Présidentielle américaine : l'espion de César dans la course

Par Pierre Lemieux, professeur associé, université du Québec en Outaouais, auteur de "Une crise peut en cacher une autre" (Les Belles Lettres, 2010).
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Le discours sur l?état du l?Union, présenté la semaine dernière par le président démocrate sortant, Barack Obama, n?avait rien d?étonnant. Les commentateurs ont noté le caractère électoraliste de la prestation. Trois grandes idées populistes, de droite autant que de gauche, ont marqué ce discours.

Primo, l?attaque contre Wall Street et les riches,qu?il faut harceler légalement et imposer davantage. Notons que cela ne suffirait nullement à régler le problème du déficit et de la dette : on calcule facilement que doubler l?impôt sur le revenu des 1% au sommet de l?échelle des revenus couvrirait à peine le déficit annuel, sans compter que le nombre des riches et leur assiette fiscale diminueraient rapidement. Trop d?impôt tue l?impôt, mais le populisme ne s?en inquiète pas, car il s?agit surtout d?exploiter l?envie populaire.

Secundo, le protectionnisme : Obama propose des mesures pour inciter les entreprises américaines à ne pas produire à l?étranger ainsi que, bouc-émissaire commode, pour contrer les importations en provenance de Chine. Comme les mercantilistes du 17ème siècle, il ne comprend pas que ce qui importe dans l?échange n?est pas tellement la possibilité d?exporter que la liberté d?importer ? les deux étant du reste inséparables.

Tertio, l?idée que l?Etat doit activement assurer le bonheur de tous transparaît partout dans le discours du candidat démocrate. Cette idée, aux antipodes de l?Amérique historique, a gagné beaucoup de terrain à mesure que, dans ce pays également, l?Etat-providence croissait durant le 20ème siècle. Pour occuper le centre et attirer le plus de votes possible, Obama juge nécessaire de l?invoquer.

Barack Obama a enrobé tout cela dans un discours qui cherche à ne pas heurter les idéaux américains traditionnels, mais qui respire la politique industrielle et le capitalisme d?Etat.

Comme l?espion de César dans Astérix, le populisme prend les couleurs de n?importe quelle idéologie. Du côté des candidats à l?investiture républicaine, Newt Gingrich joue également la carte populiste. Entre lui et Barack Obama, on se demande parfois quelle est la différence.

Commentaires 3
à écrit le 01/02/2012 à 16:46
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Pierre Lemieux parle du populisme sans savoir de quoi il parle, à vrai dire. Lorsque l'on privilégie la "politique" à l'économie comme notion première, contenant à la fois tout en un les valeurs portées par la religion normalement détachées pour ce f...

à écrit le 31/01/2012 à 20:16
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En même temps expliquer à la population qu'elle devra se casser le cul a bosser 60h semaine pour un salaire minable et en assumant tous les risques via une précarité généralisée et sans pouvoir se soigner correctement ... tout cela pour que les plus...

le 01/02/2012 à 13:51
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parce que vous pensez que les programmes des gauches mondiales sont meilleurs? si une autre voie doit être trouvée elle doit sortir du capitalisme et du marxisme peut être quelque chose entre les deux mais ca reste à découvrir

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