Moscou hésite entre rente pétrolière et nécessaire innovation

En tant que président, Vladimir Poutine veut réaliser à la fois d'importantes dépenses sociales et militaires, réduire la dépendance de l'économie envers les matières premières et... obtenir un budget équilibré. La question que tous les observateurs se posent : mais où va-t-il trouver les ressources nécessaires ?
Vladimir Poutine présidant une réunion samedi dans sa résidence de Novo-Ogaryovo près de Moscou/Copyright AFP

Difficile de discerner quelles seront les grandes orientations de la politique russe dans les prochaines années. Jeudi dernier, à la sortie d'une des dernières réunions du cabinet ministériel présidée par Vladimir Poutine, le vice ministre de l'Economie Andreï Klepatch reconnaissait que "la décision finale n'a pas été prise. Nous avons deux options, deux scénarii à l'heure actuelle".

Soit jeter ses efforts dans le développement d'une économie basée sur l'innovation, soit poursuivre comme avant, c'est-à-dire bâtir une superpuissance de l'énergie. Ce qui est certain, c'est que Vladimir Poutine remonte sur le trône du Kremlin pour un troisième mandat le 7 mai. Le lendemain, la composition du cabinet ministériel sera annoncée. On sait déjà depuis septembre dernier qu'il sera dirigé par l'actuel président Dmitri Medvedev. Les promesses ont été clairement définies : augmenter les aides sociales, les salaires des fonctionnaires et les retraites (sans en repousser l'âge). Construire davantage de routes, d'infrastructures de transport. Renouveler entièrement les équipements militaires.

Pas de déficit budgétaire

Vladimir Poutine ne veut pas entendre parler de déficit budgétaire, il terrorise d'ailleurs souvent ses ouailles avec la "catastrophe de la zone euro", et promet de placer la population russe à l'abri. Le déficit budgétaire, aujourd'hui à 1,3% du PIB, doit être nul ou positif à partir de 2015. Si cela ne suffisait pas, il veut en plus diversifier l'économie, pour que les soubresauts de l'économie mondiale affectent moins une économie russe très largement dépendante de la rente pétrolière et gazière.

"C'est une mission noble", pointe Chris Weafer, économiste en chef chez Troika Dialog. "Le problème, c'est que les investisseurs songent tout de suite à une augmentation de la pression fiscale ». Pour l'instant, il est entendu que l'industrie métallurgique et pétrolière supportera le gros de l'effort. L'incertitude sur l'orientation du troisième mandat de Vladimir Poutine a pour conséquence une panne d'investissements depuis quelques mois et une monumentale fuite de capitaux depuis un an. Au 1er trimestre de cette année, 35,1 milliards de dollars ont mis les voiles vers les paradis fiscaux ou dans l'immobilier occidental.

Mettre l'accent sur le secteur des hautes technologies

Les économistes sont quasiment unanimes pour enjoindre le gouvernement à diversifier l'économie, seul moyen d'assurer la croissance du pays sur le long terme. Le scénario "innovation" mis au point par le ministère de l'Economie place l'accent sur le secteur des hautes technologies, l'investissement dans la science et l'éducation ainsi que dans la santé publique. La modernisation des infrastructures de transport et du complexe énergétique est également une priorité.

Cette option doit permettre une solide croissance et une inflation modérée, avec en contrepartie un déficit budgétaire chronique et une dette publique en augmentation (elle ne représente aujourd'hui que 10% du PIB russe). A l'horizon 2030, l'option "innovation" verrait les secteurs des télécommunications, de l'automobile et des technologies de pointe croître de 80%. La Russie deviendrait dans ce cas dès 2021 la 5e économie mondiale, devant la France, avec une croissance annuelle moyenne de 4,4%.

 A l'inverse, le scénario "conservateur" remplirait l'objectif poutinien d'un équilibre budgétaire dès 2015 grâce à une "modernisation active" du secteur de l'énergie. La croissance sera moins rapide (3,6% en moyenne) et un "retard technologique relatif" sera à prévoir. Sans parler du retard démocratique.

Commentaires 10
à écrit le 01/05/2012 à 19:47
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Le problème le plus important en Russie est d'ordre démographique.La population masculine est décimée par certains fléaux sociaux comme l'alcoolisme.Un homme russe vit en moyenne 59 ans et 11 mois.C'est le plus bas niveau des pays développés.La popul...

le 01/05/2012 à 20:28
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@sainte russie: vieille rengaine: 1) les taxes sur l'alcool ont augmenté de façon phénomémale 2) la jeune génération est plus concernée par son avenir professionnel que par l'alcool et 3) le gouvernemement russe octroie des aides conséquentes aux mèr...

à écrit le 30/04/2012 à 19:57
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Pour trouver l'argent nécessaire à l'équilibre budgétaire, en Russie, ce n'est pas compliqué : il n'y a qu'un envoyer un signal clair aux fonctionnaires pour qu'ils arrêtent de siphonner les budgets de l'Etat (estimation du siphonnage : de l'ordre de...

le 30/04/2012 à 20:51
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@Tartarin: vieille rengaine. Il faut sans doute des réformes, mais les fonctionnaires sont aussi utiles à l'État. Pour info: je ne suis pas fonctionnaire.

le 01/05/2012 à 4:44
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A lire votre commentaire, on peut se demander si vous viviez en Russie et êtes correctement informé ! Je n'ai pas écrit qu'ils ne servaient à rien ! Si vous avez déjà lu la littérature russe, vous devriez savoir que même à l'époque des tsars, les fon...

le 01/05/2012 à 14:55
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@Tartarin: encore une vieille rengaine: il n'y pas chez les fonctionnaires plus de voleurs que dans la société civile ordinaire... et pour ton info, j'habite une partie de l'année en Russie :-)

le 01/05/2012 à 20:04
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Inutile de discuter avec les sourds et les aveugles ! Je suis toujours amusé de voir les commentaires des français qui regardent la Russie de leur balcon, sans y vivre... Pour vraiment connaître un pays, il ne suffit pas de s'y rendre de temps en tem...

le 01/05/2012 à 20:23
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@Tartarin: faut aussi que t'apprennes à lire: j'ai 2 appartements en Russie et j'y passe plus de temps que tu ne crois.... et je parle aussi russe :-) Faudrait en effet que tu y mettes les pieds pour savoir de quoi tu parles :-)

le 01/05/2012 à 22:56
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Patrickb. Vous avez de la chance car lorsque je vous soutiens (je connais assez bien la Russie et j'ai quelques connaissances du russe), je suis censuré; donc je laisse ce site à sa connerie. Jean-Claude Meslin

le 01/05/2012 à 23:24
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@JCN32: Je ne soutiens personne, je suis trop vieux pour cela. J'essaye simplement de répondre à des contre-vérités quand la ficelle me paraît trop grosse :-) merci quand même du soutien.

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