La soif de liquidités fait plonger l'or

En trois séances, l'or a subi sa plus forte baisse depuis vingt-huit ans. La vente de lingots dénote une crise de liquidités comparable à celle de la crise financière de 2008. L'argent ou le cuivre affichent des reculs nettement plus sévères, signes annonciateurs d'un fléchissement de la demande.
Infographie La Tribune

Voilà onze ans que l'or grimpe à une cadence régulière, à l'abri des chaos de l'économie mondiale. L'effondrement de l'once, qui a perdu jusqu'à 300 dollars sur les trois dernières séances, et affiche un retrait de 16% depuis son plus haut à 1.921 dollars début septembre, rompt radicalement cette tendance.

La dégringolade a pourtant un petit goût de déjà-vu. En septembre 2008, juste avant la chute de Lehman Brothers, le métal jaune avait brusquement reculé alors qu'une panne de liquidité forçait les investisseurs à céder ce qui pouvait l'être. Histoire d'éponger des pertes réalisées sur d'autres classes d'actifs et d'autres marchés de dérivés. "C'est le même phénomène qui se produit : quand ça va vraiment mal, le cash est roi, il n'y a plus que ça qui compte", assure un gérant de fonds. "Les marchés ont soif de liquidité. La prime aux liquidités a fortement progressé, même elle n'est pas encore aussi élevée qu'en 2008", modère Leon Westgate, expert des métaux précieux chez Standard Bank.

Un aspect technique s'est aussi greffé à la déconfiture du lingot. Le CME, principale place de marchés des dérivés, qui gère les opérations du Comex sur les métaux précieux, a relevé vendredi le montant du dépôt obligatoire de cash. Pour parier sur le prix de l'or, il faut désormais débourser 9.450 dollars en cash pour parier sur un contrat d'une centaine d'onces d'or sur le CME.

Sur le fond, le métal jaune conserve certains atouts. Deux des pilliers de la hausse de l'or se sont récemment effondrés : la crainte de l'inflation et la chute du dollar américain. Mais les autres restent solides : la perspective d'une politique monétaire accommodante, ainsi que la celle d'escalade de la crise en zone euro ne peuvent qu'attiser le repli sur le métal sur le moyen terme. Car contrairement à tous les autres actifs, "la valeur de l'or ne dépend pas de la solidité et la capacité de remboursement d'un gouvernement ou d'une banque", explique Julian Jessop chez Capital Economics.

Les non-ferreux aussi

L'or est d'ailleurs un des rares actifs à rester en "territoire positif" depuis le début de l'année, et c'est une des raisons pour lesquelles les investisseurs peuvent se permettre de le vendre alors que le trimestre se termine, note de son côté Edel Tully, analyse chez UBS. Ce qui n'est plus le cas de l'argent, dont le prix a perdu jusqu'à 16% lundi en séance, à 26,07 dollars l'once.

A l'instar de l'or, mais pour des motifs bien différents, les métaux non-ferreux paient aussi un lourd tribut à la crise financière. Le cuivre, dont l'évolution constitue un bon indicateur de tout ralentissement économique en raison de sa sensibilité aux principaux moteurs de la croissance, a sombré de 1.915 dollars (20%) en trois semaines. A son plus bas sur un an hier, le métal pourrait encore chuter puisqu'il s'échange encore à un prix équivalent à son coût marginal de production, selon Macquarie. En Amérique du Sud, un des principaux centres de production du métal, de nombreuses mines étaient justement à l'arrêt ces derniers temps en raison des revendications salariales des mineurs. Ce qui provoque d'ordinaire des poussées de fièvre sur le métal rouge.

Commentaire 1
à écrit le 27/09/2011 à 20:36
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Beaucoup de brokers ont également revu les marges nécessaires a la hausse, ce qui est logique avec une telle volatilité sur les cours de l'or.

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