Le paquet d'aides au Portugal scellé dans un contexte de fortes tensions politiques

Vu de Bruxelles, les tensions politiques au Portugal liées au plan de sauvetage de 78 milliards proposé par l'Union européenne et le FMI inquiètent. L'UE voudrait éviter que la campagne électorale portugaise se joue sur les contreparties économiques exigées par le plan.
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José Socrates avait choisi la mi-temps du match Lisbonne-Madrid pour annoncer mardi soir les grandes lignes de l'accord entre le Portugal et ses bailleurs de fonds. "Il était sûr d'avoir le maximum d'audience tout en évitant que le débat s'éternise", commentait hier une source européenne. Et d'ajouter : "cela souligne bien le contexte très politique dans lequel se déroule cette négociation".

Dans la perspective des élections générales du 5 juin, le Premier ministre portugais a tenté d'engranger le maximum de bénéfices de l'accord qui doit être confirmé jeudi. Son ministre des finances Fernando Teixeira dos Santos, qualifié de "cadavre politique" par une source européenne, a la tâche délicate d'en présenter les détails jeudi, avant la "troïka" composée d'experts de la Commission européenne, de la Banque centrale et du FMI. Mercredi soir, une source de la zone euro citée par Reuters parlait d'un total de 75 à 90 milliards d'euros, une fourchette relativement large qui s'explique par la situation dégradée du secteur bancaire.

Mercredi, la Commission européenne répugnait encore à fournir des détails du plan. "Le mandat de l'Eurogroupe et du Conseil Ecofin", les deux instances réunissant respectivement les ministres des finances de la zone euro et des Vingt-Sept, est très clair : l'important n'est pas seulement le contenu du programme mais aussi un accord qui trouve un appui politique le plus large possible auprès des partis", indiquait mercredi une source européenne. "Il est essentiel que ce programme soit appliqué après les élections dans son entièreté quelque soit le résultat de ces élections", a précisé la porte parole de la Commission, Amelia Torres. Mercredi, la troïka a rencontré successivement le PSD, parti de centre droit, principal opposant du parti socialiste du Premier ministre démissionnaire, et les démocrates-chrétiens du CDS.

La difficulté d'obtenir un consensus politique au Portugal sur le plan d'aides inquiète Bruxelles

Par rapport au quatrième plan de rigueur, qui a été à l'origine de la chute du gouvernement Socrates, l'accord scellé cette semaine prévoit une révision de l'ajustement budgétaire. L'objectif de réduction du déficit à 3% du PIB a été repoussé à 2013 au lieu de 2012. Il faut dire que le déficit de 2010 avait entre temps était révisé à la hausse par Eurostat à 9,1% au lieu des 7,3% prévus par le gouvernement Socrates. Le parti socialiste assure par ailleurs avoir évité la privatisation du système de santé ainsi que celle de CGD, la grande banque publique du pays, qui était pourtant une demande du PSD. "Conserver une banque publique de référence est un élément très important pour garantir la confiance des portugais dans leur propre système bancaire", a déclaré mercredi à La Tribune l'"eurodéputé" socialiste portugaise Elisa Ferreira.

Quant à la réforme du marché du travail, une demande forte de Bruxelles, elle devrait également faire débat pendant la campagne. "Le discours dominant à Bruxelles qui consiste à dire qu'en baissant les salaires et en augmentant la flexibilité, on regagne de la compétitivité n'est pas plus applicable à Lisbonne qu'ailleurs", explique la parlementaire. "Aujourd'hui l'émigration est alimentée par les gens qui sortent de l'université, alors que dans le passé c'était les personnes sans qualification qui partaient", ajoute-t-elle. Ces départs n'aideront pas le Portugal à se remettre sur pied, selon elle.

Commentaire 1
à écrit le 08/05/2011 à 18:06
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...pas seulement les jeunes qui sortent de l ´univerité qui sont poussez á chercher hors de leur pays,même les moins qualifiés ( comme moi...),n ´ont pas vraiment d ´autre chois que de choisir entre l ´esperance d´une récupération économique ( dont j...

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