Référendum en Turquie sur une révision controversée de la Constitution

La Turquie se prononce ce dimanche sur une révision constitutionnelle très controversée. Saluée par l'Union européenne, présentée par une avancée "vers plus de démocratie" par le Premier ministre, elle renforce aux yeux du camp laïc le pouvoir islamo-conservateur en place.

La Turquie se prononce ce dimanche, par référendum, sur une révision constitutionnelle controversée. 49,5 millions d'électeurs inscrits, sur une population de 73 millions, votent ainsi jusqu'à 16 heures (13 heures GMT), sous peine d'une amende de 22 livres (environ 12 euros), le vote étant obligatoire. Les sondages ont donné le "oui" et le "non" au coude à coude.

Saluée par l'Union européenne comme "un pas dans la bonne direction",  la réforme limite les prérogatives de la justice militaire. Mais elle renforce également le parti islamo-conservateur au pouvoir, l'AKP, en apportant des changements importants au sein deux instances judiciaires bastions de longue date de la laïcité : la Cour constitutionnelle et le Conseil supérieur de la magistrature (HSYK), en charge de la nomination des juges et des procureurs.

La réforme soumet également la dissolution des partis politiques au contrôle du Parlement, dominé par l'AKP du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

La révision constitutionnelle propose enfin de nouveaux droits pour les fonctionnaires et la protection de l'égalité des sexes, et ouvre la possibilité de juger les auteurs du coup d'Etat militaire de 1980.

L'AKP assure que cette réforme, qualifiée d'avancée "vers plus de démocratie" par le Premier ministre, constitue un atout dans la candidature de la Turquie à l'Union européenne, à laquelle s'opposent toujours l'Allemagne et la France.

Pour l'opposition laïque ou nationaliste, cette réforme signifie surtout l'entrée de proches de l'AKP au sein de la Cour constitutionnelle et du Conseil supérieur de la magistrature, qui permettra au parti de mieux contrôler le judiciaire avant les élections législatives de 2011.

Islamisation en catimini

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan soutient des réformes libérales, mais il est également accusé par le camp laïc de chercher à islamiser le pays. Son parti a en 2008  échappé de peu à la dissolution pour "activités anti-laïques". Certaines de ses réformes comme la suppression de l'interdiction du voile islamique dans les universités ont été bloquées par les tribunaux. 

Le référendum de ce dimanche est donc un test pour le parti du Premier ministre, qui a remporté très largement les élections générales de 2007 (46,6% des voix), mais qui s'est essoufflé depuis, notamment lors des élections municipales de 2009 (39% des voix).  Quant à l'opposition laïque, une victoire du "non" lui permettrait de trouver une dynamique à moins d'un an des législatives.

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