Pékin et Moscou jouent sur leur monnaie pour lutter contre l'inflation

Le yuan a clôturé ce vendredi sous le seuil psychologique de 6,50 pour un dollar, une première qui renforce les anticipations d'une poursuite par Pékin de la politique d'appréciation de sa devise, destinée à contrer l'inflation. Confrontée à une situation pire encore, la Banque de Russie a annoncé ce même vendredi un relèvement de son taux de refinancement qui atteindra mardi 8,25%.
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Est-ce un effet de l'accès de faiblesse généralisé du dollar, qui entraîne jour après jour son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis vers son plancher historique ? Toujours est-il que même le yuan chinois, pourtant très contrôlé par les autorités monétaires de Pékin, n'échappe pas au mouvement. Vendredi matin, dans les échanges asiatiques, le yuan a effectué la première incursion de son histoire sous le seuil de 6,50 pour un dollar, enfonçant ainsi un seuil psychologique important à défaut d'être un seuil chartiste.

Depuis l'abandon du lien fixe (peg) qui l'unissait au dollar en juillet 2010, la monnaie chinoise s'est revalorisée de 5% vis-à-vis du billet vert. Le mouvement est certes très graduel, d'autant que la sous-évaluation du yuan est évaluée à 40%, il n'en est pas moins tangible, alors que dans les mois qui avaient suivi la rupture du "peg", la Banque populaire de Chine avait prévenu toute appréciation de sa monnaie, engrangeant des tombereaux de dollars pour empêcher sa hausse, qui ont gonflé ses réserves à plus de 3000 milliards de dollars.

Depuis le début de cette année, confrontées à une inflation de plus en plus préoccupante (elle s'est élevée à 5,4% en glissement annuel en mars), les autorités monétaires ont laissé le yuan se renforcer de 1,5% par rapport au dollar. Tout laisse à penser que, sans l'admettre, Pékin a fini par se décider à utiliser la politique de change comme arme de lutte contre l'inflation. Le mouvement d'appréciation du yuan devrait donc se poursuivre, sans doute au même rythme, au cours des mois qui viennent.

Confrontée à une situation pire encore, la Banque de Russie a annoncé ce même vendredi un relèvement de son taux directeur qui prendra effet mardi. Rehaussé d'un quart de point, le taux de refinancement atteint désormais 8,25%. Une décision qui a été prise "en raison de la persistance d'une inflation élevée, dépassant les prévisions pour cette année", indique l'institution. C'est la deuxième fois que la Banque Rossii remonte son taux directeur cette année, après avoir procédé à quatorze assouplissements monétaires depuis le printemps 2008, époque à laquelle son taux directeur s?élevait encore à 13%.

Le premier tour de vis du nouveau cycle en cours remonte au 25 février. La Russie a vu l'inflation s'accélérer particulièrement depuis l'été dernier. En 2010, l?indice des prix s'est établi à 8,8% sur un an, un niveau supérieur aux prévisions du gouvernement qui tablait sur une hausse des prix à la consommation de 8,5% et surtout à son objectif compris en 6% et 7%. La hausse de l?indice des prix a culminé en 9,6% en janvier, avant de redescendre très modestement à 9,5% en février et mars. Le durcissement monétaire joint à une forte appréciation du rouble qui en est la rançon ? il a gagné 12% de sa valeur par rapport au dollar depuis le début de l?année -, commencent à jouer leur rôle de rempart contre l?inflation importée.

 

Commentaire 1
à écrit le 29/04/2011 à 17:13
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Et oui ! voila les conséquences des décisions de la FED ! Félicitation M. Bernanke

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