Première grève générale en Espagne contre la rigueur

Le mouvement lancé en juin par des syndicats en perte de crédibilité ne suscite pas l'enthousiasme des Espagnols.

C'est ce mercredi la septième grève générale de l'Espagne démocratique, la première de l'ère Zapatero. Pourtant, l'appel au débrayage, pour protester contre la réforme du Travail et la politique économique globale du Gouvernement socialiste de Zapatero, devrait être peu suivi.

Malgré la rareté de l'événement, il s'agit, pour la première fois, d'une grève « froide », selon les termes de Lorenzo Navarrete, président du Collège des Sociologues de Madrid. « C'est une grève stratégique, une grève qui vient d'en haut et pas d'en bas », explique-t-il. En effet, si la majorité des Espagnols estiment que les raisons existent pour convoquer la grève, seuls 18 % d'entre eux comptent y participer selon un sondage paru vendredi dans le quotidien Público. Outre le manque à gagner d'un jour chômé, nombreux sont ceux qui jugent le mouvement inutile. En effet, la réforme du Travail a déjà été votée au Parlement. « Chaque jour de grève suppose 1/22e du salaire mensuel plus la partie proportionnelle des bonus, plus les impôts. En ce qui me concerne, cela représente 100 euros, pour une grève qui ne va rien résoudre », rapporte Ofelia, qui travaille dans un média national. Le fait que le Gouvernement propose désormais aux syndicats de négocier a posteriori les règlements d'application de certains points de la loi semble bien dérisoire.

Critiques dans la rue

En outre, pour 17% des sondés, faire la grève alors que le pays traverse une grave crise économique suppose un certain manque d'éthique. Une critique à peine voilée à l'égard des deux syndicats majoritaires, CCOO et UGT, contre qui, dans la rue, les critiques pleuvent  : « les syndicats n'ont pas protesté contre la montée du chômage », « la grève arrive trop tard », affirment certains madrilènes.

L'incapacité des syndicats à trouver un accord sur la réforme du travail avec les représentants de la CEOE, le Medef espagnol, en deux ans de négociations, a en effet réduit à peau de chagrin leur crédibilité. Tant et si bien qu'en juin, pressé par les marchés, l'Union Européenne et le FMI, Zapatero a imposé unilatéralement sa propre réforme, qui réduit le coût et facilite les licenciements, celle-là même contre laquelle les syndicats ont convoqué la grève. La grève met fin à six ans de paix entre Gouvernement et syndicats qui espéraient ainsi redorer leur blason.

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