La France, élève moyen de l'OCDE pour les dépenses d'éducation

Les dépenses d'éducation ont en moyenne progressé de 32% entre 2000 et 2008 dans les pays de l'OCDE. En 2008, année de référence de l'étude, la France a consacré 6 % de son produit intérieur brut au financement de ses établissements d'enseignement, contre 6,1% pour l'ensemble des pays de l'organisation. Celle-ci perçoit de "sérieux signes de ralentissement" dans l'Hexagone.
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L'OCDE est formelle : en temps de crise, les gouvernements ne doivent pas réduire les dépenses dédiées à l'éducation. Dans l'édition 2011 de son rapport « Regards sur l'éducation », l'Organisation de coopération et de développement économiques constate que tous niveaux d'enseignement confondus, les dépenses - privées et publiques - ont en moyenne progressé de 32% entre 2000 et 2008 dans les pays de l'OCDE. En 2008, année de référence de l'étude, les pays de l'OCDE ont consacré 6.1 % de leur produit intérieur brut (PIB) cumulé au financement de leurs établissements d'enseignement. La France se situe en dessous de la moyenne avec 6% dépensés, un montant en repli par rapport à 2000 (6,4%) et à 1995 (6,6%).

Le pourcentage des dépenses rapportées au PIB est supérieur à 7.0 % au Chili, en Corée, au Danemark, aux États-Unis, en Islande, en Israël et en Norvège. Par contraste, 9 des 36 pays dont les données sont disponibles consacrent moins de 5 % de leur PIB a l'éducation : l'Allemagne (4.8 %), la Chine (3.3 %), la Fédération de Russie (4.7 %), la Hongrie (4.8 %), l'Indonésie (3.3 %), l'Italie (4.8 %), le Japon (4.9 %), la République slovaque (4.0 %) et la République tchèque (4.5 %)

Signes de ralentissement en France

En dépit de dépenses légèrement en dessous de la moyenne, la note sur la France de l'OCDE se veut assez critique. Comme nombreux pays développés, l'Hexagone a produit des effort significatifs en matière de démocratisation et de massification de son enseignement ces trente dernières années. Sa proportion de diplômés du secondaire - ou plus - est notamment en en forte hausse : 84 % des 25-34 ans français avaient en 2010 un diplôme équivalent ou supérieur au baccalauréat, CAP ou BEP contre seulement 81 % pour la moyenne OCDE.

Mais depuis 1995, la situation se gâte. « Nous observons une stagnation ou un ralentissement de la plupart des indicateurs sur ces 10 à 15 dernières années », note Eric Charbonnier, expert éducation à l'OCDE. Le taux de scolarisation, que l'on croyait avoir atteint des niveaux sans précédent, notamment à l'aulne du taux de réussite au baccalauréat, désormais à 86 % (mais 30 % d'une génération n'accède toujours pas à ce diplôme...), est ainsi en recul. Alors qu'il a progressé de 9,3 points en moyenne chez les 15-24 ans des pays de l'OCDE entre 1995 et 2009, il est passé en France de 89 % à 84 %. A l'inverse, des pays comme la Belgique, l'Irlande, la Pologne ou la Slovénie dépassent les 90 %.

Même tendance pour les diplômés du supérieur. « Les taux de scolarisation des 20-29 ans ont progressé dans la quasi-totalité des pays de l'OCDE », note l'organisation internationale, parfois de plus de 10 points comme en Corée, Finlande, Hongrie ou Pologne. Dans le même temps, des « signes de nivellement se font jour » en France, ce taux a stagné depuis 1995 à 19 %, contre... 26 % pour la moyenne OCDE en 2009 (tableau C1 page 312) !

Déséquilibres des investissements

Autre indicateur très parlant, l'investissement financier. Dans l'enseignement primaire et secondaire (collèges et lycées), la France présente depuis plusieurs années un déséquilibre et un ralentissement de la croissance. Le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, s'est félicité d'une progression des dépenses par élève de plus de 80 % sur ces trente dernières années lors de sa conférence de presse de rentrée, le 1er septembre. En fait, depuis 1995, la progression marque le pas : + 7 % entre 2000 et 2008 contre une hausse de 15 % en moyenne dans 23 pays de l'OCDE. Autre problème, la dépense française est mal répartie : inférieure à la moyenne en primaire, elle est supérieure au lycée, du fait des disciplines et des nombreuses options. Ce qui implique la mobilisation de plus d'enseignants. Seul bon point, le supérieur bénéficie d'une progression des dépenses de 17 % en France, contre 14 % pour la moyenne OCDE.

Le salaire des enseignants en berne

Enfin, s'il était besoin de le confirmer, la France se distingue par un salaire statutaire - c'est-à-dire hors primes et heures supplémentaires - de ses enseignants en berne. Entre 1995 et 2009, il a diminué. Ainsi, en France, un enseignant de primaire ayant au moins quinze ans d'expérience gagnait en 2009 35.856 dollars (la monnaie de référence de l'OCDE) par an, contre 38.914 dollars pour la moyenne des pays de l'organisation. Tant dans le primaire que dans le secondaire, le traitement moyen des enseignants français est inférieur à la moyenne OCDE.

Des mesures de revalorisation

« Seuls les salaires en fin de carrière sont légèrement au-dessus », relève l'OCDE. « La rémunération des enseignants stagne en France entre 1995 et 2009 », précise Eric Charbonnier. L'année dernière, Luc Chatel avait promu la revalorisation des débuts de carrière dans le cadre de son « pacte carrière ». Il estime, en mettant bout à bout les mesures de revalorisation mises en place depuis 2007 (primes, heures supplémentaires, accompagnement personnalisé, la correction des copies du bac...) que ce sont pas moins de 981 millions d'euros supplémentaires qui ont été affectés au renforcement du pouvoir d'achat des enseignants (La Tribune du 25 mai 2011).

65.000 postes supprimés depuis 2007

Mais « si l'on considère le seul salaire statutaire, le niveau de vie baisse », corrige Eric Charbonnier. Et qui dit heures supplémentaires, dit augmentation du temps de service... Ce vers quoi tend le gouvernement discrètement puisque environ 15.000 postes sont supprimés par an en France, ce qui porte le total à 65.500 depuis 2007. Par ailleurs ces revalorisations ne bénéficient pas à tous les enseignants. Ceux du premier degré ne font, par exemple, pas d'heures supplémentaires et ne corrigent pas les copies du bac. Ces 981 millions d'euros intègrent aussi des traînes de mesures anciennes, comme les 75 millions consacrés à la poursuite du plan d'intégration des instituteurs dans le corps des professeurs des écoles lancé en... 1990.

Le coût des heures supplémentaires

Enfin, ces fameuses heures supplémentaires ont un coût pour l'Etat : 1,41 milliard d'euros cette année, contre 1,25 milliard d'euros en 2010. Cette stagnation du niveau de vie pourrait à terme avoir un effet néfaste sur l'attractivité du métier en France, estiment de nombreux observateurs, d'autant plus depuis l'obligation d'avoir un master (bac + 5). La désaffectation observée lors de la session 2011 des concours pourrait en être un premier signe.

L'OCDE dubitative sur les réformes à venir

Quant aux réformes en cours ou à venir (lycée, rythmes scolaires, recrutement, expérimentations sur le sport...) en France, l'OCDE se montre dubitatif sur la méthode française, qui consiste à lancer tous azimuts des changements sans définir précisément au préalable un grand projet national global comme l'ont fait la Pologne, l'Allemagne, le Portugal ou encore le Chili et le Brésil.

Commentaires 14
à écrit le 14/09/2011 à 7:39
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vous n'avez pas remarqué, qu"on est toujours "eleve moyen" ??

à écrit le 14/09/2011 à 7:22
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entre les vacances et le faible nombre d 'heures de cours/sem (hors institueurs) les profs français sont ceux qui ont le plus de temps libre de l'OCDE. Alors meme s'ils sont moins bien payés que d'autres, à heure égale, les profs français sont larg...

le 14/09/2011 à 12:19
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que de chance ils ont tous ces gens payés (trop)à ne pas faire ce pour quoi on les paye. Au fait oshe a t'il un jour tenté les concours?

à écrit le 14/09/2011 à 7:09
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Qu'est-ce que c'est que ce tableau qui ne montre rien parce qu'il n'est pas classé? On dépense plus que 20 pays! Et encore, on nous met en exemple l'Islande, qui ne doit plus donner grand chose maintenant!! Soyons sérieux. On donne trop pour les rés...

à écrit le 13/09/2011 à 15:52
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Trop payés , grévistes , vacances, leçons au noir (si si j'en connais les tarifs) Ils nous bassinent.

à écrit le 13/09/2011 à 15:50
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Dans un film de Tavernier (1980) "une semaine de vacances",nathalie Baye disait dans le film que 60% des profs faisaient ce metier pour les vacances,mais avouait que les salaires étaient faibles...Le débat n'a pas changé 30 ans après. Ah oui j'ai une...

à écrit le 13/09/2011 à 12:49
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Le tableau parle de dépenses publiques, le texte parle de dépense privées ET publiques. De quoi parle-t-on au juste ?

à écrit le 13/09/2011 à 11:13
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Je ne vois pas la nécessite d'étudier alors que la France est très généreux avec les diverses et variées aides sociales.

le 13/09/2011 à 12:15
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pour nourrir des profs

le 13/09/2011 à 15:56
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Pour être capable d'écrire "la France est très généreuse" au lieu de "la France est très généreux". C'est déjà une bonne raison.

à écrit le 13/09/2011 à 11:09
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c'est bien de parler de salaire, ft aussi parler de temps d'enseignement! tous les profs europeens n'ont pas 3 mois de vacances en ete, et 15 jours a la toussaint, a noel, en fevrier et a paques...5 mois de vacances, ca reste honorable, ca fait en fa...

le 13/09/2011 à 11:58
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60.000 euros a mis-temps ? Vous etes senile ? 3 mois de vacances en ete ? Juillet et Aout ca fait 2 mois. Ne pas confondre les instituteurs et les maitres de conference. Les instits bossent jusqu'au 4 juillet et reprennent la pre rentree le 1er septe...

le 13/09/2011 à 13:58
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on ne peut nier que même si ce n'est pas 3 mois de vacances en été, les prof sont assez bien plaçés dans ce domaine là. C'est la situation idéale pour avoir le temps d'eduquer ses enfants, pas de pb de nounous.. mais bon, c'est pas la faute des prof ...

le 13/09/2011 à 16:06
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Churchill : vous pouvez devenir prof , si vous les enviez autant , il recrute à fond en ce moment , sur le site de pole emploi ....

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