Cette année, le rendez-vous des grands argentiers des pays les plus riches, qui vont se pencher sur la santé d'une l'économie mondiale chancelante, est encore plus attendu que d'ordinaire. Car les avis divergent sur le calendrier de la fin de la crise et sur la vigueur de la reprise. Le Fonds monétaire international (FMI), dans la mise à jour de ses prévision transmise aux ministres, se montre nettement plus optimiste qu'il ne l'était en avril. Il y a deux mois, l'organisation dirigée par Dominique Strauss-Kahn prévoyait pour 2010 une croissance mondiale de 1,9%, elle a revu sa copie et penche aujourd'hui pour 2,4%.

De son côté, la Banque mondiale a préféré souligner la gravité de la situation actuelle. Sans faire de pronostic chiffré pour 2010, elle a annoncé jeudi qu'elle prévoyait pour 2009 une récession mondiale plus grave que prévu en mars, avec un recul de 3% du produit intérieur brut (au lieu d'un recul 1,75% prévu il y a trois mois).

Reste que plusieurs statistiques récentes vont dans le sens de la reprise: hausse de la consommation en mai aux Etats-Unis, augmentation de la production industrielle et de la confiance des ménages au Japon et une accélération de l'activité en Chine. Aux Etats-Unis, 52 économistes interrogés par le Wall Street Journal croient également au retour de la croissance pour le troisième trimestre 2009.

La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, au cours d'un entretien dans les Echos ce vendredi, a constaté "de multiples petits signes qui laissent penser que la chute s'est arrêtée". Elle a pourtant rappelé qu'en Europe, "le redémarrage sera lent".

Pour sa part, Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et grand absent à Lecce, ne cache pas son scepticisme: "je ne partage pas l'optimisme, parfois un peu de commande, des gouvernements (...) parce que du point de vue du commerce international, je ne vois pas à l'heure actuelle de signe positif", a-t-il confié.

Egalement à l'ordre du jour de ce sommet, la réforme du système financier sera étudiée de très près d'autant que les Européens arrivent divisés concernant les "tests de résistance" des banques qui visent à savoir si elles sont suffisamment solides. Le débat porte sur l'opportunité d'en publier les résultats. Les Allemands sont contre, Christine Lagarde s'y est dite "personnellement favorable" tandis que le britannique Alistair Darling s'est montré impatient vis-à-vis de ses collègues européens. Pour lui,  l'assainissement des banques est essentiel pour que chaque pays, s'il a un problème, puisse le régler. "Si vous ne réglez pas ce problème vous ne redresserez jamais l'économie", a-t-il martelé.

Peu d'avancées en matière de régulation des banques, des compagnies d'assurances et des marchés, sont attendues à Lecce. En effet, les membres de l'Union européenne en ont discuté il y a peu à Luxembourg, une discussion qui n'a fait que constater le désaccord entre Londres et une grande majorité des Vingt-Sept qui sont en faveur d'une supervision paneuropéenne. Aux Etats-Unis, le président Obama ne va pas attendre et annoncera des mesures. dès la semaine prochaine.

Dernier sujet de discussion, les ministres vont faire le point sur la réforme des institutions financières internationales. Au centre de cette discussion, la décision prise au cours du G20 en avril dernier d'augmenter les ressources du FMI semble en bonne voie après l'annonce faite par la Chine, la Russie et le Brésil, d'acheter pour plusieurs dizaines de milliards de dollars d'obligations émises par le Fonds.