Les « terres rares », qui avaient tant défrayé la chronique ces dernières années en raison du risque représenté par la concentration de l'offre, 90% dans un seul pays la Chine, revient dans l'actualité. Non pas pour relancer les inquiétudes - une « véritable bombe à retardement » prévenaient encore récemment certains -, mais plutôt pour rassurer les acheteurs, car ces petits métaux rentrent dans la fabrication de composants stratégiques pour nombre de secteurs industriels : automobile (notamment les modèles électriques), chimie et énergie (catalyseurs pour la transformation du pétrole en produits raffinés ou encore pales des éoliennes), aéronautique...
La Chine va doubler ses exportations
En effet, Pékin s'est fixé comme objectif de doubler le volume de ses exportations cette année... pour atteindre son quota. Car, en 2011, le marché des terres rares s'était écroulé, le quota officiel d'exportation - 31.130 tonnes, c'est à nouveau le même en 2012, selon les calculs de l'agence Bloomberg -, n' a trouvé preneur qu'à 49%, en raison des prix élevés. Cette appréciation des cours conjuguée avec le ralentissement de l'économie mondiale a fait chuter la demande, les industriels préférant puiser dans leurs stocks en attendant la fin des incertitudes. Conséquence, comme les prix sont redevenus attractifs, Pékin table sur un retour à l'achat des clients pour reconstituer leurs stocks.
Un enjeu géopolitique
Les terres rares (cérium, thulium, monazite d'où est extrait le thorium, bastnaésite, xénotime...) improprement nommées puisqu'on les trouve partout dans l'écorce terrestre, mais dont les réserves minières sont concentrées dans quelques pays (Chine, Russie, Etats-Unis) sont devenues un enjeu géopolitique. Longtemps dominé par les Etats-Unis, le marché s'était tendu après la décision de la Chine de rationaliser son exploitation pour réduire les effets néfastes sur l'environnement (comme l'avaient fait les Etats-Unis des années auparavant) et de privilégier la demande de ses industriels locaux. En 2009, la Chine avait encore un quota d'exportations de 50.145 tonnes, soit plus d'un tiers supplémentaire qu'aujourd'hui.