Le taux de chômage repart à la hausse aux Etats-Unis

Avec 12,7 millions de chômeurs, la situation sur le marché de l'emploi s'est dégradée en mai aux Etats-Unis. Le rythme de créations d'emploi sa ralenti nettement plus que redouté, alors que la croissance de l'activité marque sévèrement le pas.
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Après plusieurs mois de repli en trompe-l??il, le taux de chômage américain - qui était tombé le mois dernier à son plus faible niveau depuis janvier 2009 - est reparti à la hausse en mai. Selon les chiffres officiels publiés ce vendredi par le département du Travail, il a progressé de 0,1 point, à 8,2% de la population active américaine. C'est la première fois depuis juin 2011 que la situation sur le marché du travail se dégrade. Un signe peu encourageant ? et plus particulièrement pour Barack Obama à cinq mois des élections - alors que la croissance semble nettement marquer le pas.

Certes, la première économie mondiale a affiché en mai un 27ème mois consécutif de créations d'emplois dans le secteur privé, avec 82.000 postes. Mais le rythme de créations n'en finit plus de ralentir: il est trois fois mois élevé qu'en février. En prenant en compte les 13.000 emplois supprimés par le gouvernement et les administrations locales, les Etats-Unis n'ont généré que 69.000 emplois de plus qu'ils n'en ont détruits le mois dernier. Un niveau nettement insuffisant pour espérer une baisse à long-terme du taux de chômage. D'autant plus que le taux de participation, qui mesure le pourcentage d'Américains considérés comme actifs, a légèrement progressé. En avril, il était tombé à son plus bas niveau en 30 ans. Sa baisse avait, ces derniers mois, entretenu l?illusion.

12,7 millions de chômeurs

Les économistes misaient sur une stabilité du taux de chômage (à 8,1%) et sur la création de 150.000 emplois en mai. Pour ajouter à leur déception, le département du Travail a abaissé ses estimations pour les mois d'avril et de mars, traduisant une dégradation encore plus marquée du marché de l'emploi, après un hiver, en apparence, particulièrement bon.

Fin mai, 12,7 millions d'Américains étaient à la recherche d'un emploi, dont 43% depuis plus de six mois. Une nette amélioration par rapport aux plus de 16 millions de chômeurs connus début 2010, mais qui reste encore insuffisante pour compenser les effets de la récession entamée en décembre 2007. En outre, 8,1 millions d'Américains subissent un temps partiel forcé pour des raisons économiques. En incluant les travailleurs découragés ayant abandonné la recherche active d'un emploi, le taux de chômage réel s'élève ainsi à 14,5%.

La croissance révisée à la baisse

Ce chiffre décevant sur front de l'emploi n'est pas le seul à confirmer le ralentissement de la croissance américaine. Jeudi, le département du Commerce avait d'ailleurs indiqué que ce ralentissement avait été plus marqué qu'initialement annoncé au cours du premier trimestre de l'année. Le Produit intérieur brut (PIB) américain de la première économie mondiale n'a en effet progressé que de 1,9% en rythme annualisé, contre un gain de 3% au cours des trois mois précédents. La première estimation, publiée fin avril, avait annoncé une croissance de 2,2%.

"Nous sommes entré dans une période de faible croissance économique, explique Craig Dismuke, économiste en chef chez Vining Sparks. 2% de croissance, c'est la nouvelle donne avec les chocs externes en provenance de la Grèce et de l'Espagne". Les Etats-Unis ne sont pas les seuls touchés. Au premier trimestre, la zone euro a affiché une croissance nulle. Et la Chine a connu sur la même période son plus faible taux de croissance (8,1%) en près de trois ans.

L'économie américaine peut encore compter sur le soutien de la consommation des ménages, qui représente à elle seule environ 70% de l'activité du pays. Si elle résiste encore - elle a progressé de 2,7% au premier trimestre, une progression de 0,6 point en rythme séquentiel -, "cela pourrait ne pas durer parce qu'elle était poussée par de meilleurs chiffres de l'emploi, qui sont déjà en train de s'estomper", prévient Aneta Markowska, économiste de la Société Générale à New York.

Moral en berne

D'autant que la confiance des ménages a fortement reculé en mai, selon l'indice du Conference Board. Ce dernier est baissé de 3,8 points, pour tomber à 64,9, au plus bas de l'année. Il s'agit du troisième mois consécutif de repli du moral des consommateurs, malgré la baisse des prix du carburant à la pompe qui s'étaient rapprochés les mois précédents de leurs records. Ce chiffre doit cependant être nuancé, dans la mesure où l'indice de confiance mesuré par l?université du Michigan montre au contraire un niveau qui n?avait plus été si élevé depuis 2007.

Reste que d'autres statistiques macro-économiques portant sur le mois de mai ne sont également pas vraiment encourageantes. L'indice PMI des directeurs d'achats de la région de Chicago a par exemple chuté, déjouant les prévisions des économistes, à 52,7 contre 56,2 le mois précédent. Cette évolution traduit un net ralentissement de la croissance de l'activité dans cet Etat du Midwest américain. "L'indice national pourrait tomber sous la barre des 50 (qui marque la frontière entre accroissement et contraction de l'activité, ndlr) au cours des prochains mois", prédit Carey Leahey de Decision Economics.

Cela ne manquerait alors pas de relancer le débat sur la mise en place de nouvelles mesures de soutien de la part de la Réserve fédérale (QE3). Fin avril, son président, Ben Bernanke, s'était dit prêt à intervenir si nécessaire, tout en indiquant que la banque centrale américaine prévoyait que le taux de chômage baisse entre 7,8 et 8% d'ici à la fin de l'année.

Commentaires 2
à écrit le 01/06/2012 à 16:02
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Comme je l'ai régulièrement indiqué les chiffres du chômage américain sont plus truqués qu'un programme stalinien. Le taux de chômage du pays dépasse les 31 % ! Avec ceux que l'on nomme les désespérés de l'emploi. Les faibles mesures contre l'immigra...

le 01/06/2012 à 16:52
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L'immigration...?? Vous devez vous tromper, je pense. Car depuis 2008, les TRES nombreuses pub pour les cartes vertes (travailleurs temporaires) ont complétement disparues du net.

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