Israël lève le "secret défense" du budget de la Défense

Youval Steinitz, le ministre des Finances, a réussi a obtenir que le budget stratégique de la Défense, qui représente 6% du Pib, fasse l'objet d'un contrôle transparent, justifié par la nécessité d'améliorer la gestion des finances publiques.
Youval Steinitz, le ministre des Finances et le Premier ministre Benjamin Netanyanu/Copyright AFP

Pour la première fois, le "secret de défense" qui pesait sur le budget de l'armée israélienne va être levé dans les prochaines semaines. Le Trésor a en effet obtenu après des années de combat acharné l'accès à toutes les données concernant les soldes, les pensions, les budgets d'équipements des militaires. Youval Steinitz, le ministre des Finances, a ainsi remporté une victoire "historique". Depuis la création de l'Etat hébreu, jamais des "civils" n'avaient été autorisés à contrôler le sacro-saint budget de la Défense, dont la gestion relevait du domaine réservé des militaires.

Un montant record de 12 millions d'euros

"On a parfois l'impression que ce n'est pas un pays qui a une armée, mais une armée qui a un pays", avait lancé récemment Youval Steinitz. Benjamin Netanyahu, le Premier ministre, avait lui même admis ne pas savoir exactement comment les crédits publics alloués à la défense étaient gérés. Une absence de transparence d'autant plus gênante pour un pays démocratique que ces dépenses atteignent cette année le montant record de 12 milliards d'euros, soit plus de 6% du produit intérieur brut (Pib), une proportion environ trois fois supérieure à la moyenne des pays occidentaux.

Une rallonge de 350 millions d'euros

Cet énorme pactole ne suffit pourtant pas. Ehud Barak, le ministre de la Défense, demande 350 millions d'euros supplémentaires pour financer le déploiement de nouvelles batteries d'interception en vol de missiles ou de roquettes et renforcer les mesures de protection de la population civile face aux menaces de guerre avec l'Iran. Benjamin Netanyahu a conditionné son feu vert à l'ouverture des comptes de l'armée. Selon des estimations du ministère des Finances, une meilleure gestion pourrait à terme permettre de faire jusqu'à 2,5 milliards d'euros d'économie. Pour les responsables du ministère de la Défense, ces chiffres sont totalement "fantaisistes".

Cadre budgétaire annuel

Pour trancher dans ce débat qui a viré à la polémique, le Trésor va disposer des outils nécessaires. Un de ses contrôleurs aura un accès direct au même terminal d'ordinateur gérant les salaires que les militaires chargés du personnel. De plus, le ministère des Finances va fixer un cadre budgétaire annuel global. Il n'est toutefois pas évident que ces limites soient respectées à la lettre. Les nouvelles règles du jeu imposées n'interdisent pas à la commission des Finances du parlement d'accorder en cours d'année des rallonges réclamées périodiquement par l'état major en fonction des tensions politiques et militaires. En d'autres termes, le budget de la Défense devrait être désormais mieux surveillé, mais rien ne dit qu'il va diminuer pour autant...

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