Dialogue social : ce que pourrait prévoir le prochain projet de loi

Le ministre du Travail, François Rebsamen, commence à plancher sur un projet de loi modernisant le dialogue social, après l'échec de la négociation sur ce sujet. Le CHSCT serait maintenu, et l'actuelle "délégation unique du personnel" serait davantage favorisée.
Jean-Christophe Chanut
François Rebsamen présentera un projet de loi pour moderniser le dialogue social en entreprise.

Il y aura bien une loi sur la modernisation du dialogue social en entreprise. Le Ministre du Travail François Rebsamen l'a une nouvelle fois assuré ce jeudi 29 janvier. Reste à savoir quand et, surtout, quel en sera le contenu. Après l'échec de la négociation sur ce sujet il y a une semaine entre les organisations patronales et syndicales, le gouvernement est donc disposé à reprendre la main... sans trop se presser.

De fait, le sujet est assez détonant. Il relève même de la patate chaude dont l'on voudrait bien se débarrasser. Avec des députés socialistes « frondeurs » en embuscade permanente et un congrès du Parti socialiste en juin, il va falloir beaucoup de tact au ministre du Travail pour ne pas apparaître comme un pourfendeur du code du Travail en remettant en cause l'existence d'institutions représentatives du personnel.

François Rebsamen a donc commencé à déminer. Il reçoit ainsi actuellement successivement toutes les organisations patronales et syndicales pour connaître leurs desiderata. Puis, après une réunion de synthèse dans une dizaine de jours, les partenaires sociaux seront reçus le 19 février par Manuel Valls. On connaîtra alors davantage les intentions du gouvernement.

Pour autant, à travers quelques confidences gouvernementales, on commence à entrevoir ce qu'un futur projet de loi sur le dialogue social pourrait proposer.
D'abord, les conseillers du gouvernement ont examiné à la loupe les dernières propositions patronales lors de la négociation avortée. Ainsi également que les principaux points d'achoppement avec les syndicats.

Vers un maintien du CHSCT

Ainsi, il est quasi certain que la future loi ne viendra pas remettre en cause l'existence du « comité d'hygiène, sécurité et conditions de travail » (CHSCT)  qui peut, actuellement, être institué dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés. Dans un entretien au « Journal du dimanche » du 25 janvier, François Rebsamen a clairement laissé entendre que le CHSCT demeurerait en tant qu'institution autonome dotée de la personnalité morale.

Le Medef, lui, espérait n'en faire qu'une « commission » - certes obligatoire dans les entreprises de 300 salariés et plus - rattachée à un futur « Conseil d'entreprise », une institution unique qui viendrait remplacer toutes celles existantes actuellement : le CHSCT, les délégués du personnel, le comité d'entreprise, voire les délégués syndicaux.

François Rebsamen a bien compris qu'il y avait un point de blocage sur le CHSCT, ce que confirme à La Tribune Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, qui a rencontré le ministre « Je crois que le ministre a bien enregistré notre demande de conserver un CSCT autonome ».

Certes mais pour autant le ministre du Travail semble souhaiter que le CSCT soit centré sur ses tâches « quotidiennes ». Ainsi, la future législation pourrait revenir, par exemple, sur le rôle du CHSCT en cas de plan de licenciements économiques (PSE). Actuellement, la saisine du CHSCT peut conduire à rallonger la procédure du PSE. Il n'est pas certain que cela demeure possible.

Des réunions regroupant toutes les instances

Par ailleurs, le ministre a semblé sensible à une autre proposition de FO pour rationaliser et simplifier le dialogue social. Lorsqu'une future décision d'un employeur doit conduire à informer les différentes instances du personnel - en cas de vente, de plan social, de modifications des horaires de travail, etc.-  il serait à l'avenir possible de convoquer en même temps toutes ces instances au cours d'une seule séance d'information, ce qui éviterait de multiplier les séances de concertation... et pourrait constituer une alternative au projet de « conseil d'entreprise » souhaité par le Medef.

A priori également, le ministre du Travail a bien compris que les syndicats tenaient à ce que la négociation d'entreprise demeure le monopole des délégués syndicaux.... Lorsqu'il y en a.

Des délégations uniques du personnel dans les entreprises de moins de 300 salariés

De même, François Rebsamen pourrait reprendre à son compte les propositions patronales tendant à simplifier la concertation en cas d'établissements multiples (comité central d'entreprise et comité d'établissement).

Surtout, toujours pour simplifier les fameux seuils sociaux, grande demande patronale, le prochain projet de loi pourrait étendre la possibilité d'instituer une « délégation unique du personnel » (DUP). Cette DUP permet, par simple décision unilatérale de l'employeur - après information des représentants du personnel - de fusionner les délégués du personnel et le comité d'entreprise dans une instance unique.

Actuellement, il est possible d'instituer une DUP dans les entreprises de 50 à 200 salariés. Or, seulement 28% de ces établissements y ont eu recours. Il est envisagé de porter à 300 le plafond d'implantation des DUP.

Des commissions paritaires à l'extérieur des TPE

Concernant les très petits établissements de moins de 11 salariés qui, légalement, n'ont droit actuellement à aucune instance de représentation du personnel, le prochain projet de loi pourrait reprendre à son compte le projet du Medef et de l'UPA (artisans employeurs) - très combattu par la CGPME qui ne voulait pas en entendre parler - d'implanter des commission régionales paritaires où siégeraient des représentants syndicaux et patronaux.

L'autre option serait d'implanter ces commissions au niveau des branches afin qu'elles soient plus proches du terrain et, surtout, davantage en phase avec les problèmes rencontrés. En tout état de cause, pas question que ces commissions puissent rentrer dans les entreprises.
On en saura davantage dans les semaines à venir.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 15
à écrit le 06/02/2015 à 15:48
Signaler
dans ce morceau de loi , nous voyons bien que le MEDEF dirige nos politiques. Il trouve que la répartition des richesse ne se fait pas assez vite pour eux, le peut de syndiqués qu'il y a en France les gène beaucoup. remettre en cause la représentativ...

à écrit le 30/01/2015 à 11:17
Signaler
Arrétons l'hypocrisie !Le seul sujet ou au moins le principal et de loin est celui des heures de délégations auxquelles ouvrent droit les différentes instances (CE,CHSCT;Delegation du personnel ...) qui cumulées comme la loi l'y autorise ,permettent ...

à écrit le 30/01/2015 à 11:00
Signaler
Nous avons à faire le constant de ce que le gouvernement Valls est constitué de comédiens incompétents, de surcroît fainéants, Rebsamen en est le top modèle.

à écrit le 30/01/2015 à 9:12
Signaler
Encore une pseudo réforme en perspective comme d'habitude par manque de courage

à écrit le 30/01/2015 à 9:00
Signaler
Bref, une loi qui ne tranche pas entre le système de la désignation et celui de l'éléction. Le fonctionnement de nos IRP est une catastrophe Made in France. Elles se chevauchent, et elles sont même parfois en concurrence entre elles. Je n'ose même ...

à écrit le 30/01/2015 à 8:05
Signaler
je n'aime plus le mot SOCIAL!

à écrit le 29/01/2015 à 21:13
Signaler
Pour les TPE, on rajoute des contraintes supplémentaires avec ces commissions régionales paritaire. Et en contrepartie, on allège QUOI pour les TPE ? On fait quoi pour atténuer les conséquences du passage de 9 à 10 salariés, de 10 à 11, puis de 11 à ...

le 29/01/2015 à 21:45
Signaler
Ce qui vous empêche d'embaucher c'est l'obligation de rémunérer le travail fourni par le salarié.... gratuit ça ne vous poserait aucun problème

le 30/01/2015 à 6:22
Signaler
Des travailleurs quasi gratuits ça existe ça s'appelle des détachés d'autres pays européens. Et c'est tout a fait legal. Et ils ne sont pas syndiqués. Enfin le bonheur. Et quand on lit des remarques de fainéant français comme la votre ils ont encore ...

le 30/01/2015 à 7:19
Signaler
Belle mentalité...! c'est lamentable...! Comment voulez vous que la Franc s'en sorte avec des réflexions telles que celle ci. Une belle image du patronat ! :o((((((

à écrit le 29/01/2015 à 19:41
Signaler
qu el serais le role d un syndicat s il ne peut pas rentres dans l entreprise , de plus chsct ne soccupe que des problemes de securite ,roles ou le patronnat veut bien leurs concedez le seul,,???

à écrit le 29/01/2015 à 18:41
Signaler
Stop. Ras le bol de toutes ces conférences, Grenelles machins trucs, négociations. Il faut prendre des mesures claires et faciles à mettre en œuvre. Mais pour cela il faut un chef!

le 30/01/2015 à 8:25
Signaler
on a voté pour un gouvernement et tous ces zozos qui ne representent personnes empeches les choses d évoluer le gouvernement doit décider c est la démoceatie

le 25/02/2015 à 18:03
Signaler
Il faut une majorité! Même si vous pensez avoir raison, vous devez accepter les lis de la démocratie.

à écrit le 29/01/2015 à 18:17
Signaler
Oh eh bien nous savons tous que Rebsamène aux échecs à répétition, il est tellement dans la lignée de ce gouvernement Valls Macron Rebsamen Sapin et autres comédiens socialleux umpeux rien du tout udi des conneries

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.