La Réserve fédérale en quête de nouveaux outils d'action

Les marchés attendent la décision du Comité de politique monétaire de la banque centrale. L'"opération Twist" qu'envisage la Fed consiste en un allongement de la maturité des titres de son portefeuille.
Copyright Reuters

C'est mardi que les Sages de la Réserve fédérale américaine ont commencé à examiner l'opportunité d'adopter l'« opération Twist », au cours d'une réunion exceptionnellement portée d'un à deux jours. Il s'agirait pour la Fed non plus d'accroître son portefeuille de titres de la dette publique des États-Unis mais d'en modifier la composition pour en allonger les maturités. Le nom de code de l'opération n'est cependant pas une première : il s'agit d'une référence à la méthode employée en 1961 sous la présidence de John Kennedy, au moment où la vogue de la célèbre danse était à son apogée, pour apporter de l'oxygène à une économie américaine alors au bord de l'asphyxie. Comme aujourd'hui.

La banque centrale de Washington, avait alors converti une part des titres de dette publique à court terme qu'elle détenait en obligations du Trésor à long terme, avec pour objectif de faire baisser les rendements longs, essentiels au financement de l'activité, sans avoir à modifier son taux directeur.

Aujourd'hui, la Fed ne peut plus manier l'arme des taux courts, puisque depuis décembre 2008, elle a abaissé le taux cible des fonds fédéraux à un niveau voisin de zéro, le pilotant dans une fourchette de 0 % à 0,25 %. En revanche, elle a accumulé 1.650 milliards de dollars d'actifs dans son bilan qui a plus que doublé depuis le déclenchement de la crise des subprime à la mi-2007, avec une singulière accélération après la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008. Son portefeuille se décompose en 163 milliards de dollars de titres à moins d'un an, 715 à moins de cinq ans, 580 à moins de dix ans et seulement 197 milliards à plus de dix ans.

Gouverneurs divisés

Si la Fed vendait la totalité des titres arrivant à maturité au cours des quatre prochaines années, au profit de dette arrivant à échéance dans plus de quinze ans, afin de maximiser son programme, elle détiendrait plus de la moitié du stock de titres à long terme disponible. Avec tous les risques d'assèchement du marché que cela comporte pour les acheteurs traditionnels, à l'instar des compagnies d'assurance.

C'est la raison pour laquelle si l'opération Twist a bien lieu, comme le pensent 71 % des 42 économistes interrogés par l'agence Bloomberg, elle ne s'engagera pas sur des périodes trop longues, au risque d'être contre-productive. D'autant que le conseil des gouverneurs est très divisé. Trois des neuf - un record - présidents des banques de Réserve régionales votant cette année s'étaient déjà opposés en août au maintien de taux exceptionnellement bas pendant au moins deux ans. Les dissensions sont telles que la Fed pourrait même se contenter d'annoncer ce mercredi qu'elle diffère à novembre la mise en oeuvre du Twist. De QE3, une troisième phase de mise en marche de la planche à billets, il ne devrait en tous cas pas être question.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.