L'économie tunisienne subit de plein fouet la guerre de son voisin libyen

La guerre civile libyenne aux portes de la Tunisie plombe un peu plus l'économie déjà fragilisée par la révolution contre le président Ben Ali. La Banque africaine de développement (BAD) évoque une croissance de seulement 0,7% cette année dans la petite république nord-africaine.
Campagne de promotion de la Tunisie, à Berlin. Les revenus tirés du tourisme, essentiels en Tunisie, ont chuté de 51% au premier trimestre, après la "révolution de jasmin" qui a renversé le 14 janvier le président Zine ben Ali.

2011 sera une année difficile pour l'économie tunisienne qui subit la crise libyenne de plein fouet. Selon un rapport de la Banque africaine de développement (BAD), le conflit en Libye a un impact considérable sur la reprise économique tunisienne, déjà entravée par des tensions politiques et sociales internes.

Selon la BAD, la croissance du PIB tunisien, de 3,7% en 2010, risque de tomber à 1,1% en 2011. Si on y ajoute l'impact de la crise en Libye, bien que difficile à mesurer, la croissance de la Tunisie pourrait même tomber à seulement 0,7% cette année, sleon l'organisation africaine.

A l'heure où la Tunisie est en pleine phase de transition, la guerre civile en Libye est venue se greffer aux nombreux défis de la reconstruction. Les combats entre insurgés et forces loyales au Colonel Kadhafi divisent toujours le pays qui a vu son activité économique chuter. Et si la crise en Libye affecte terriblement le voisin tunisien, c'est que les deux pays ont misé sur des relations commerciales bilatérales étroites.

"La Libye est un partenaire commercial privilégié de la Tunisie", rappelle la BAD. Les échanges commerciaux ont atteint des records entre 2000 et 2010 avec un taux de croissance annuel moyen de 9%, pour une moyenne mondiale de 6%.

Deuxième partenaire économique de la Tunisie après l'Union européenne, Tripoli achetait 6,9% des exportations tunisiennes, principalement des produits agro-alimentaires, des matériaux de construction, du fer et de l'acier. Les importations en provenance de Libye étaient elles très largement constituées de pétrole et permettaient de satisfaire un quart des besoins tunisiens.

La Libye était aussi le quatrème investisseur arabe en Tunisie. Au cours des dernières années, les investissements libyens étaient montés en flèche. Plus d'une trentaine d'entreprises libyennes ont investi en Tunisie dans les secteurs de l'industrie et des services, créant plus de 3.000 emplois.

La Tunisie et la Libye ont donc amorcé au fil du temps une intégration progressive de leurs économies. Cette interdépendance est d'autant plus difficile à gérer aujourd'hui que la Libye impose à la Tunisie le lourd tribut de son conflit civil.

La paralysie presque totale des échanges commerciaux, le déclin des flux d'investissements, l'arrêt de la fourniture de pétrole par Tripoli entre autres ont "conduit à un ralentissement sans précédent de l'activité économique" tunisienne, selon la BAD.

Le secteur touristique tunisien déjà très touché par l'absence de visiteurs européens, à la suite de la révolution,  est aussi le grand perdant de la crise libyenne.

Grands consommateurs de services en Tunisie, les touristes libyens étaient en moyenne 1,5 million à y séjourner chaque année. Mais, au cours du premier semestre de 2011, sur 260.000 libyens entrés en Tunisie, 65.000 ont choisi de s'y réfugier... Un manque à gagner certain pour le tourisme, mais un petit espoir pour accroître la demande. En effet, la plupart des libyens sont des réfugiés aux ressources financières conséquentes qui consomment et investissent dans l'immobilier tunisien.

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