Pourquoi, en 2014, moins de salariés ont-ils bénéficié de la hausse du Smic ?

Le 1er janvier 2014, seulement 10,8% des salariés ont bénéficié de la revalorisation de 1,1% du Smic, contre 12,3% un an plus tôt. Ceci s'explique par le faible niveau de cette revalorisation et par les évolutions des minima des grilles salariales des branches professionnelles
Jean-Christophe Chanut
"Seulement" 10,8% des salariés ont bénéficié de la hausse du Smic en 2014, contre 12,3% en 2013

La dernière revalorisation du Smic, le 1er janvier 2014, a concerné 10,8% des salariés, soit 1,6 million. Une proportion nettement inférieure à celles constatées les années précédentes. En 2013, en effet, 12,3% des salariés avaient bénéficié de la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) et 11,1% en 2011.

Une étude du ministère du Travail explique cette évolution, à première vue déconcertante au regard de la faiblesse des salaires en France. Comment, en effet, comprendre qu'il y aurait moins de « smicards » ?

Rappelons que, le 1er janvier 2014, le Smic horaire a été revalorisé de 1,1% à 9,53 euros. Or, selon la Dares (service statistiques du ministère du Travail), il faut d'abord comprendre qu'un salarié peut être concerné par la revalorisation du Smic sans nécessairement être rémunéré exactement au Smic avant sa revalorisation.

Ainsi, au 31 décembre 2013, tous les salariés qui étaient rémunérés entre 9,43 euros (valeur du Smic alors en vigueur) et 9,53 euros (valeur du Smic au 1er janvier 2014) ont été payés, dès janvier 2014, sur la base de la nouvelle valeur du Smic horaire par simple effet mécanique. Mais, ceux qui étaient rémunérés au-delà de 9,43 euros de l'heure, ont connu une hausse immédiate de leur salaire horaire inférieure à 1,1%. Ils ne sont donc pas comptabilisés dans le nombre des salariés « bénéficiaires » de la revalorisation du Smic de 1,1%, les fameux 10,8% dont on parle. Et, bien entendu, plus la revalorisation du Smic est modeste du fait de la faible inflation, plus est grand le nombre des salariés non bénéficiaires de cette revalorisation.

Fin 2012, plus du quart des minima de grilles des branches était inférieur au Smic...

Une autre explication de la baisse du nombre de salariés concernés le 1er janvier 2014 par la hausse du Smic réside dans le fait que, un an plus tôt, le Smic avait été au total revalorisé de 2,3%, à la suite des augmentations intervenues au 1er juillet 2012, puis au 1er janvier 2013. Résultats, dans de nombreuses branches, les minima salariaux conventionnels s'étaient retrouvés en janvier 2013 en dessous du montant du Smic.

De fait, plus du quart des branches de plus de 5.000 salariés étaient en retard dans l'actualisation des grilles, et elles ont donc été automatiquement concernées par la hausse du Smic. Ainsi, dans le commerce audiovisuel, le commerce de gros, les hôtels cafés restaurants, pharmacies d'officine, etc., les partenaires sociaux ont attendu début 2013 pour engager de nouvelles négociations et aboutir à de nouvelles grilles prenant en compte les différentes revalorisations du Smic.

... ce qui n'était plus le cas en 2014, d'où la baisse des bénéficiaires

Résultat, en 2014, il y a eu moins de personnes concernées par la progression du Smic au 1er janvier car les branches avaient renégocié les grilles, et le premier échelon de celles-ci se situait au-dessus du niveau du Smic revalorisé. Pour la Dares, c'est notamment le cas pour les salariés soumis aux conventions collectives des « boulangeries et pâtisseries artisanales », « entreprises de propreté et services associés », « hôtels, cafés et restaurants ».

Autre constat, les salariés à temps partiel restent davantage concernés par la revalorisation du Smic : celle-ci a concerné 26% d'entre eux le 1er janvier 2014. Selon la Dares, ceci s'explique par le fait que le temps partiel est plus fréquent dans les petites entreprises et dans certains secteurs d'activité (commerce, tourisme) où la proportion de bénéficiaires de la revalorisation du Smic est élevée.

La prochaine revalorisation légale du Smic interviendra le 1er janvier 2015. Elle sera très modérée du fait de la faible inflation, et l'on voit mal le gouvernement accorder un « coup de pouce ».

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 5
à écrit le 20/11/2014 à 22:13
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il faudrait enfin récompenser tous ces gens qui font un travail remarquable en france, chez les artisans notamment, moi je suis en admiration devant la qualité de nos ouvriers, bravo !

à écrit le 20/11/2014 à 20:05
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c'est dommage qu'un patron d'une grosse entreprise ne soit pas limité sur son augmentation annuelle... Si il était imposé de pouvoir s'augmenter de seulement 10% du pourcentage moyen de l'intégralité de ces employés, les smicards serait plus augmenté...

à écrit le 20/11/2014 à 19:47
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la réponse à cette question malgré toutes les enquêtes et les contorsions journalistiques concernant les salaires au smic est simple: le capitalisme est fait pour les riches et le communisme pour les pauvres. Quant à la classe moyenne il faut l'entra...

le 20/11/2014 à 20:06
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"Pas vrai Flambi ?" et Sarkozy?

à écrit le 20/11/2014 à 18:38
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Tant que les dividendes augmentent avec des marges qui stagnent, tout va "bien"... Bonne crise à tous!

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