La Fed appelée à débattre de ses rachats de titres à l'avenir

La Réserve fédérale réunit ce mardi son comité de politique monétaire. Si aucun changement décisif n'est attendu cette semaine, les marchés seront attentifs, à la lecture prochaine du compte rendu de cette réunion, au moindre indice quant à la stratégie à venir de la banque centrale en matière de rachats de titres.
Ben Bernanke / Photo Reuters

En janvier dernier, à l?occasion de sa dernière réunion de politique monétaire, la Réserve fédérale avait créé la surprise. Ben Bernanke et les membres du comité avaient en effet décidé de prolonger jusqu?à fin 2014 le niveau exceptionnellement faible des taux. Ils avaient évoqué jusqu?alors l?horizon de la mi 2013. Quant au scénario de croissance, il avait été abaissé à 2,2-2,7%. De quoi réanimer les anticipations disparues d?un QE3, une troisième phase d?assouplissement monétaire quantitatif ou programme de rachats de titres. D?autant que l?Operation Twist, mise en ?uvre en septembre 2011 par la Fed et consistant à faire basculer sur le long terme la maturité moyenne des titres en portefeuille (en cédant pour 400 milliards de dollars de bons du Trésor en échange d?emprunts d?Etat à long terme, de six à trente ans), arrive à échéance fin juin.

Mais à la veille de la deuxième réunion de l?année de la Fed ce mardi, le tableau semble bien différent. Avec la forte hausse des cours du pétrole et des statistiques économiques encourageantes, certains des membres de la Fed seront probablement difficiles à convaincre quant à la nécessité de relancer les rachats de titres. Du moins à ce stade. Vendredi dernier, le rapport sur l?emploi du mois de février témoignait pour le troisième mois consécutif d?un chiffre supérieur aux 200.000 créations, à 227.000 en février.

La Fed devrait passer son tour cette semaine

Pour les économistes de RBS, la Fed devrait passer son tour. L?évaluation de la situation économique pourrait être revue marginalement à la hausse. « Les représentants de la Fed pourraient aussi indiquer qu?ils surveillent de près l?évolution des prix énergétiques ». Mais les perspectives de long terme contenues dans le communiqué ne devraient pas être modifiées. De la même façon, selon RBS, la Fed devrait maintenir inchangée la phrase du communiqué précisant qu?elle entend revoir régulièrement la taille et la composition de son portefeuille et qu?elle se tient prête à l?ajuster si besoin.

Exit un nouveau programme de rachats de titres ? Peut-être pas définitivement. Certains experts renvoient le sujet à plus tard, dans le courant du deuxième trimestre ou à l?issue de l?Opération Twist, en fonction de l?évolution des statistiques économiques. Et de souligner qu?il existe différentes options pour la Fed, entre rachats de créances immobilières et rachats d?emprunts d?Etat à long terme et sur le moyen de financer ces rachats, en faisant marcher la planche à billets ou en vendant des titres en portefeuille. Autant d?incertitudes.

La semaine passée, le « Wall Street Journal » avait évoqué l?hypothèse de rachats de titres, emprunts d?Etats à long terme ou créances immobilières, avec stérilisation de manière à éviter des effets inflationnistes. La Fed pourrait notamment procéder à des opérations de reprise de liquidités. Elle pourrait opter pour des dépôts rémunérés à 28 jours.

Débat autour des rachats de titres

« Deux camps peuvent s?opposer au sein du FOMC. Il y a ceux qui considèrent que la Fed doit encore mener une politique accommodante pour permettre notamment de soutenir le marché immobilier, lequel reste un handicap dans le schéma classique de reprise de l?économie américaine. D?autres craignent en revanche la menace inflationniste alors que le marché du travail s?améliore sensiblement », explique Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel-BGC.

« Un compromis pourrait effectivement prendre la forme d?apports de liquidités sur le marché de la titrisation des crédits hypothécaires, une manière d?encourager les banques à octroyer à nouveau des crédits aux ménages. Et pour éviter tout effet inflationniste, la Fed pourrait stériliser ses interventions, un peu à la manière de la Banque centrale européenne. », poursuit l?économiste.

« Cette hypothèse est imaginable. Elle pourrait être discutée. Mais une telle décision reste peu probable dès mardi », prédit Jean-Louis Mourier. De fait, les intervenants à l?affût de signaux sur cette éventualité ne seront pas fixés demain soir. Si débat il y a eu, il faudra en effet attendre la publication du compte rendu de la réunion de la Fed, dans un peu plus de deux semaines.

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