Le sommet du G20 miné par le référendum grec

L'ouverture de la grand-messe de la présidence française du G20, à Cannes mercredi soir, devait être l'occasion d'aborder les moyens de réduire les grands déséquilibres de l'économie mondiale. Mais, dans la cité des festivals, l'heure n'était pas aux grandes déclarations, aux sourires de façade et aux satisfecit des grands de ce monde qui accompagnent traditionnellement ces réunions pompeuses et souvent un peu vaines.

L'heure était au travail et à la gestion de la crise de la dette européenne. Sonnés par la décision du Premier ministre grec, Georges Papandréou, de soumettre le plan d'aide à son pays à un référendum, la chancelière allemande Angela Merkel et le président française Nicolas Sarkozy se sont retrouvés en début d'après-midi pour tenter de définir une stratégie. Ils devaient, un peu plus tard dans la soirée, être rejoints par le chef du gouvernement hellénique et son ministre des Finances, Evangelos Venizélos. Moins d'une semaine après les âpres discussions de Bruxelles, le couple de dirigeants franco-allemand devait remettre son ouvrage sur le métier. Ce que Paris et Berlin semblaient, avant toute chose, exiger d'Athènes, c'était de la clarté, comme l'a réclamé la chancelière allemande avant de s'envoler vers la station balnéaire française.

Clarté, d'abord, sur le calendrier de ce référendum que les Européens voudraient voir organisé le plus rapidement possible, afin de réduire l'incertitude sur les marchés. Mais le porte-parole du gouvernement grec a renvoyé les Européens à leur responsabilité en affirmant que la consultation pourrait intervenir le plus rapidement possible, « dès que les éléments de base du plan de sauvetage auront été formulés ». Or, c'est justement ces détails qui ont manqué dans l'accord de la semaine passée.

Zone euro : Athènes doit choisir

Clarté, ensuite, sur la nature de ce référendum. Ne concerne-t-il que le plan d'aide ou vise-t-il la participation d'Athènes à la zone euro ? Le Premier ministre François Fillon a ainsi déclaré mercredi à l'Assemblée nationale que « les Grecs doivent dire vite s'ils choisissent ou non de conserver leur place dans la zone euro ». Pendant ce temps, les tensions sur les marchés financiers ont continué, les taux italiens ont poursuivi leur ascension et la différence (spread) entre les taux français et allemands s'est encore creusée. Silvio Berlusconi, le président du Conseil italien, devait venir à Cannes avec de nouvelles « mesures choc » afin de restaurer une confiance désormais précaire, comme le lui a demandé par téléphone mercredi Angela Merkel.

Même le Fonds européen de stabilité financière (FESF) a dû, mercredi, annuler une levée de fonds de 3 milliards d'euros pour financer une nouvelle tranche d'aide à l'Irlande qui, comme la Grèce, est sous perfusion de l'Europe et du FMI.

Dans ce contexte, le plan d'action pour la croissance qui doit être présenté à Cannes, très attendu par les Anglo-Saxons, risque de passer au second plan. La relance de l'activité économique et les créations d'emplois sont la priorité pour Barack Obama, confronté à une difficile réélection avec un chômage dépassant toujours 9 % de la population active américaine. L'action « concertée » en ce sens, élaborée notamment conjointement par l'Inde et le Canada, suffira-t-elle à rassurer les marchés financiers et les acteurs économiques en général ? Aujourd'hui rien n'est moins sûr.

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