Le Portugal doit jouer au bon élève

Les créanciers du Portugal examine la mise en oeuvre des mesures d'austérité du gouvernement.
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Les créanciers du Portugal ont commencé jeudi à examiner la mise en oeuvre des mesures d'austerité du gouvernement de centre droit qui, dans le collimateur des agences de notation, s'efforce de faire bonne figure et multiplie les efforts pour redresser les comptes publics.

La "troïka" des créanciers --Banque centrale européenne (BCE), Union européenne (UE) et Fonds monétaire international (FMI)-- a entamé jeudi une mission de deux semaines pour déterminer si le Portugal respecte les objectifs qu'ils lui ont fixé en échange d'une aide de 78 milliards d'euros.

"Cette inspection est un préalable au déblocage de la deuxième tranche d'aide", a dit à l'AFP un représentant de la Commission européenne à Lisbonne.

Le début de la mission a coïncidé avec une annonce vertueuse du ministre des Finances, Vitor Gaspar, qui s'est engagé à réduire de 10% les dépenses de l'Etat en leur fixant un plafond de 36,2 milliards d'euros.

En fait, cet engagement ne permettra en 2012 qu'une réduction réelle de 5% "en raison des charges liées à la hausse importante des taux d'intérêt de la dette publique", a-t-il précisé.

Mais les efforts du gouvernement de centre droit sont pris en compte par l'agence de notation Fitch qui a annoncé vouloir lui donner plus de temps pour juger ses performances et ne réévaluer qu'à la fin de l'année la note de la dette à long terme du pays.

Fitch a précisé dans un communiqué qu'elle se concentrerait "sur les perspectives de rétablissement de l'économie et les efforts pour redresser les finances publiques".

Ainsi, le Portugal est désormais sous une double menace. Si ses créanciers jugent ses efforts insuffisants, la deuxième tranche d'aide restera dans leurs tiroirs et Fitch abaissera vraisemblablement la note du pays.

En avril, l'agance l'avait fait passer à "BBB", dernier palier avant la catégorie des investissements à risque là où l'une des rivales de Fitch, Moody's, l'a déjà relégué début juillet.

La décision de Moody's avait provoqué la colère du gouvernement, choqué que ses efforts pour redresser la barre soient restés sans effet.

Issu de législatives anticipées qui en juin ont écarté les socialistes du pouvoir, le gouvernement de centre droit du Premier ministre, Pedro Passos Coelho, s'est engagé à promouvoir des mesures d'austerité encore plus rigoureuses que celles que ses créanciers réclament, promettant notamment de ramener le déficit public de 9,1% du PIB l'an dernier à 3% en 2013.

Dans l'espoir de rendre plus compétitif le marché du travail, il a prévu de ramener les indemnités de licenciement de 30 à 20 jours de salaire par année travaillée, prévoyant même de les réduire à terme à seulement 10 jours.

Un nouvel impôt équivalent à 50% du 14e mois des revenus supérieurs au salaire minimum a également été annoncé. Le gouvernement en attend en 2012 des recettes supplémentaires d'environ un milliard d'euros, soit 0,6% du PIB.

Ajoutées à des prochaines hausses dans les transports publics, ces mesures risquent de provoquer un fort mécontentement même si jusqu'à présent la rigueur au Portugal n'a pas eu le même effet qu'en Grèce où elle a entraîné de violentes manifestations.

Pour écarter ce risque, M. Passos Coelho a appelé les partenaires sociaux à un "accord" de trois ans sur les réformes qu'il compte appliquer. "Sans paix sociale il n'y a pas de reformes durables", a-t-il dit lors d'une réunion de concertation avec les syndicats et le patronat.

Mais l'économie portugaise, selon des prévisions officielles, devrait se contracter de 2,3% en 2011 et de 1,7% en 2012 et le chômage atteindre 12,5% en 2011 et 13,2% en 2012.

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