Une économie hors de la zone euro mais en mauvais état

Dette, déficit public, croissance, tous les indicateurs britanniques sont médiocres mais la politique monétaire indépendante fait la différence.
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La perte de la note AAA de la France n'est qu'une question de jours, tout au plus de quelques semaines. Le mois dernier, Standard & Poor's a mis sous surveillance négative la note souveraine française. Vendredi, Fitch a fait de même. Pourquoi envisagent-elles d'abaisser la France, plutôt que le Royaume-Uni ? La réponse tient en un mot : l'euro. La crise de la monnaie unique a une répercussion beaucoup plus forte sur l'Hexagone que chez nos voisins britanniques.

Pourtant, François Fillon et François Baroin soulignent, à juste titre, que les fondamentaux économiques du Royaume-Uni ne sont guère reluisants. Sa dette tourne autour de 85 % du PIB, environ au même niveau que la France. Son déficit pour 2011 est en revanche beaucoup plus élevé, au-dessus de 9 % de son PIB, tandis que celui de la France est un peu en dessous de 6 %. Cet avantage français devrait continuer dans les années à venir : en 2013, le déficit britannique resterait de 7,3 % du PIB, contre 3 % pour la France. Côté croissance, les Britanniques sont également à un niveau inférieur. Le PIB devrait augmenter de 0,9 % cette année, contre 1,6 % en France. De plus, le Royaume-Uni est fortement dépendant de la finance - environ 8 % du PIB - et celle-ci est en plein ralentissement.

Ces avantages hexagonaux sont cependant à relativiser avec d'autres éléments positifs du côté de la « perfide Albion ». La maturité moyenne de la dette y est beaucoup plus longue (14 ans en moyenne contre 7 ans en France). Le Royaume-Uni a donc plus de temps pour rembourser. De plus, la croissance française subit actuellement un très gros coup de frein et devrait rentrer en récession, selon les prévisions de l'Insee.

Dernier point enfin : le Royaume-Uni a lancé un grand plan de rigueur de quatre ans, en vigueur depuis début 2011. La TVA a été augmentée, certaines allocations sociales réduites et de nombreux budgets de l'État sont coupés. Plus de 250.000 emplois de la fonction publique ont été supprimés en 2011.

Néanmoins, la France a également annoncé des mesures d'austérité. De plus, la violence des coupes au Royaume-Uni a un effet négatif sur la croissance, et donc sur les recettes fiscales.

Sur cette base, les deux pays font donc match nul. La différence se fait sur la politique monétaire. Le Royaume-Uni possède sa propre banque centrale, qui décide du niveau de ses taux d'intérêt elle-même. Or, depuis le début de la crise, elle a été très interventionniste. Son taux d'intérêt est resté à 0,5 % depuis fin 2008. Pourtant, l'inflation frôle 5 % et est très nettement au-dessus de son objectif officiel de 2 %, et la Banque d'Angleterre aurait pu être tentée d'augmenter son taux directeur. Elle est aussi allée plus loin, en lançant à deux reprises un plan de création monétaire (en l'occurrence en achetant des obligations du Trésor britanniques). Le deuxième plan a été lancé en octobre.

Face à cet activisme monétaire, la Banque centrale européenne a été très timide. Les taux ont même été augmentés à deux reprises cette année (avant de les baisser récemment).

Enfin dernier point important : les banques françaises sont environ deux fois plus exposées aux pays périphériques de la zone euro que celles du Royaume-Uni.

Ceci étant dit, le Royaume-Uni n'est pas à l'abri. « Bien sûr, nous pouvons encore perdre notre AAA », note Vicky Redwood, économiste à Capital Economics. La moitié de son commerce s'effectue vers la zone euro, son économie tourne au ralenti et son plan de rigueur pourrait étouffer tout début de reprise. Mais si cela se produit, la France l'aura probablement précédé.

Commentaires 8
à écrit le 19/12/2011 à 13:10
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Ce qui est amusant, c'est que la France n'est pas pénalisée par l'Euro. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder nos fondamentaux économiques, et de les comparer au Royaume-Uni. Avec une classe dirigeante indigente, qui n'a cessé depuis 5 ans d'au...

le 20/12/2011 à 6:12
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Si un pays de taille moyenne (Italie, Espagne) tombe, toute la zone Euro sera entrainée. La France et surtout l'Allemagne voudraient le beurre et l'argent du beurre sans oublier le sourire de la crèmière. Les règles actuelles de la Zone Euro permette...

à écrit le 19/12/2011 à 12:03
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Et voilà : une fois de plus, on, apprend que la France est pénalisée... par l'euro alors qu'on nous avait vendu l'inverse. Nos exportateurs sont asphyxiés par une monnaie forte, ce qui est totalement illogique au regard de la situation économique de ...

à écrit le 19/12/2011 à 10:10
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A qui profite la crise de l'Euro that is the question?

à écrit le 19/12/2011 à 10:07
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Extrait GEAB 60 loin d'assister à une dislocation de la zone Euro, le choc qu'a tenté David Cameron sur ordre des financiers de la City (18), aboutit à une accélération de la dislocation du Royaume-Uni (19). Outre l'affrontement entre Libéraux-Démocr...

à écrit le 19/12/2011 à 9:20
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On dirait bien de la propagande teleguidée par nos chers voisins anglo-saxons drivés par les USA. Arretez de croire au pére noël ! GB est en pleine crise et regardez comment les ecossais et les irlandais veulent sortir du systéme pour venir dans la z...

à écrit le 19/12/2011 à 6:27
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faux !!!! si la Grande Bretagne est mieux notée c'est tout simplement parce qu'elle est plus réactive : elle a licencié 300 000 fonctionnaires instantanément et elle est capable de réagir très vite : mais nous aussi nous pouvons licencier 300 000 f...

le 19/12/2011 à 12:44
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sachant que licencier 300.000 fonctionnaires n'arrangera rien, ça fera juste un peu plus de récession. Il serait tellement plus facile d'annuler les dettes.

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