital qui ne coûte rien et qui rapporte beaucoup, c'est la flatterie ". Emmanuel Macron avait-il lu les « Pensées nouvelles et souvenirs anciens » de la baronne Véra de Talleyrand avant de s'adresser aux entrepreneurs ce lundi ? Mystère. Toujours est-il que le ministre de l'Economie semble s'en être inspiré, multipliant les messages affectueux en direction des chefs d'entreprises lors du lancement de la 7ème édition de la Conférence annuelle des entrepreneurs organisée ce lundi à Bercy. " Parce qu'ils savent prendre des risques, parce qu'ils sont courageux, je veux pouvoir compter sur les chefs d'entreprises pour faire bouger les lignes de notre économie, pour bousculer ce qui est trop bien établi, pour rompre avec les habitudes qui sont souvent de mauvaises habitudes. Je vous demande de vous battre ", a-t-il notamment déclaré, martelant son féroce attachement à l'entrepreneuriat.
Pas d'annonces majeures
Reste à savoir si la méthode utilisée par le ministre rapportera beaucoup. Une chose est sure, les entrepreneurs qui espéraient de nouveaux gestes en faveur des entreprises en ont été pour leurs frais. A l'exception de quelques mesures sur l'actionnariat salarié. Emmanuel Macron s'est en effet contenté de rappeler celles mesures contenues dans le Pacte de responsabilité.
Rigueur oblige, toute nouvelle mesure coûteuse est donc exclue. Le gouvernement n'en a pas les moyens budgétaires. Et s'il les avait, on peut, sans prendre de risque, légitimement penser que l'exécutif y regarderait à deux fois avant d'accentuer sa politique de l'offre. De nouveaux " cadeaux " au patronat serait très mal perçus au sein de la majorité. C'est la raison pour laquelle Emmanuel Macron se contente de cajoler les entrepreneurs.
Un projet de loi Croissance en janvier
Certes, il se dit favorable à une baisse du taux de l'impôt sur les sociétés (IS) au niveau du taux moyen en vigueur en Europe ou à un taux réduit de l'IS pour les bénéfices réinvestis dans les fonds propres des entreprises. Mais Emmanuel Macron s'est bien gardé de soutenir ces mesures, évoquant le fait qu'elles pouvaient « déstabiliser » le paysage fiscal des entreprises... Pourtant, le taux réduit pour les bénéfices était une promesse du candidat François Hollande.
Seules les "réformes structurelles" trouvent grâce à ses yeux. Le projet de loi pour la croissance et l'activité qui sera présenté en janvier au Parlement en contiendra quelques unes, parmi lesquelles l'assouplissement des professions règlementées et l'ouverture dominicale des commerces.
En finir avec l'entre-soi
Il fonde également beaucoup d'espoirs sur la lutte contre les corporatismes. " Ce qui est capturé par les corporatismes ne circule plus. Il faut donc déranger les intérêts acquis, recréer des droits pour les autres pour dynamiser l'économie. Il faut en finir avec l'entre-soi ", évoquant le cas du CAC 40 dont la composition n'a quasiment pas varié " depuis trente ans ". Un combat que le gouvernement entend mener en douceur. N'a-t-il pas nommé Phillipe Varin, l'ancien président du directoire de PSA Peugeot-Citroën à la présidence du conseil de surveillance d'Areva en remplacement de Pierre Blayau ? Les exemples d'entre-soi, voire de consanguinité de ce type au sein du capitalisme française sont multiples.
Les ministres passent, les chantiers restent
Puisque de promesses, il n'était pas question, Emmanuel Macron s'est donc contenté de faire l'inventaire des obstacles qui empêcheraient les PME tricolores de devenir des ETI, citant notamment le « plafond de verre » évoqué par l'ancien ministre des PME Renaud Dutreil en 2004 pour symboliser les contraintes fiscales, sociales et règlementaires et le choc de simplification lancé par Hervé Novelli, l'ancien ministre des PME en 2007. Bref, que du neuf !