"Le projet français d'Exposition Universelle est vraiment superbe, mais nous ne voterons pas pour lui. Nous l'avons dit à monsieur Fromantin. Le projet, du moins tel qu'il est, ne correspond pas à notre cahier des charges, à nos attentes."
Anne Hidalgo a rencontré, officieusement le mois dernier, les responsables du Bureau International des Expositions, à Paris, ceux qui décident de l'attribution en matière d'exposition universelle. Et elle a été surprise du mauvais accueil de la candidature de Paris, et a réalisé qu'elle avait peut être misé sur le mauvais cheval.
Pour Jean Christophe Fromantin, qui porte la candidature pour l'Exposition Universelle 2025, le coup est rude, même s'il ne peut écarter totalement l'hypothèse d'un coup d'intox.
En tout cas, Anne Hidalgo ayant toujours estimé que Paris ne pouvait soutenir qu'un seul projet, elle revient, à son corps défendant vraisemblablement, aux JO. Mais aussi avec l'idée de reprendre un peu en mains la candidature à ces JO 2024 et lui donner la plus grande assise politique et économique possible.
Bernard Lapasset, le président de la Fédération internationale de rugby, et le triple champion olympique de canoë Tony Estanguet seront les chefs de projet, mais Anne Hidalgo va veiller au grain. Et il peut y en avoir.
Des visions un peu différentes du dossier
D'abord, sur le dossier de candidature. Bernard Lapasset a rendu à la mairie une "étude d'opportunité"(*) sur la candidature assez light, du moins dans sa version publique.
Il y reprend la plupart des idées qui circulent depuis la candidature de Paris en 2001 pour les Jeux de 2008 et y rajoute les quelques idées qui font joli dans tout bon projet : de l'environnemental, du participatif et du "pas cher". Sans grande imagination, l'étude se contente de saupoudrer les sites olympiques un peu partout sur le territoire en ne privilégiant rien.
Bernard Lapasset se défend en expliquant que Paris ne peut pas livrer aussi tôt et aussi vite son projet au public et donc à la concurrence. Cela tombe bien : la mairie de Paris a, par exemple, une stratégie d'implantations et de constructions qui concerne par exemple La Villette, Le Bourget, la Seine St Denis, le nord de Paris en tout cas, qui correspond au développement économique de la métropole. Elle va donc chercher sur ce point à fédérer les maires de la métropole.
"Ceinture, bretelles et parachute"
Ensuite, sur les financements : les chiffrages annoncés par Bernard Lapasset sont pour l'instant "à la louche". L'important est d'afficher une volonté de réaliser pour pas cher et sans faire (trop) payer les pouvoirs publics.
Mais Anne Hidalgo, Jean Paul Huchon et le préfet de région Jean Daubigny ont reçu un document financier plus fourni et plus précis sur le chiffrage.
Anne Hidalgo a donc dit à Bernard Lapasset que la décision de Paris serait prise après un vote des maires d'arrondissement, un autre du Conseil de Paris et, surtout, après discussions avec les milieux économiques au mois de mars car "le modèle économique doit encore être précisé".
Et elle ajoute, échaudée par les candidatures malheureuses de Paris, qu'elle ne veut pas de candidature de témoignage et que le dossier est "trop important pour être résumé aux enthousiasmes et aux impatiences".
Comme le dit un élu du CNOSF, "elle y va, mais avec ceinture, bretelles et parachute".
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>> (*) Lire aussi : Candidature à l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, Etude d'opportunité - Comité français du sport international (42 pages, fichier au format .pdf, téléchargeable)