Merkel : "le défi est de réaliser, pas à pas, une union politique"

A l'occasion d'un discours d'une heure devant les milliers de délégués chrétiens-démocrates réunis en congrès à Leipzig, Angela Merkel n'a pas présenté de nouvelles idées pour régler la crise, mais elle a souligné que l'Allemagne devrait faire davantage de sacrifices.
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Le problème de la dette dans la zone euro représente la pire crise depuis la Seconde Guerre mondiale en Europe, dont les pays doivent s'orienter pas à pas vers une plus grande intégration politique, a déclaré lundi la chancelière allemande.

"Le défi, pour notre génération, c'est de terminer ce que nous avons entrepris en Europe, à savoir de réaliser, pas à pas, une union politique", a-t-elle dit en estimant que "l'Europe traverse l'une de ses pires crises, peut-être la pire, depuis la Seconde Guerre mondiale".

Les deux jours de congrès de la CDU (Union chrétienne-démocrate) devaient porter essentiellement sur les questions d'éducation, mais d'entrée, les débats ont été dominés par la crise de la dette souveraine dans la zone euro, qui ne s'apaise en rien malgré la nomination de gouvernements techniques en Italie et en Grèce.

Angela Merkel, au pouvoir depuis 2005, a théoriquement le champ libre jusqu'aux élections législatives de 2013, mais elle sait bien qu'elle pourrait devenir la prochaine victime de la tourmente de l'euro si elle ne joue pas cartes sur table.

"Les problèmes de l'Irlande sont ceux de la Slovaquie. Les problèmes grecs sont les problèmes des Néerlandais, et les problèmes espagnols sont nos problèmes", a martelé la chancelière. "Notre responsabilité ne s'arrête pas à nos frontières."

Elle a estimé dans le même temps qu'il existait des limites que l'Allemagne n'était pas disposée à franchir, comme par exemple la création d'obligations européennes et autres remèdes à court terme qui, selon Berlin, décourageraient les pays de la zone euro d'adopter des politiques budgétaires responsables.

"Ce qu'il y a de difficile, c'est que cette crise n'est pas apparue d'un jour à l'autre. Elle est le fruit de plusieurs décennies d'erreurs, et nous ne pouvons pas la régler d'un coup de baguette magique. Un long chemin, difficile, nous attend", a estimé Angela Merkel.

C'est à un numéro d'équilibriste qu'elle va devoir se livrer ce lundi et mardi à Leipzig, où le congrès est placé sous le signe des deux grands points du document préparatoire : "Une Europe forte : un bel avenir pour l'Allemagne".

La chancelière a également prôné des sanctions automatiques pour les pays qui enfreignent le Pacte de stabilité et de croissance. Elle a enfin renouvelé son appel à l'instauration d'une taxe sur les transactions financières et à l'interdiction des ventes à découvert, dans la zone euro si ce n'est sur un territore plus vaste.

Une CDU transformée

Le premier point souligne que l'Allemagne a fortement bénéficié de l'euro et doit se préparer à faire plus d'efforts pour le sauver, notamment en cédant un peu de souveraineté à Bruxelles. Le second appelle à ce que les Etats membres contrevenant aux règles budgétaires européennes puissent être sanctionnés plus sévèrement, voire expulsés de la zone euro.

La chancelière n'aura pas la tâche facile lors de ce congrès pour convaincre les membres de la CDU, réunis sous la bannière "Pour l'Europe - Pour l'Allemagne", de la nécessité de renforcer l'intégration européenne.

Les choix politiques d'Angela Merkel vis-à-vis de l'euro ne sont pas les seuls sujets à alimenter la contestation au sein de la CDU. Après la catastrophe de Fukushima en mars, elle avait abruptement renoncé au maintien de la filière nucléaire allemande, ce qui avait vivement mécontenté une partie de la CDU. De même, en octobre dernier elle a surpris son camp en soutenant la mise en place d'un salaire minimum national, ce à quoi elle s'opposait depuis des années.

En outre, de nombreux militants CDU sont mécontents des plans de sauvetage des pays en difficulté sur les deniers publics européens, et franchement en colère face à la gestion budgétaire de ces pays. Certains vont jusqu'à penser que la création de l'euro fut une erreur et qu'il convient à présent de revenir en arrière.

Les deux revirements qu'a opérés Merkel cette année sont le fruit d'une stratégie délibérée destinée à se concilier les faveurs de futurs partenaires et d'augmenter les possibilités de coalition en 2013 : avec l'effondrement électoral de son allié le FDP, la CDU ne pourra peut-être continuer à gouverner qu'en faisant équipe avec le SPD ou avec les Verts.

Depuis qu'elle a accédé à la chancellerie en 2005, Angela Merkel a présidé à une transformation telle de la CDU qu'on peine à reconnaître le parti conservateur, tourné vers l'économie libérale, qui avait tenu congrès dans la même ville de Leipzig en 2003.

A cette époque, Angela Merkel était souvent comparée à l'ex-Premier ministre britannique Margaret Thatcher, rapprochement qui ne vient plus à l'idée de personne depuis que la chancelière a embrassé certaines thèses sociales et écologistes.

Toutefois, si la zone euro venait à s'effondrer avant les prochaines législatives allemandes, même les plus habiles manoeuvres politiques ne suffiraient sans doute pas à sauver la chancelière.

Commentaires 22
à écrit le 15/11/2011 à 6:16
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Pour moi, la monnaie fantoche appelée Euro est déjà morte. Les taux d'intérêts pour la France ne cessent d'augmenter. Et le sort de notre pays ressemblera de plus en plus à celui de la Grèce d'ici quelques mois. Jusqu'à la chute finale de l'origine d...

à écrit le 15/11/2011 à 5:29
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Ce n'était pas la peine de verser notre sang pour garder notre souveraineté en 1945 si c'est pour ramper devant les allemands en 2011.

le 15/11/2011 à 6:30
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Vous confondez-tout. 1945 c'est une lutte contre le nazisme ; la guerre du nationalisme c'est la première guerre mondiale. Vous voulez revenir à cette époque ? moi pas !

à écrit le 14/11/2011 à 22:12
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Cela fait longtemps que ce devrait être fait ! Nous n'en serions pas là !

à écrit le 14/11/2011 à 20:42
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Et paf! Merkel se tape le mur de l?Europe politique intégrée. Le seul bénéficiaire de cette UE, c'est l'Allemagne dont le voix internationale est désormais écoutée...La France espérait le faire payer et la museler à la fois? C'est l'inverse...Bien jo...

le 15/11/2011 à 5:47
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Les français sont seuls responsables de ce qui leur arrivent! Cessez de taper sur l'Allemagne! Quand tout va bien, les français sont européens, quand cela va mal, ils trouvent des boucs émissaires... c'est quoi l'autre option?????? euhhhhh y en a pas...

le 15/11/2011 à 6:19
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Encore un eurobéat, qui verrait de bonne augure l'instauration d'une dictature fédérale en Europe. Je pense que l'Euro n'est pas nécessaire pour faire une Europe pacifiée, ni même une Europe fédérale. L?Europe fonctionnait très bien avant l'applicati...

à écrit le 14/11/2011 à 18:24
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C'est justement l'Europe des petits pas avec des états anti-EU et anti-euro comme la GB qui plombe l'EU! Il faut ques les 17 états de la zone avancent ensemble sans les autres quitte à quitter l'UE telle qu'elle existe! Mais bon,.....

le 14/11/2011 à 20:24
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pad de pb mais c est quoi le plan pour les peuples ,

à écrit le 14/11/2011 à 18:04
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Comment peut-on plaider pour une Europe politique, plus d'intégration et vouloir supprimer le seul programme social de l'UE. pourquoi être solidaire des banques et des investisseurs et laisser ceux qui relèvent de l'aide alimentaire se débrouiller se...

le 14/11/2011 à 21:25
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L'Allemagne vient de reconduire ses aides. Elle verse 200 millions ? dans ce programme européen sans en profiter elle même ( en Allemagne, les régions financent les besoins - sans aide européenne !). Renseignez-vous avant de faire ce genre d'allégat...

le 15/11/2011 à 6:28
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Si vous considérez la solidarité comme : si je verse 200 millions alors je dois en récolter 400 millions... c'est que nous n'avons pas la même définition de la solidarité. Derrière mon propos il y avait le fait que l'Allemagne vient de découvrir une ...

à écrit le 14/11/2011 à 16:35
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@ landruc : en France, une entreprise n'emprunte pas à son banquier au même taux que sa concurrente,le taux est fonction de sa crédibilité. C'est bien pareil pour les états européens; pas de quoi houspiller Mme Merkel là dessus ! @ poilu : Les allem...

à écrit le 14/11/2011 à 15:54
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Mme Merkel parle d'Europe politique alors qu'elle est en train de démonter l'Euro !!! De qui se moque-t-on ? L'euro ne passera pas l'année 2012. La preuve ? L'Allemagne emprunte à 1,5%, la France à 3,5%, l'Italie à 6,50 % ! A part cela, l'euro est pr...

le 14/11/2011 à 16:22
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Je ne connais pas de monnaie qui s'effondre quand elle cote 1.3626 contre le dollar comme aujourd'hui.

le 14/11/2011 à 16:58
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Le cours de l'Euro est élevé tout simplement parce que Ben Bernanke a monétisé à outrance et a pratiqué une politique de taux bas, ce qui revient à dévaluer le dollar. Par contre, quand on regarde son cours vis à vis du Franc suisse, l'Euro est moins...

le 15/11/2011 à 4:17
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@ Alrix, Le cours de l'Euro est élevé tout simplement parce que l'Allemagne a un excédent commercial permanent énorme. Le cours actuel convient très bien à l'Allemagne et surtout à son industrie qui a délocalisé fortement vers des pays de l'UE qui ne...

à écrit le 14/11/2011 à 15:07
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nous autres petits français, avons décidément bien de la chance que cette dame qui n'est pas de fer, soit par contre en acier trempé..... pour nous en sortir, rien ne vaut le bon sens des allemands: on ne peut dépenser que ce que l'on a gagné.

le 14/11/2011 à 16:04
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Et il était ou le bon sens allemand ces dernièrs 150 ans? Je ne crois pas que les Allemands ait changé, tout au plus de methode, le but final reste pour eux le même, dominer par la force brute et le nombre. Bien sur il peut y avoir les amoureux de la...

le 14/11/2011 à 16:52
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Vous êtes vraiment pessimiste et nous n?en sommes pas là. Le 3 ème Reich à l?époque devait gagner la bataille avant l?arrivée des Américains et l?URSS était économiquement asphyxiée. Les Allemands ont toujours été difficiles à manipuler su...

le 14/11/2011 à 19:37
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Je constate tout de meme que l'allemagne jusqu'à il y a peu était considéré comme un géant économique et un nain politique. Ceci a bien changé: la politique européenne est desormais décidée largement par Berlin et accessoirement par Paris. Chaque so...

le 14/11/2011 à 20:58
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@ Laurent68, vous mettez le doigt sur la source du problème, c'est cette entente franco-allemande qui nous a conduit la ou nous sommes. Il est a mon avis trop tard pour changer de partenaire, la France est prise au piège. Nous aurons une Europe allem...

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