Après le sauvetage de la Grèce, celui de Chypre ?

Chypre pourrait avoir bientôt besoin de faire appel à une aide internationale et devenir le quatrième pays de la zone euro, après la Grèce, l'Irlande et le Portugal, à demander un plan de sauvetage si le pays ne prend pas des mesures d'urgence pour assainir ses finances, selon Bank of Cyprus, première banque du pays.
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Un sauvetage de l'économie chypriote, qui représente seulement environ 0,2% de l'économie de la zone euro et dont les besoins de financement ne devraient s'élever qu'à quelques milliards d'euros cette année, ne devrait pas plomber les ressources financières européennes. Mais un tel scénario enverrait un très mauvais message, reflétant la propagation de la crise budgétaire de pays à pays. "Si nous n'agissons pas, nous mettons en danger la capacité de l'Etat à se refinancer et les conséquences seront immédiates et sérieuses", a déclaré ce lundi Bank of Cyprus dans un communiqué.

"Chypre est menacée de façon imminente de rejoindre le mécanisme de soutien de l'Union européenne, quels que soient les revers que cela entraîne."

Le ministère des Finances, dans un communiqué, a assuré que Chypre n'avait pas de besoins de financement importants d'ici la mi-décembre. Il a ajouté que les autorités du pays examinaient les options pour lever des fonds supplémentaires à la fois sur un plan national et à l'international après cela.

Depuis le début de la crise budgétaire au sein de la zone euro l'an dernier, l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) ont accordé au total 382 milliards d'euros d'aide à la Grèce, à l'Irlande et au Portugal.

Les trois principales agences de notation ont abaissé la note souveraine chypriote ces derniers mois, notamment en raison d'une exposition des banques locales à la dette grecque, évaluée à cinq milliards d'euros, et des liens commerciaux étroits qui unissent les deux pays. L'agence de notation Standard & Poor's a ainsi de nouveau abaissé vendredi la note de la dette souveraine de Chypre à BBB+ contre A- auparavant, avec perspective négative, invoquant l'incapacité du gouvernement à réduire les dépenses publiques.

De son côté, Fitch surveille étroitement l'évolution de la situation budgétaire de Chypre et pourrait abaisser sa note souveraine dans les jours ou semaines à venir. "Comme nous l'avons expliqué dans les derniers rapports, nous serions favorables à une consolidation budgétaire bien plus importante", a précisé ce lundi à Reuters Chris Pryce, de Fitch's Sovereign Group. "Nous avons abaissé la note souveraine de Chypre de trois crans, de AA- à A- fin mai, et il est possible, selon ce qui se passe dans les jours et semaines à venir, que nous l'abaissions de nouveau."

Crise énergétique

Or, le déficit public de Chypre s'est fortement étendu au cours du premier semestre de l'année, le gouvernement faisant face à une situation de plus en plus difficile en raison de la crise énergétique.

Selon les données officielles publiées lundi, le déficit budgétaire s'est aggravé à 3,47% du PIB au premier semestre, contre 1,87% il y a un an. Les autorités avaient déclaré souhaiter atteindre sur l'année 2011 un déficit de 4% du PIB au maximum, après 5,3% en 2010. Mais ces prévisions avaient été établies avant que l'explosion d'un dépôt de munitions ne détruise le 11 juillet la plus grande centrale électrique de l'île, faisant perdre à Chypre 53% de sa capacité électrique.

Se voulant rassurant, le porte-parole du gouvernement Stefanos Stefanou avait déjà déclaré la semaine dernière que l'île avait déjà garanti ses besoins de financement jusqu'à la fin de l'année, à un taux moins élevé que les rendements du marché secondaire, et avait soutenu qu'un plan de sauvetage n'était pas inévitable.

Les analystes estiment toutefois que Chypre n'est pas en mesure de continuer à se financer à long terme aux taux actuels du marché. Sur le marché des dérivés de crédit, les CDS chypriotes ont atteint un record à 707 points de base, soit le triple du niveau observé en janvier, selon Markit.

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