Douze pays prônent une taxe sur les changes pour le développement

Cette taxe, dont le taux serait de 0,005%, s'appliquerait aux transactions interbancaires sur les opérations de change et serait collectée à un niveau international.

Douze pays ont plaidé mercredi pour la création d'une taxe sur les transactions de change qui permettrait de dégager entre 25 et 35 milliards de dollars par an pour financer le développement des pays pauvres.

Cette taxe, dont le taux serait de 0,005%, s'appliquerait aux transactions interbancaires sur les opérations de change et serait collectée à un niveau international.

"Sur 1.000 euros, la taxe que nous proposons, c'est cinq centimes d'euros. Ce n'est pas beaucoup, mais c'est suffisant pour déclencher le mouvement", a dit le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner.

Réunis à Paris, les 12 pays se "sont mis d'accord pour présenter une position commune le 21 septembre à New York", a-t-il annoncé lors d'une conférence de presse à Paris.

"Techniquement il n'y a plus beaucoup d'obstacles, juridiquement non plus, politiquement il faut de la volonté", a-t-il ajouté aux côtés de ses homologue venus de pays comme l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, le Brésil ou le Sénégal.

Pour Soraya Rodriguez, secrétaire d'Etat espagnole à la Coopération, "il y a un consensus assez fort sur l'impôt sur les transactions financières en devises internationales. Il y a encore des éléments techniques à revoir par rapport à ce choix".

Toutes les transactions de change seraient taxées, quelles que soient les devises. Cette taxe pourrait dégager entre 25 et 35 milliards de dollars par an.

"TAXE INDOLORE"

A l'inverse d'une taxation type "Tobin", censée faire cesser la volatilité sur les marchés de change et perçue d'un mauvais oeil par les acteurs financiers, la création de cette nouvelle taxe vise à relancer une aide au développement moribonde sans faire tousser les marchés.

"C'est complètement indolore", a assuré Bernard Kouchner.

Les experts souhaitent qu'elle abonde un Fonds mondial de solidarité, à l'image de l'Onusida.

L'idée de cette taxe sera présentée lors du sommet des Objectifs millénaires de l'Onu à New York. Approuvés en 2000, ces engagements doivent permettre de réduire de moitié l'extrême pauvreté à l'horizon 2015 et de faire reculer les grandes pandémies, la mortalité infantile et l'illettrisme.

"Il y a un déficit financier très important pour scolariser les enfants, les vacciner comme nous l'avions décidé en 2000. Je ne parle même pas de réduire le nombre des personnes affamées", a dit Soraya Rodriguez.

Avec cette nouvelle taxe, ces 12 pays, chargés par un groupe pilote plus large de 60 nations de travailler sur ce dossier, espèrent redonner un coup de fouet à une aide au développement passée au second plan avec la crise financière.

OPTION LA MOINS COMPLIQUÉE

Nombre de gouvernements peinent en effet à tenir leurs engagements et l'aide au développement est souvent la première sacrifiée dans la cure d'austérité.

La dernière initiative concrète remonte à 2006 avec la création d'une taxe sur les billets d'avion. Approuvée par 13 pays, cette mesure a permis de dégager jusqu'à présent 3 milliards de dollars, un chiffre loin d'être suffisant au regard des besoins de financement.

Au niveau mondial, les besoins sont estimés à 324 à 336 milliards de dollars par an de 2012 à 2017 - 156 milliards pour lutter contre le changement climatique dans les pays pauvres et jusqu'à 180 milliards pour l'aide publique au développement.

La contribution internationale sur les transactions de change a été jugée par neuf experts la moins compliquée, techniquement et juridiquement, des cinq options étudiées.

Les autres étaient une TVA sur les produits financiers, une taxe sur les activités financières, une taxation large des transactions financières et une taxe mono-devise sur les transactions de change.

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