Les Etats-Unis perdent leur triple A

Standard & Poor's a tenu parole : l'agence de notation a retiré vendredi soir la note triple A sur la dette à long terme des Etats-Unis. C'est une première !
Copyright Reuters

L'agence d'évaluation financière Standard and Poor's a abaissé vendredi la note attribuée à la dette publique des Etats-Unis, privés de leur "AAA" pour la première fois de leur histoire, citant les "risques politiques" face aux enjeux du déficit budgétaire.

S&P a annoncé dans un communiqué avoir abaissé d'un cran cette note, la meilleure possible, pour la porter à "AA+". Elle a par ailleurs abaissé la perspective à "négative", ce qui signifie que Standard and Poor's pense que la prochaine fois que cette note changera, ce sera pour être abaissée de nouveau.

Elle a justifié sa décision par "des risques politiques" de voir le pays prendre des mesures insuffisantes contre son déficit budgétaire. Pour elle, le débat politique sur ces questions n'est pas à la hauteur des problèmes causés par une dette publique de plus de 14.500 milliards de dollars.

"Le plan de rééquilibrage du budget sur lequel le Congrès et l'exécutif se sont récemment mis d'accord est insuffisant par rapport à ce qui, de notre point de vue, serait nécessaire pour stabiliser la dynamique à moyen terme de la dette publique", a expliqué l'agence, invoquant la loi dite de "contrôle du budget" votée mardi.

Les Etats-Unis étaient notés "AAA" par Standard and Poor's depuis la création de cette agence en 1941. Ils le restent chez les deux autres grandes agences, la doyenne Moody's (depuis 1917) et Fitch Ratings.

Le gouvernement américain a accusé S&P de fonder sa décision sur des erreurs graves de calculs. "Une appréciation entachée d'une erreur de 2.000 milliards de dollars parle d'elle-même", a affirmé à la presse un porte-parole du département du Trésor.

Les médias américains ont affirmé que le gouvernement avait sévèrement contesté les projections des analystes de l'agence après avoir examiné les conclusions de S&P. En vain.

La perte de ce sceau d'excellence devrait avoir des répercussions brutales sur les marchés financiers, difficiles à imaginer dans l'immédiat.

Les bons du Trésor américains sont une référence incontestée: un étalon du coût de l'argent, un instrument servant habituellement de "collatéral" (garantie) dans une multitude de transactions, et un refuge pour les investisseurs dans les périodes troublées.

"L'incertitude quant aux effets sur le marché est élevée", affirmait récemment la banque d'affaires Goldman Sachs, en explorant les conséquences potentielles. L'abaissement de cette note devrait en effet contraindre les investisseurs à une réévaluation généralisée des risques.

Standard and Poor's avait prévenu dès avril qu'elle envisageait cet abaissement, au vu de la persistance d'un déficit budgétaire élevé et de la montée de la dette publique.

Le déroulement conflictuel des débats sur le budget dans les mois suivants, qui ont débouché mardi sur le relèvement in extremis du plafond légal de la dette publique, n'avait fait que rapprocher cette perspective.

John Chambers, président du comité d'évaluation de S&P, a souligné vendredi sur CNN que Washington aurait pu éviter l'abaissement de la note en relevant plus tôt ce plafond. Il a indiqué que les responsabilités étaient partagées et incombaient à l'administration Obama, mais également à "l'administration précédente".

Vendredi, la rumeur selon laquelle S&P avait réuni son comité de notation avait circulé dans la matinée entre opérateurs de marchés financiers. Elle s'était faite de plus en plus insistante au fil de la journée.

Les Etats-Unis ont eu leurs finances publiques plombées par la dure récession qu'a traversée leur économie de fin 2007 à mi-2009. Depuis, la croissance économique est revenue mais ils ne sont pas parvenus à rétablir la santé de leurs finances publiques.

Selon les estimations du Fonds monétaire international, ils devraient accuser cette année, avec environ 9% du produit intérieur brut, le déficit budgétaire le plus élevé des pays du G20, Japon mis à part.

Il reste seize pays notés "AAA" chez Standard and Poor's, dont quatre du G7: l'Allemagne, le Canada, la France et la Grande-Bretagne.

Commentaires 16
à écrit le 06/08/2011 à 7:51
Signaler
Votre article a été repris mot pour mot sur le site de Ouest France!!!

à écrit le 06/08/2011 à 7:38
Signaler
Excellente nouvelle. Espérons que les notes des autres passagers clandestins du triple A, notamment la France et le Royaume-Uni soient rapidement dégradées.

le 06/08/2011 à 12:45
Signaler
Je suis entiérement d'accord, nous devons impérativement faire de grosses économies budgetaires. Il faut rapidement instaurer une politique de rigueur.

à écrit le 06/08/2011 à 7:37
Signaler
L'angoisse c'est S&P ajoute un avis négatif pour la suite des événements, ce qui signifie que même une agence de notation US continue de scier la branche sur laquelle elle est assise. Pourquoi ? A qui profite le crime ? C'est tout de même jouer avec ...

le 06/08/2011 à 10:16
Signaler
Et si S&P était libre et honnête, tout simplement ?

à écrit le 06/08/2011 à 6:31
Signaler
Un grand merci au tea party... Il va y avoir des explications chez les républicains. Petit a petit il va falloir la payer la dette et le travailler plus pour gagner plus va se transformer en travailler plus pour rembourser plus.. ce nouvel adage me s...

le 06/08/2011 à 7:38
Signaler
oui vous avez entiérement raison et c'est ce que souligne (pour une fois avec honnêté) l'agence de notation au dela du montant de la dette et de sa dégradation c est bel et bien la situation politique intérieur des USA qui est en train de mettre ce p...

à écrit le 06/08/2011 à 5:39
Signaler
Et pendant ce temps la les grandes multi-nationales américaines comme Apple comptent leurs énormes bénéfices dont une très grande partie échappe à l'impôt. Idem en France ou la grande majorité des entreprises du CAC40 font de même. Mais l'Europe à to...

le 06/08/2011 à 6:02
Signaler
En quoi la prospérité d'Apple serait-elle immorale ??? Elle est essentiellement due à un visionnaire, Steve Jobs !...

le 06/08/2011 à 6:44
Signaler
Alors cher Yves, vous avez besoin d'aller de toute urgence chez l'occuliste

le 06/08/2011 à 7:17
Signaler
@ Yves: enfin, il y a un peu plus que la vision: 1) poiurquoi un Candien s'installe aux US, si ce n'est pour des questions fisclaes et 2) pourquoi fait-il fabriquer en Chine si ce n'est pour exploiter les travailleurs. Conclusion: les explications dé...

le 06/08/2011 à 7:34
Signaler
@Patrikb 1/ peut etre pour les mêmes raisons qu'un français part s intaller au Canada 2/ Citez moi un fabriquant de Hi-tech qui ne produit pas en Chine? Je n'aime pas Jobs et encore moins ses produits que je considéres pas assez puissants (en term...

le 06/08/2011 à 7:41
Signaler
Exactement, il faut bien se rappeler que ces pays qui n ont plus d'emergents que le nom (Chine, les 5 dragon, Pays d'amerique Latine...) Beneficient encore pour la plupart d'accord douanier qui datent des années 60/70, periode à laquelle ou effective...

le 06/08/2011 à 7:59
Signaler
@Patrickb: Pourquoi les entreprises du CAC40 ne paient que très peu d'impots parce que sinon ils se barrent et là ce sera 0 d'impot que tu touchera!!! Et concernant Apple, c'est bien grâce à un visionnaire Steve Jobs. Le pb de la fiscalité et de la d...

le 06/08/2011 à 9:40
Signaler
Ce n'est pas le fait qu'une multinationale réalise des milliards de bénéfices qui est immoral (quoique comment) mais c'est le fait qu'elle ne rapatrie pas tous ses bénéfices sur le sol de son pays d'origine afin de bénéficier de régimes fiscaux plus ...

le 06/08/2011 à 9:42
Signaler
Quand à la délocalisation il est utopique de croire que pour ces multinationale c'est pour rester compétitif, c'est pour avoir des marges plus élevées.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.