"Le G20 n'est qu'une étape"

Le Premier ministre britannique semble réduire ses ambitions pour le G20 du 2 avril à Londres, estimant que la réunion ne sera qu'une "étape". S'il rejette un quelconque échec du système anglo-saxon, il reconnaît que la City a "beaucoup appris" de la crise. Sur le rapport Larosière, qui prône un superviseur pan-européen des superviseurs, il apporte un soutien de principe, tout en estimant que la régulation des banques doit rester nationale.

Qu'attendez-vous du G20 ?
Le G20 est le monde qui s'assemble pour faire face à des problèmes internationaux qui demandent des solutions internationales. Les immenses changements internationaux de ces deux dernières décennies nécessitent un besoin de stabilité financière, le besoin d'agir contre le changement de climat, le besoin d'assurer la sécurité contre le terrorisme et de lutter contre la pauvreté dans le monde. Dans les vingt prochaines années, il est possible que les gens qui produisent actuellement nos biens de consommation deviennent ceux qui consomment nos biens. Mais avant de passer à la prochaine étape, nous devons résoudre les problèmes de l'économie internationale et en faisant cela, nous pouvons nous assurer que le monde connaisse une prospérité plus durable pour le futur. L'objectif du G20 est de nous mettre d'accord sur des politiques coordonnées pour faire face à l'instabilité financière, et l'absence de croissance, de commerce et d'emplois qui frappent tous les continents. Si 2008 était l'année où la crise a été internationale, 2009 peut être l'année où la communauté internationale y a fait face ensemble.
Nous devons restructurer notre système bancaire et je crois que nous pouvons montrer que le monde peut se mettre d'accord sur des règles communes pour le futur. Nous devons nous occuper du problème des paradis fiscaux, nous devons nous occuper de la supervision internationale qui est nécessaire pour l'économie internationale, nous devons nous occuper de l'aide aux pays qui n'ont pas de moyens suffisants pour redresser eux-mêmes leur système bancaire, nous devons nous occuper de la rémunération des dirigeants...La deuxième mesure est faire en sorte que l'économie internationale puisse retrouver la croissance. Nous allons regarder ce que les différents pays ont déjà fait et nous allons discuter de ce que sera la prochaine étape. Nous voulons faciliter le commerce entre les pays, parce qu'actuellement, les crédits pour le commerce ne sont pas disponibles et le commerce mondial ralentit. Troisièmement, nous voulons aider les pays les plus pauvres. Nous sommes inquiets de la hausse de la pauvreté dans plusieurs pays. Quatrièmement, nous devons réformer les institutions financières internationales. Celles-ci ont été créées dans les années 1940 et il faut les adapter pour 2009.

Vous avez appelé de vos v?ux un «new deal global», mais il semble de plus en plus probable qu'il y ait peu de décisions concrètes le 2 avril. Les Européens et les Américains sont divisés sur un possible nouveau stimulus économique, et la réforme réglementaire se réduit pour l'instant à de grandes généralités. Pensez-vous que le 2 avril débouchera sur des décisions importantes ?

C'est un processus. Il y a eu le G20 de Washington en novembre, maintenant la réunion de Londres, il y a la réunion de Copenhague en décembre pour étudier l'environnement et le besoin d'une relance vers une économie à faibles émissions de carbone. Je ne serais pas aussi pessimiste que vous sur la capacité du monde à se rassembler. Les gens reconnaissent le besoin de travailler ensemble, ils comprennent que ce sont des problèmes internationaux qui nécessitent des solutions internationales. Je crois qu'il y aura un accord sur la reconstruction du système financier et bancaire, sur les mesures pour stimuler la croissance et le commerce, et je ne serais pas aussi négatif que vous sur ce que nous pouvons obtenir. Regardez les conclusions du G20 finance, ou celles du conseil européen de ce week-end. Elles disent que toutes les actions nécessaires seront prises. Cela signifie que les gouvernements ont compris qu'ils ont des responsabilités.

Concernant l'augmentation des ressources du FMI, pouvez-vous nous donner une idée concrète de ce qu'il se prépare. Quels sont les pays qui sont prêts à mettre de l'argent ?
Nous sommes dans un monde qui change et il n'est pas surprenant qu'une institution créée en 1945 doive être changée. Il y a un accord international pour que les pays qui ont grandi ces dernières années soient mieux représentés. Je crois que certains pays sont prêts à financer plus nos institutions internationales. Il y a un intérêt commun à faire cela.

Pendant dix ans, vous avez soutenu la régulation « light touch » de la City. Vous êtes vous trompé ? 
Regardez en arrière. Depuis la crise asiatique, la Grande-Bretagne a proposé des systèmes internationaux de coopération pour faire face aux problèmes internationaux. Nous avons proposé le Forum de Stabilité Financière, nous avons proposé des réformes du FMI et de la banque mondiale, et de la supervision internationale. Cela fait dix ans que nous proposons cela. Mais en ce qui concerne la City, nous avons beaucoup appris ces derniers temps. Nous avions essayé de proposer un système basé sur les risques. Quand une entreprise présentait un risque, nous avions une régulation dure. Quand elle était en bonne santé, nous n'avions pas besoin d'être aussi dur. Mais ce que nous avons appris pendant cette crise, est que les banques peuvent avoir des problèmes n'importe où dans le monde. Les effets de ce qu'il se passe dans une banque ont un effet sur une autre banque qui a un effet sur une autre banque. Les banques sont complètement liées les unes aux autres. Il faut que nous incluions cela dans notre système de régulation.

Accepteriez-vous de donner plus de pouvoirs de supervision à la Banque Centrale Européenne ?
Il y a le rapport de Larosière, et nous avons publié le rapport Turner (président de la FSA, le régulateur britannique, Ndlr). Ce que Larosière recommande est que nous ayons des règles communes à travers l'Europe. Nous sommes d'accord avec cela. Mais pour la supervision individuelle des banques, c'est aux autorités nationales à qui revient la supervision et je crois que cela doit rester comme cela.

Les marchés ont une forte attente du G20. Quel est l'accord minimum atteint le 2 avril qui permettra de les rassurer ?
ll faut que les journalistes écrivent que c'est un succès! Sérieusement, le vrai test est de montrer que nous pouvons travailler ensemble. L'objectif est que nous soyons capables de nous réunir et de prendre des décisions coordonnées sur l'avenir de notre système financier, la croissance de notre économie et que nous montrions que nous pouvons mettre à jour les institutions financières internationales. Nous allons montrer que le pouvoir de coopération est telle que vous pouvez vous attendre à un succès pour Copenhague, et que vous pouvez vous attendre à des progrès aux Nations Unis sur les objectifs du millénium... Nous allons prouver la valeur des pays qui travaillent ensemble. Etant donné que le G20 a plus de 80% de la richesse internationale, et que nous avons aussi inclus d'autres pays dans les discussions, les gens verront la coopération internationale qui fonctionne.

Le Canada a des institutions financières qui sont solides. Pensez-vous qu'il faille vous en inspirer ?
J'ai discuté avec le premier ministre canadien, Stephen Harper, ces derniers jours. La difficultés pour nous tous, que nous ayons ou non des banques en difficultés ou pas, est la nature internationale du commerce et des services financiers. Il faut que nous nous assurions que la nature internationale de notre régulation soit suffisante pour garantir un monde avec des flots internationaux de capitaux. Le monde a changé fondamentalement depuis vingt ans. Nous parlions de flots nationaux de capitaux, maintenant nous parlons de flots internationaux. Nous parlions de concurrence nationale, maintenant nous parlons de concurrence internationale. Nous devons répondre à cela. Il faut une supervision internationale, qui puisse protéger contre un effet de la contagion d'une mauvaise banque sur les bonnes banques.

Depuis le G20 de Washington, on entend beaucoup de déclarations contre le protectionnisme, mais cela ne se traduit pas vraiment dans les faits...
Nous avons un devoir de dire que le protectionnisme ne protège personne à long terme. C'est un chemin vers la ruine, parce que cela fait baisser le commerce mondial, les entreprises reçoivent alors moins de commandes, les emplois baissent et vous vous retrouvez avec un cycle de déclin. Au G20, nous serons attentif à avoir en place un mécanisme de surveillance pour s'occuper du protectionnisme quand cela se produit. Nous voulons aussi nous assurer que le commerce international puisse croître, mais actuellement, il est très difficile d'obtenir du crédit pour le commerce. Nous devons nous occuper de ce problème.

Angela Merkel, la chancelière allemande, souligne que la stabilité financière des Etats est importante et qu'il faudrait une charte sur la question. Cela sera-t-il dans le communiqué final du G20 ?

J'applaudis la proposition d'Angela Merkel pour une charte sur la durabilité économique et il y aura beaucoup de soutien pour cette proposition. Nous sommes tous conscients qu'il faut des comptes de l'Etat durables. Mais nous avons un problème. Quand les marchés ne marchent pas et que les banques échouent, c'est aux gouvernements, en tant que représentant des individus, de prendre l'action nécessaire pour faire avancer l'économie. Mais il faut que nous soyons clair que notre action soit durable sur le moyen terme. Il est donc une bonne chose que nous agissions pour donner un stimulus à nos économies, mais il faut aussi que nous montrions au public que nous atteindrons la durabilité sur le moyen terme.

On parle de coordination économique, mais celle-ci ne se voit pas sur le terrain. Les Etats-Unis viennent d'annoncer un plan pour les actifs toxiques des banques, mais cela s'est fait sans coordination...

Il y a eu plus de coordination que vous ne le dites. Chaque pays prend les actions les plus appropriées par rapport à son système bancaire: les Etats-Unis ont des centaines de banques, nous avons au contraire peu de banques, mais très grosses. Mais les principes de nos actions sont les mêmes. Nous essayons d'isoler les mauvais actifs, nous essayons de réparer le système financier et nous essayer de relancer les prêts des banques.

De quelle manière faut-il encadrer la rémunération des banquiers ?

Nous voulons un accord sur les principes qui définissent les rémunérations. L'objectif est que les risques soient pris en compte dans la rémunération, que les gens soient récompensés pour un dur travail, et non pas pour des excès.

Que se passera-t-il s'il n'y a pas d'accord au G20 ?
Je ne pense pas qu'un tel scénario se passera.

Sur le FMI, quels changements espérez-vous ?

Le FMI a été créé dans les années 1940. Mais il faut aujourd'hui une institution différente. Il faut que la coordination des supervisions soit organisée, il faut un système d'alerte avancée contre les crises, et il faut que la banque mondiale puisse s'occuper des problèmes d'environnement en plus du développement. Il faut donc des organisations de Bretton Woods très différentes.

Vous allez rencontrer le président brésilien Lula dans les jours qui viennent. Il espère des propositions concrètes pour aider le crédit au commerce. Avez-vous des propositions concrètes ?

Nous faisons des progrès sur ce point. Je veux parler au président Lula avant de faire des propositions publiques. Mais je crois que le sommet de Londres va pouvoir faire des propositions sur le sujet.

L'Afrique n'est-elle pas la grande oubliée du G20 ?

Nous sommes déterminés à inclure les pays africains dans le G20. Ce n'est pas le moment de réduire notre programme de développement. Il faut continuer la route vers les objectifs du millénaire. J'en parlais au président Obama il y a quelques minutes: nous avons une responsabilité vis-à-vis des gens qui ont été poussés vers la pauvreté à cause de cette crise et nous ferons ce que nous pourrons pour aider.

Sur le FMI, si tout le monde est d'accord pour dire que la Chine et l'Inde sont sous-représentées, qui est prêt à renoncer à ses droits de vote ? L'Europe parait sur-représentée...

Les négociations sur le sujet sont en cours depuis longtemps et des changements ont déjà été apportés il y a 18 mois. Mais il est clair que l'économie internationale doit être reflétée dans les institutions économiques internationales.

La crise actuelle est-elle un échec du système anglo-saxon ?

Nous sommes à un moment de profond changement. Nous sommes en train de créer pour la première fois une vraie société mondiale. Depuis deux décennies, il y a eu une croissance incroyable, et le monde est passé d'un à quatre milliards de personnes qui font partie de la société industrielle. Il y a une concurrence internationale, des flots de capitaux internationaux. Il faut des moyens pour que le monde puisse y faire face...De parler de ce sujet de façon statique, de tel contre tel système, me parait manquer le principal sujet, qui est que nous faisons face à de nouveaux problèmes. Que ce soit le monde anglo-saxon, asiatique ou européen, nous faisons face à des problèmes internationaux nouveaux qui nécessitent des solutions internationales.

La Turquie négocie actuellement une aide du FMI. Peut-elle espérer que le G20 permette au FMI de lui apporter de l'aide ?
Il faut que le FMI soit suffisamment financé. L'économie internationale fait plus de 60.000 milliards de dollars et il faut une institution internationale qui puisse être suffisamment financée.

Etes-vous inquiet des manifestations prévues pour la semaine prochaine ?
La vraie manifestation serait si nous ne travaillions pas ensemble. Même si les gens manifestent contre des sujets particuliers, la plupart des gens veulent une coordination internationale.
 

 

 


 

Commentaires 12
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bref, rien de concret. Le nabot de l' Elysée va voir ROUGE !

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Oui rien de concret. Brown cherchera le 2 avril comme son compère Obama à noyer le poisson. Son objectif principal étant de ne rien changer au modèle qui a fait la fortune de la city (économie virtuelle et paradis fiscal via trust et iles anglo-norma...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Malheureusement, la paire anglo-américaine a bien l?intention lors de la réunion du G20 du 2 Avril 2009 à Londres de « s?accrocher » à leurs privilèges : -système monétaire mondial basé sur le dollar. -Dette américaine (et anglaise) payée par le...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Un Gordon Brown assez décevant. Je m'attendais à davantage de substance, d'analyse, or à part des platitudes et des floppées de "il faut", il n'y a pas grand chose. Des grands principes mais rien de précis. On reste dans le vague. On sent bien qu'on...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Gordon Brown et les paradis fiscaux c'est CAYMAN la même chose !!!!!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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"le nabot de..."minable de parler ainsi

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Sarkozy s'étrangle quand ses potes (sic) prennent la parole. Celà étant la City n'a que ce qu'elle mérite : arrogance, coups tordus etc... Je suis fier que la France n'ait pas en plus à payer la facture des JO de 2012 !!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Elle tombe, elle tombe, Babylone la grande ! Elle est devenue une habitation de démons, un repaire de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau impur et odieux, [3] parce que toutes les nations ont bu du vin de la fureur de son impudicité, et que ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Tout d'abord: BRAVO a l'auteur de cet article! BEL INTERVIEW! Les questions sont bien elaborees et precises, les reponses soigneusement vagues et floues! Ah la Perfide Albion! Gordon Brown a le sourire! UK= European Toxique Asset. Saving the ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Woaw jeremie s'est pris pour un rastafari à parler de babylone! Rude boy va!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Attendre quelque chose surtout des anglais dans le domaine de la finance est pure illusion.Ces hypocrites savent bien trop ce qu'a rapporté la city de londres ,une des places les plus déreglementée de la planete,mais brassant des sommes vertigineuses...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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lA CRISE ACTUELLE EST CYSLIQUE..

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