Que restera-t-il du rapport Pisani-Ferry/Enderlein ?

Dès la remise du rapport, Emmanuel Macron a annoncé que les mesures chocs préconisées par les deux économistes ne seront pas retenues. Son homologue allemand, Sigmar Gabriel, a indiqué que les capacités d'investissements de l'Allemagne étaient limitées...
Fabien Piliu
Que feront Emmanuel Macron et Sigmar Gabriel du rapport Pisani Ferry-Enderlein ?

Après avoir alimenté les débats toute la semaine, le rapport Pisani Ferry-Enderlein accouchera-t-il d'une souris ? Dès la remise du rapport par les deux économistes, jeudi, Emmanuel Macron a indiqué que les principales mesures chocs ne seraient pas retenues. Ainsi, le ministre laisse aux partenaires sociaux le choix de discuter du rythme des négociations salariales. Actuellement, elles sont négociées chaque année dans les entreprises. Le rapport franco-allemand suggère de passer à un rythme triennal. Quand au mode d'indexation du SMIC, il ne sera pas retouché, Emmanuel Macron estimant que la dernière réforme, datée de 2012, était trop récente. Le rapport proposait de ne plus tenir compte de l'évolution des prix et salaires mais seulement du niveau des prix et de la productivité pour revaloriser le SMIC.

Faire sauter les points de blocage

Si les mesures les plus chocs sont d'emblée écartées, la plupart des suggestions énoncées pour flexibiliser le marché du travail seront intégrées au projet de loi Croissance et activité qui sera présenté en Conseil des ministres le 10 décembre.

Quelles sont-elles ? On peut sans risque penser que l'introduction d'accords offensifs contribuant à accroître la flexibilité du temps de travail et des rémunérations en réponse à l'évolution des conditions économiques sera retenue. Actuellement, ces accords sont réservés aux seules entreprises "en grande difficulté".

" Permettre aux entreprise de pouvoir ajuster ses effectifs à la baisse, même quand elles font des bénéfices peut sembler injuste. Mais c'est peut être le moyen, pour un certain nombre d'entre elles, de prolonger leur activité et de se battre à armes égales avec leurs concurrentes ", estime Dominique Seau, le PDG du groupe Eminence.

Ce devrait être également le cas de l'élargissement du champ des dérogations possibles aux dispositions légales dans les conventions collectives de branche, y compris lorsque ces accords comportent des dispositions qui ne sont pas bénéfiques pour les employés. Favoriser la représentation des salariés dans les petites et moyennes entreprises en rationalisant les structures de représentation existantes dans les entreprises de plus de 50 employés devrait également être une mesure intégrée au projet de loi, après la fin de la négociation actuellement en cours entre les syndicats et le patronat.

L'Allemagne n'a plus d'argent

Côté allemand, une partie du contenu du rapport est également laissé de côté. Si les tabous français sont le SMIC et les salaires, les finances publiques sont pour nos voisins le totem qu'il ne faut pas toucher. C'est donc sans surprise que Sigmar Gabriel, le ministre de n'a, lui, pas répondu favorablement à l'invitation des économistes d'investir 8 milliards d'euros supplémentaires par an sur la période 2015-2017. " J'ai des doutessur la faisabilité de cet effort ", a indiqué le ministre. Après avoir annoncé une enveloppe de 10 milliards d'investissement supplémentaire d'ici à 2018, Berlin n'est pas prête à un effort supplémentaire « Je ne pense pas que nous puissions mobiliser encore deux fois plus à court terme », a-t-il déclaré, rappelant que l'Allemagne souffrait surtout d'un déficit d'investissement privé.

Si produire un effort immédiat semble donc exclu, réformer pour assurer le long terme a semblé séduire Sigmar Gabriel. Il a notamment montré son enthousiasme pour la mise en place d'un " Schengen " économique avec un marché unifié de l'énergie ou du numérique. Même si ce projet n'en est encore qu'au stade de l'idée, c'est toujours ça...

Ce rapport sert donc à valider des idées que le gouvernement avait déjà en tête. Il permet aussi - surtout - au gouvernement de tester des idées qui pourraient un jour être retenues et soumises aux Français. C'est d'ailleurs une pratique assez courante de la part des gouvernements qui se succèdent. Combien de ballons d'essais ont été lancés par l'exécutif via des rapports rédigés par d'éminents économistes ?

Fabien Piliu
Commentaires 18
à écrit le 30/11/2014 à 12:11
Signaler
TOUS LES RAPPORT SONT FAIS PAR DES GENS FORME DANS LES ECOLES DES ELITES ? DONC IL DISSENT TOUJOUR LES MEMES CONCLUTIONS ? ON NE TRAVAILLE PAS ASSEZ? ON EST TROP PAYEZ ? PREF. TOUJOURS LES VIELLES RECETTES CAPITALISTES ?ALORS QU EN VERITE IL Y A TOUJ...

à écrit le 29/11/2014 à 17:51
Signaler
Quels naïfs ces économistes qui se donnent un mal de chien pour écrire un rapport que tout le monde ou presque, s'empresse de mettre à la poubelle après l'avoir feuilleté !...

à écrit le 29/11/2014 à 7:52
Signaler
Aller voir dans les tiroirs sous les noms d'Attali, Pébereau, Camdessus, Gallois ... etc etc etc. et vous aurez la réponse: RIEN!

à écrit le 29/11/2014 à 7:25
Signaler
comme tous les rapports aux frais du contribuables

à écrit le 29/11/2014 à 5:51
Signaler
Encore un "polar de couverture blanche" couleur préférée du rangement placard de notre république bannière qui rappelle la monarchie des privilèges tellement prisée, en dehors du rejet verbal, par la totalité de notre classe politique, qui est deven...

à écrit le 28/11/2014 à 23:43
Signaler
les allemands vont continuer a faire semblant d'investir et les francais vont continuer a faire semblant de réformer. Tout le monde attend que le temps s'écoule, jusqu au prochain effondrement ( explosion de la zone euro)

à écrit le 28/11/2014 à 18:59
Signaler
Comme n'importe quel autre rapport il finira sa vie au fond d'un tiroir et aura couté très cher à la collectivité...donc ne servira à rien.

à écrit le 28/11/2014 à 18:28
Signaler
Ces rapports ne sont que des exercices de propagande dont le but est seulement d'enfoncer un peu plus dans les crânes fragiles cette idée d’une seule politique possible. Cela permet au gouvernement en place, qu'elle que soit son étiquette, de faire e...

à écrit le 28/11/2014 à 17:16
Signaler
Que pourrait-il rester d'un tel tissu de banalités ?

à écrit le 28/11/2014 à 16:17
Signaler
Comme le rapport gallois après celui d atalli ça ira au placard Ça sert à faire du vent a faire croire qu'on réforme Les français ne sont pas dupent l'an prochain encore 2 élections raclée pour le PS Le plus triste est que l'UMP ne vaille pas mi...

le 28/11/2014 à 16:36
Signaler
effectivement et le pire ; ils ont l'air de bien s'amuser.....avec notre argent !!!

le 29/11/2014 à 10:24
Signaler
Voter Le Pen permettra d'appliquer le programme de Maurice Thorez des années 50. C'est sûr que la situation va beaucoup s'améliorer...

le 29/11/2014 à 17:16
Signaler
on gagne du temps... les privilèges restent pour une catégorie de protèges.. avec cette gauche caviars ils restent intouchables ...

à écrit le 28/11/2014 à 16:03
Signaler
Faut pas rêver, les mesures chocs trop froussards pour les entreprendre, il ne faut pas brusquer le clientélisme ambiant, les mesures radicales ne seront jamais entreprises en France, faute de courage de nos gouvernants, ils ont trop peur des syndic...

le 28/11/2014 à 18:24
Signaler
Les réformes aboutissant à la paupérisation des plus faibles, on ne peut parler que de révolutions des nantis dans ce cas. Vous n'êtes pas content de votre vie de rentier ?

à écrit le 28/11/2014 à 16:03
Signaler
C'est bien français : on commande un rapport parce qu'on n'est pas capables de le faire (ça sert à quoi l' ENA ?) et puis on le met dans un tiroir.... Qui paye et combien ?

à écrit le 28/11/2014 à 15:59
Signaler
Ne vous inquiétez surtout pas NOUS payons via nos impôts et taxes des centaines de personnes qui font des études et qui ne servent à rien (cf la Cour des Comptes). C'est cela la "gabegie" de nos gouvernants français et/ou européen : faire travailler ...

le 28/11/2014 à 18:04
Signaler
Appauvrir les riches et enrichir les pauvres ? Vous devez inverser la situation la ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.