Brésil : Dilma Rousseff s'attaque à l'inflation

La montée de l'inflation, qui a atteint près de 5,9 % en janvier en glissement annuel, inquiète sérieusement le gouvernement de Dilma Rousseff. Une série de mesures de réduction de dépenses publiques à hauteur de 22 milliards d'euros a été annoncée pour enrayer cette hausse des prix alimentée par une forte demande intérieure.
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Freiner l'inflation au plus vite : c'est l'ambition des coupes budgétaires, d'un montant de 50  milliards de reals (22 milliards d'euros), décidées par le gouvernement de Dilma Rousseff, à la tête du Brésil depuis le 1er janvier. La hausse de 0,83 % des prix en janvier, la plus élevée en six ans (soit 5,88 % sur douze mois) a en effet largement dépassé l'objectif officiel de 4,5 %.
Craignant le dérapage, le président de la Banque centrale, Alexandre Tombini, a expliqué à la nouvelle présidente que le phénomène était dû à une surchauffe de la demande intérieure, provoquée par la forte croissance (près de 8 % en 2010). Il s'opposait ainsi au ministre des Finances, Guido Mantega, pour qui l'inflation était alimentée par la hausse du prix des matières premières.
Tablant sur une croissance de 5 % cette année, Brasilia compte donc sur une forte hausse des recettes (7,8 % en termes réels, c'est-à-dire incorporant l'inflation), et décrète une baisse inédite de 2,7 % des dépenses par rapport à 2010. La ventilation des coupes n'a pas encore été détaillée, mais le gouvernement a déjà précisé qu'elles toucheraient tous les ministères, la Défense comptant, selon les rumeurs, parmi les plus touchés. L'embauche prévue de 40.000 fonctionnaires cette année a été suspendue, et les frais de représentation et de voyage des pouvoirs publics amputés de 50 %. Enfin, les remises d'impôts concédées à partir de 2009 pour lutter contre l'effet de la crise ?? la réduction de la taxe sur les produits industriels avait notamment permis la relance des secteurs de l'automobile et de l'électroménager ? sont abolies. Seuls les dépenses sociales et le programme d'investissement public seront épargnés.
Survalorisation
Le gouvernement espère ainsi réussir à tenir sa promesse d'un excédent budgétaire primaire de 3,1 % du produit intérieur brut (PIB). En 2010, il n'avait que péniblement atteint 2,8 %, et encore, grâce à la capitalisation de Petrobras, qui avait gonflé les recettes publiques. L'ampleur des coupes budgétaires pourrait toutefois ne pas suffire à la Banque centrale, qui devrait poursuivre sa politique monétaire restrictive. La récente remontée du taux de base (11,25 % aujourd'hui, le plus élevé au monde en termes réels) pourrait continuer, attirant encore plus de capitaux étrangers, ce qui contribuera à maintenir une devise forte, accrochée à la barre de 1,7 real pour un dollar. Cette survalorisation, qui déséquilibre le solde commercial, commence même à faire craindre un processus de désindustrialisation du Brésil.

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