Le Premier ministre socialiste de la Grèce lève la voix contre le FMI

En révélant le montant du nouveau programme de privatisations de l'Etat grec, le FMI a soulevé de nombreuses critiques à Athènes. Mais c'est le prix à payer pour faire face à une hausse du poids de sa dette souveraine qui devrait représenter plus de 150% du PIB cette année.

Le Premier ministre grec, George Papandreou, n'a pas du tout apprécié que des experts de la troïka - Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI), annoncent la semaine dernière un programme de privatisations des entreprises publiques grecques qui s'étalera d'ici 2015 et devrait rapporter 50 milliards d'euros. Ces derniers effectuaient leur troisième mission de contrôle du déroulement des contreparties du plan d'aide de 110 milliards d'euros, consenti par les trois institutions, pour donner le feu vert à l'octroi d'une nouvelle tranche.

Mardi, selon la presse d'Athènes, le Premier ministre a tenu à rappeler que "la Grèce ne vend pas sa terre" tout en précisant qu'en matière de foncier, il s'agissait "d'exploitation du patrimoine public" et qu'il ne fallait pas "confondre exploitation et vente". Et pour marquer sa volonté politique, George Papandreou a assuré que toute cession d'une part du foncier public devra faire au préalable l'objet d'un vote positif du Parlement. Le parti socialiste (Pasok), sa formation, y détient la majorité des sièges.

"Il est clair qu'il y a un moment où un pays se cabre contre les contraintes imposées par les créanciers, où le politique prend le dessus sur la finance. La Grèce paiera ce qu'elle acceptera politiquement de payer, et non ce qu'elle devra financièrement", indique Maurice de Boisséson, chez Octo Finances.

Toutefois, le ministre des Finances grec, George Papanconstantinou a entériné l'annonce de la troïka. Mardi, dans le sillage des annonces du Premier ministre, il rappelait qu'il n'y aurait pas de cession de foncier public, citan notamment l'exemple de l'ancien aéroport, près d'Athènes, pour lequel il était recherché un investisseur pour une concession de 30 à 50 ans.

Mais le choc est rude pour une opinion grecque qui vit depuis plusieurs mois sous un régime d'austérité économique, et à qui en novembre le gouvernement avait annoncé un programme de privatisation de 7 milliards d'euros. Car la marge de man?uvre est de plus en plus étroite pour enrayer la spirale dépressive dans laquelle l'a entraîné le dérapage des dépenses publiques ces dernières années.
Le redressement de la situation économique est en train de devenir de plus en plus difficile, en particulier pour ramener le déficit public sous la barre des 3% du PIB en 2014. En 2010, le gouvernement grec n'a pas réussi à atteindre les objectifs qu'il s'était fixé. Selon les chiffres de l'Office européen des statistiques (Eurostat), l'activité s'est contractée de 1,4% au quatrième trimestre par rapport au troisième. Sur un an, le recul atteint 6,6%. Selon les calculs de l'agence Bloomberg, le PIB grec s'est contracté de 4,5% par rapport à 2009, alors que le gouvernement visait - 4,2%. Et il devrait encore se contracter de 3% en 2011, selon les prévisions de la Banque centrale grecque.
La détérioration du climat social devrait également peser. En novembre, le taux du chômage était officiellement de 13,9%. La Banque centrale de Grèce dans son rapport annuel publié mardi prévoit la poursuite de la récession en 2011. Elle indique que les revenus des Grecs ont baissé en moyenne de 9% l'année dernière et l'inflation a augmenté de 4,7%.
Seuls points positifs, souligne la banque centrale, la dévaluation interne a rendu plus compétitif le coût du travail, qui a baissé de 3% en 2010, une tendance qui devrait s'accentuer de 2% cette année. Dans le même ordre, George Papaconstantinou s'est félicité de la reprise des exportations qui ont bondi mensuellement entre 20% et 40% durant le dernier trimestre 2010. Sur l'ensemble de l'année, elles progressent de 8% par rapport à 2009.

En revanche, le fardeau de la dette souveraine va continuer à peser de plus en plus. Il devrait représenter cette année plus de 150 % du PIB. D'où les interrogations dans la communauté financière quant à la capacité de la république hellénique à honorer ses échéances. « La Grèce ne remboursera pas sa dette, tout le monde en est désormais convaincu. La seule question est de savoir si elle restera dans la zone euro. Pour qu'elle y reste, il faut que les Grecs acceptent la déflation des prix et des salaires qui leur rendront leur compétitivité, et que d'autre part la BCE accepte de financer massivement et très longtemps les banques grecques puisque l'Etat grec n'en a plus les moyens. Ce sont deux conditions très difficiles à satisfaire. Sortir de l'euro serait plus confortable », assure Maurice de Boisséson.
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