France - Mexique : relation cassée

Le président français a proposé que Florence Cassez purge sa peine en France. Nicolas Sarkozy a aussi annoncé que l'Année du Mexique serait maintenue et qu'elle permettrait d'évoquer systématiquement le cas de la détenue française. Mexico décide du coup de refuser de participer à l'année du Mexique organisée en 2011 par la France.
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Les autorités mexicaines ont déclaré lundi soir qu'elles n'avaient aucune intention de transférer Florence Cassez en France et elles ont annoncé leur retrait de l'Année du Mexique organisée en France. Et elles ont annoncé dans la nuit de lundi à mardi qu'elles refusaient de participer à l'année du Mexique organisée en 2011 par la France.

Elles réagissent ainsi à la demande de Nicolas Sarkozy, qui a de nouveau réclamé lundi le rapatriement de cette Française de 36 ans condamnée à 60 ans de prison au Mexique pour complicité d'enlèvement et de séquestration. Le président français a proposé qu'elle purge sa peine en France. Nicolas Sarkozy a aussi annoncé que l'Année du Mexique serait maintenue et qu'elle permettrait d'évoquer systématiquement le cas de Florence Cassez.

Le gouvernement mexicain a donc décidé de se retirer de cet événement, en accusant la France de le détourner à des fins politiques. "Le procès de Florence Cassez a démontré sa culpabilité", a souligné le ministère mexicain des Affaires étrangères dans un communiqué, évoquant les victimes et les témoins appelés à la barre.

Nicolas Sarkozy a reçu lundi pour la dixième fois les parents de la jeune femme, dont le dernier recours a été rejeté la semaine dernière par la justice mexicaine, alors qu'elle a toujours clamé son innocence.

CONVENTION INTERNATIONALE

"Je suis prêt à parler avec les autorités mexicaines des conditions de ce transfèrement et des garanties qu'elles souhaiteraient recevoir en échange", a dit le président français. Il a rappelé que son homologue mexicain, Felipe Calderon, avait envisagé dans un courrier ce transfèrement, en application d'une convention internationale de Strasbourg, et précisé qu'il l'appellerait à ce sujet.

Le gouvernement mexicain a répliqué que cette convention n'obligeait nullement un Etat à accepter toute demande de transfert formulée par un autre Etat.

Nicolas Sarkozy a en revanche annoncé le maintien de l'Année du Mexique en France, qui a commencé le 3 février.

La famille, les amis, l'avocat de Florence Cassez, Frank Berton, et des dirigeants français demandaient l'annulation de ces quelque 200 événements culturels, historiques ou économiques qui doivent ponctuer l'année à Paris et en province.

Le président français a dit que supprimer ces manifestations constituerait une "offense au peuple mexicain" et serait contraire aux intérêts de Florence Cassez. Il a précisé avoir pris sa décision en accord avec la jeune femme, avec qui il venait de parler au téléphone et à qui il a déclaré vouloir dédier cette Année du Mexique.

"Je demande (...) que chaque officiel qui aura l'occasion de prendre la parole au cours de ces manifestations commence par parler de Florence Cassez, de sa situation, afin qu'on ne l'oublie pas", a ajouté le chef de l'Etat, qui a dit vouloir prendre lui-même la parole à l'occasion de l'une d'elles.

OTAGES

Arrivée au Mexique en août 2003 pour des vacances, Florence Cassez avait décidé de s'installer à Mexico où elle a fait la connaissance d'Israel Vallarta, présenté par la police mexicaine comme le chef d'un gang de kidnappeurs. Elle en était devenue la compagne mais assure avoir tout ignoré de ses activités.

La police a reconnu que son arrestation avait été mise en scène pour la télévision et qu'elle n'avait pas eu le lieu le 9 décembre 2005, comme annoncé initialement, mais la veille.

Lors de son arrestation, trois otages, dont une fillette, ont été retrouvés dans le ranch où elle se trouvait.

Me Berton, qui a assisté à l'entretien à l'Elysée, a confirmé qu'il allait porter plainte d'ici une quinzaine de jours auprès du procureur de la République de Paris contre le ministre mexicain de la Sécurité publique, Genaro Garcia Luna.

L'avocat a précisé que cette plainte pour faux et usage de faux en écriture publique et fabrication de preuves viserait aussi Luis Cardenas Palomino, ancien bras droit de Garcia Luna à la tête de l'Agence fédérale d'investigation mexicaine. Genaro Garcia Luna était responsable de la police mexicaine lors de l'arrestation de Florence Cassez.

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