Comment Moscou compte s'emparer des joyaux de l'industrie biélorusse

Le ministre des Finances russe Alexeï Koudrine a assuré la semaine dernière que Minsk s'engageait à privatiser pour 7,5 milliards de dollars d'actifs avant la fin 2013 en échange d'un prêt de 3 milliards de dollars octroyé en grande partie par Moscou.
Le premier mistre russe Poutine et son homologue biélorusse Myasnikovich à Moscou en janvier 201. Copyright Reuters

La Russie va accorder un crédit de 3 milliards  de dollars au Bélarus, qui sera versé en plusieurs tranches dont la première d'un montant de 800 millions de dollars parviendra à Minsk début juin. La Banque Centrale du Belarus a procédé à une dévaluation de plus de 50% du rouble biélorusse. C'est la deuxième dévaluation en à peine un mois, la première avait déjà fait glisser la devise d'un tiers par rapport au dollar. Le déficit extérieur a atteint 16% du PIB en 2010 et a plus que doublé durant le 1er trimestre 2011 en glissement annuel.
La population se débarrasse de ses roubles en achetant des biens comme des réfrigérateurs ou des manteaux de fourrure. Les consommateurs se plaignent d'une flambée générale des prix et de magasins aux rayons vides.

Les experts estiment que pour sortir de la crise la plus sévère depuis la fin de l'URSS, le Belarus doit commencer à  ajuster le fonctionnement de l'Etat à ses possibilités réelles. C'est-à-dire à réduire drastiquement les dépenses publiques, limiter les prêts ineffectifs, en premier lieu dans la construction de logement et le secteur agricole. Près de 80% de l'économie du pays reste dépendante de l'Etat, et se trouve largement imbriquée avec l'économie russe. En outre, Moscou subventionne à hauteur de 4 milliards de dollars par an son petit voisin par le biais de livraisons de pétrole à prix bradés. Un pétrole raffiné sur place puis réexporté aux tarifs du marché.

Moscou lorgne les gazoducs de Beltransgaz

"Sans une aide rapide, l'économie biélorusse est sérieusement menacée", explique Alexeï Portanski, chercheur à l'Ecole des Hautes Etudes Economiques de Moscou. "Il est clair que l'Occident ne va pas se précipiter pour venir à la rescousse du pays après récente la vague de répression menée contre l'opposition. Le Belarus va donc devoir accepter nos conditions et appliquer sérieusement un programme de privatisations. Il est probable que Beltransgaz nous revienne", affirme l'expert russe.

Moscou a laissé trois mois à Minsk pour fournir une liste d'actifs destinés à être privatisés dans les trois prochaines années, pour une valeur de 2,5 milliards de dollars par an. Alexeï Koudrine n'a pas caché que les entreprises russes participeront à un tel programme. L'actif qui intéresse Moscou en premier lieu est le réseau de gazoducs Beltransgaz, dont Gazprom a déjà acquis 50% du capital l'année dernière. Beltransgaz achemine 20% du gaz russe livré à l'Europe et représente à ce titre un intérêt stratégique pour le monopole d'Etat russe. Les autres actifs les plus convoités sont les raffineries de pétrole, alimentées essentiellement avec du brut russe destiné à l'Europe.

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