La méthode chinoise pour abattre le dragon de l'inflation

Pékin prend une série de mesures, notamment en termes de règles prudentielles pour les banques, afin de garder le contrôle de l'inflation, non seulement un problème économique mais aussi social. En outre, les autorités prennent des mesures pour ralentir le crédit, la spéculation immobilière et financière.

En matière d'économie, la Chine suit la méthode des petits pas selon une impeccable logique. Vendredi, la Banque centrale de Chine (BCC) a décidé de relever - de 50 points de base, à 18 %, un niveau jusque là inédit - le niveau des fonds propres que doivent détenir les banques du pays dans leurs coffres, et ce pour la cinquième fois cette année.

Le niveau des crédits bancaires, qui ont totalisé au mois d'octobre 587,7 milliards de yuans (64,9 milliards d'euros), rendant de plus en plus difficile de rester sous le seuil maximum de 7.500 milliards de yuans prévu (828 milliards d'euros). En effet, la fin de l'année est une période propice aux demandes de crédits. D'ores et déjà, le montant total des prêts est supérieur de 20% à celui de l'année dernière, qui avait battu un record en la matière, avec un bond de plus de 30%.

Pékin voit en effet son économie montrer des signes d'emballement, en particulier l'inflation. « Elle est davantage un problème pour le gouvernement que le chômage il y a un an, car elle affecte davantage d'individus », explique Bin Gao, stratégiste chez BoA-Merrill Lynch, ajoutant que « ce que nous a appris cette crise, c'est que le gouvernement chinois peut se montrer efficace pour les questions domestiques lorsqu'il pense que quelque chose doit être fait. »

La semaine dernière, le chiffre de l'inflation pour octobre est monté à son plus haut niveau depuis 2 ans, à 4,4% (en glissement annuel) après 3,6% en septembre. Une hausse inattendue qui éloigne définitivement la perspective de limiter à 3% pour 2010 la hausse générale des prix, comme se l'était fixé le gouvernement de la République populaire. Un dérapage dû en large part à la hausse des prix des matières premières, en particulier des denrées alimentaires.
« Le risque d'une flambée de l'inflation s'éloigne étant donné que le rythme de la croissance économique devrait ralentir, que la croissance du crédit a déjà commencé à décélérer significativement, et que les stocks de céréales dans les silos d'Etat atteignent des niveaux records », tempère Qu Hongbin, chef économiste chez HSBC.

En conséquence, la Banque centrale de Chine devrait, selon les experts, prochainement annoncer un, voire plusieurs, relèvement des taux directeurs au cours des deux prochains trimestres. Depuis le début de l'année, l'institution y a déjà procédé une fois.
« Pékin a l'expérience et dispose de nombreux outils pour combattre l'inflation », assure Qu Hongbin.

Par ailleurs, pour le cas spécifique de Hong Kong, les autorités de Pékin ont décidé d'augmenter la taxe sur le bénéfice des ventes de logements dans les six mois suivant leur acquisition pour la porter à 15%, pour freiner la spéculation toujours importante dans l'immobilier dans la région qui bénéficie d'une administration spécifique.

Cette dernière a d'ailleurs décidé de fixer l'acompte à verser pour l'achat d'un bien immobilier à partir d'un prix de 23 millions de dollars hong kong (1,5 million de dollars) à plus de 50% contre 40% auparavant. Il a également porté à 50% le dépôt minimum à verser pour le propriétaire d'un appartement non occupé. La spéculation immobilière a pour conséquence sociale d'exclure une large part de la nouvelle classe moyenne chinoise de l'accession à la propriété.

Pour plusieurs analystes, ces décisions sont prises pour contrer l'afflux de capitaux vers la région entraîné par la décision prise par la Réserve Fédérale américaine d'injecter 600 milliards de dollars dans l'économie en recourant à « la planche à billet ».

Enfin, Pékin compte lutter contre les délits d'initiés alors que ses places financières sont en plein développement. L'extension des marchés des capitaux via les marchés à terme est devenu en Chine « opaque et complexe », souligne le communiqué officiel, qui souligne que cette situation « rend le travail d'enquête et de sanctions très difficile ». Aussi, le système de contrôle de l'ensemble des autorités boursières devrait être considérablement renforcé.

 


 

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