Tension en Arabie saoudite avant la prière du vendredi. La police saoudienne a tiré des coups de semonce pour disperser des manifestants dans l'est du pays, jeudi. Ces tirs ont fait trois blessés à la veille de la journée hebdomadaire de prière pour laquelle des appels à la contestation ont été lancés sur internet.

Des manifestations sont prévues dans plusieurs autres Etats du Golfe dont le Yémen, Koweït et Bahreïn. Les rassemblements à l'occasion de la prière du vendredi se sont révélés très importants dans la mobilisation populaire qui a conduit à la chute des régimes tunisien et égyptien.

Jeudi, des coups de feu ont été entendus près d'un rassemblement d'environ 200 chiites dans la ville de Katif dans la province orientale saoudienne qui abrite les plus vastes champs pétrolifères du monde.

Cette répression traduit la ferme volonté du gouvernement saoudien d'éviter une contagion contestatrice et d'interdire les manifestations pour lesquelles une mobilisation s'organise sur internet.

"Il y a eu des coups de feu. Cela était sporadique", a déclaré un témoin, précisant que les détonations d'armes à feu se mêlaient à celles de grenades assourdissantes. Un porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur a affirmé que la police avait procédé à cinq tirs de semonce au-dessus de la foule après l'agression d'un policier qui surveillait le rassemblement.

Deux manifestants, hospitalisés pour des blessures l'un à la main et l'autre à la jambe, et le policier ont été blessés, a-t-il ajouté. "Nous avons ouvert une enquête. Nous allons déterminer quel type d'arme et de balles ont été utilisées", a-t-il encore dit. "Certaines personnes dans la foule ont tiré à balles réelles. Je ne sais pas d'où elles ont fait feu, ni comment".

Avertissement

Le gouvernement américain a dit être au courant de manifestations qui ont été dispersées en Arabie saoudite et a répété son soutien à des rassemblements pacifiques.

"Ils ne visaient pas les gens directement", a reconnu un militant chiite du non de Hussein. "Ils ne semblaient pas vouloir tuer. Nous pensons qu'il s'agit d'un message non pour Katif mais pour tous les Saoudiens demain (vendredi)".

Ces heurts interviennent alors que de petits groupes d'opposants chiites, qui ont manifesté ces derniers jours dans l'est du pays, ont appelé à de nouveaux rassemblements pour la journée de vendredi.

Quelque 30.000 personnes ont répondu favorablement à l'appel à manifester dans le royaume lancé sur le réseau social Facebook. Mais il ne semble pas certain que les internautes frondeurs décident effectivement de descendre dans la rue vendredi.

Le prince Saoud al Faisal, ministre saoudien des Affaires étrangères et neveu du roi Abdallah, a rappelé mercredi que les autorités religieuses avaient interdit les manifestations de protestation, ajoutant que des changements ne pourraient intervenir dans le royaume que par le dialogue.

Premier exportateur mondial de pétrole, l'Arabie saoudite a récemment débloqué 37 milliards de dollars pour financer des mesures en matière de logements, d'emplois et d'éducation afin de contrer tout début de contestation.