La Grèce au bord de l'activation de l'aide de l'Europe et du FMI

La Grèce a demandé l'ouverture officielle de discussions avec les autorités européennes et le Fonds monétaire international (FMI), franchissant un pas supplémentaire vers le déclenchement du mécanisme d'aide financière d'urgence élaboré ces dernières semaines. Le taux de l'obligation d'Etat grecque à 10 ans est remonté à 7,360% jeudi. Les ministres des finances européens se réunissent vendredi et samedi.

La Grèce a demandé l'ouverture officielle de discussions avec les autorités européennes et le Fonds monétaire international (FMI), franchissant un pas supplémentaire vers le déclenchement du mécanisme d'aide financière d'urgence élaboré ces dernières semaines. Le plan entériné dimanche par les ministres européens prévoit notamment que les 16 pays de la zone euro puissent accorder 30 milliards d'euros de prêts à la Grèce en 2010, à un taux favorable de 5%.

Les ministres des Finances de la zone euro et de l'Union européenne (UE), qui se réunissent ces vendredi et samedi à Madrid pour une réunion informelle semestrielle (Ecofin), devraient ainsi aborder le sujet. Le FMI a annoncé après la publication de la demande grecque qu'il envoyait lundi une mission à Athènes.

Un certain flou demeure pourtant sur les intentions grecques. Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a par exemple déclaré qu'il n'y avait aucune indication permettant de penser que la Grèce allait solliciter une aide financière. Nous entamons "des actions préparatoires" pour une "éventuelle activation" de l'aide de l'UE et du FMI, a indiqué vendredi le Premier ministre grec Georges Papandréou, lors d'un débat au Parlement sur l'économie.

Pénalisé par les suites de la crise grecque, l'euro poursuivait son recul ce vendredi face au dollar et au yen. Vers 8 heures (heure de Paris), l'euro valait 1,3527 dollar contre 1,3574 dollar jeudi à 23 heures ; l'euro baissait également face à la monnaie nippone à 125,36 yens contre 126,33 yens la veille.

Les marchés toujours inquiets

Les marchés restent de plus inquiets. Si la Grèce mardi, et le Portugal ce mercredi, ont pu émettre sans trop de difficultés des bons du Trésor, les rendements des obligations d'Etat grecques sont repartis à la hausse, s'installant jeudi au-dessus de 7,3%, le marché se rapprochant de ses records de la semaine passée, malgré les signes d'apaisement fournis entre temps par les pays de la zone euro.

Jeudi à 11 heures, le taux de l'obligation d'Etat grecque à 10 ans a ainsi atteint 7,360% contre 7,034% mercredi vers 18 heures et le "spread" (différentiel avec l'emprunt allemand à 10 ans, référence du marché) a atteint 424 points de base.

La faute à l'agence de notation Moody's qui a de nouveau menacé de dégrader la note de la Grèce dans les prochains mois. Vendredi, son homologue Fitch avait, elle, mis sa menace à exécution en abaissant de deux échelons, à BBB- contre BBB+, la note souveraine du pays tout en laissant entendre qu'elle pourrait encore la descendre.

Selon le quotidien allemand Handelsblatt, partenaire de La Tribune, les ministres des Finances de la zone euro n'auraient pas exclu qu'un volume total de crédit de 90 milliards d'euros soit nécessaire sur trois ans pour aider la Grèce, les 30 milliards d'euros de prêts annoncés n'étant alors qu'un premier pas.

La Grèce, à nouveau paralysée par une nouvelle série de grèves dans le pays, n'en poursuit pas moins ses efforts pour réduire son déficit public. Le Parlement a ainsi adopté mercredi à la majorité une loi de réforme fiscale. Cette réforme vise essentiellement à imposer davantage les gros revenus, la fortune foncière de l'Eglise de Grèce, à augmenter les impôts sur les sociétés off-shore et à supprimer les diverses exemptions fiscales dont bénéficiaient plusieurs catégories de contribuables.

Le Portugal également sous surveillance...

Outre la Grèce, le Portugal apparaît comme l'un des pays susceptibles d'avoir des problèmes à assurer le service de sa dette. La Commission européenne a ainsi rendu mercredi 14 avril un avis critique sur le plan d'austérité portugais. Si l'institution reconnaît que le programme de stabilité et de croissance portugais est ambitieux et assez concret pour la période 2011-2013, elle note qu'il présente des risques qui pourraient amener le Portugal à prendre de nouvelles mesures d'austérité.

Le Portugal prévoit un déficit de 9,3% du PIB pour 2009 et ambitionne de faire repasser d'ici 2013 ce chiffre sous la barre des 3% fixée par le pacte européen de stabilité et de croissance, comme demandé par la Commission européenne. Parmi les mesures déjà adoptées par Lisbonne, figurent un gel des salaires des fonctionnaires, une réduction de l'investissement publics et une modification de la fiscalité afin d'accroître les recettes.

De nouveaux mécanismes de surveillance au niveau européen

Pour éviter une nouvelle crise de l'ampleur de la crise grecque, les responsables européens ont appelé ces derniers temps à un renforcement de la surveillance budgétaire européenne. "La procédure de déficit excessif restera au coeur de la mise en oeuvre du pacte de stabilité mais nous devons aiguiser nos outils", a déclaré mercredi le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, ajoutant : "nous devons aussi approfondir notre surveillance pour s'intéresser aux déséquilibres macroéconomiques et aux écarts de compétitivité".

"Il s'avère nécessaire de mettre au point un mécanisme de résolution de crises, qui contiendrait un certain nombre de dissuasions", souligne le responsable européen. Pour cela, Olli Rehn compte présenter une communication sur ces sujets le 12 mai. Un premier échange de vue doit également avoir lieu dès ce vendredi et samedi.
 

 

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