L'Espagne contrainte de se laisser sauver par l'Europe

Le ministre de l'Economie espagnol, à la sortie de l'Eurogroupe qui s'est tenu cet après midi a confirmé que l'Espagne va "demander une aide financière européenne" pour ses banques. Malgré ses réticences, l'Espagne a dû se résoudre à demander une aide européenne car elle doit faire face aussi à bien d'autres problèmes à commencer par l'état dégradé de ses finances publiques et à la situation catastrophique du chômage.
Devant le siège de la banque Catalunya Caixa, à Barcelone. Copyright Reuters

L'Espagne va demander "une aide financière européenne" pour redresser son secteur bancaire, a annoncé samedi le ministre de l'Economie Luis de Guindos, à l'issue d'une conférence téléphonique de l'Eurogroupe samedi 9 juin.
"Cet appui financier sera dirigé vers le  Frob ((fonds public espagnol d'aide au secteur, NDLR), et le Frob injectera cet argent dans les banques qui le demandent", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, refusant de donner un chiffre pour cette aide.

Le ministre espagnol a para illeurs affirmé qu'en échange, il n'y a aucune condition de réformes économiques "hors du domaine du secteur financier". L'Espagne s'est trouvé en effet acculée samedi à devoir demander une aide européenne pour ses banques, ce qui résoudra son plus gros problème mais lui laissera encore de lourds chantiers à régler, comme la réduction de son déficit. Il y a encore dix jours, le chef du gouvernement Mariano Rajoy se voulait catégorique, dans l'une de ses rares interventions publiques: "il ne va y avoir aucun sauvetage" extérieur du secteur bancaire.

L'aide pourrait atteindre 100 milliards d'euros

Mais les choses se sont brutalement accélérées ces dernières heures sous la pression des marchés et de l'Europe, qui semblent vouloir régler la question avant les élections en Grèce du 17 juin, par crainte d'une contagion. "L'Espagne devra se laisser sauver, si le reste de ses partenaires européens le veulent", estime Rafael Pampillon, professeur d'économie à l'IE Business School de Madrid."Le gouvernement est d'accord, même s'il ne le dit pas" et "je crois que Rajoy va accepter le sauvetage", ajoute-t-il.

"Aujourd'hui, ce qu'il y aura, c'est une demande formelle d'appel à la ligne de crédit (du fonds de secours européen, ndlr) et ensuite commence le processus, mais c'est le gouvernement espagnol qui doit faire sa demande", dit aussi José Carlos Diez, économiste en chef à la maison de courtage Intermoney. Et "entre le moment où la demande est faite et où (le plan de sauvetage) est formalisé, il faut du temps: au Portugal, il s'était passé presque deux mois", rappelle-t-il.

Le rapport du FMI sur les banques espagnoles, publié vendredi soir, a chiffré leurs besoins à au moins 40 milliards d'euros, mais le montant de l'aide pourrait aller "jusqu'à 100 milliards", selon une source gouvernementale européenne. "Si l'Espagne ne trouve pas d'argent pour ses banques, à l'automne elle n'aura pas le choix et fera l'objet d'une intervention" extérieure, souligne le directeur du journal El Economista, Amador Ayora, dans un éditorial.

Dans l'attente des conditions d'attribution de l'aide européenne

Et pour sauver la quatrième économie de la zone euro, "le problème est que le montant ne sera plus de 60 ou 80 milliards, mais autour de 500 milliards".  Maintenant "il faut voir quelles seront les conditions (de cette aide): s'ils nous disent de relever l'âge du départ en retraite, de faire une réforme du travail plus approfondie, de baisser les salaires des fonctionnaires... ils vont peut-être en profiter", s'inquiète Rafael Pampillon.

"Les détails vont venir plus tard, et le diable est dans les détails", note José Carlos Diez: "la négociation sera sur mesure, il n'y a pas de raison que le programme soit le même que pour le Portugal ou l'Irlande". La seule contrepartie exigée de Madrid serait qu'il assainisse le secteur financier, selon une source gouvernementale européenne, de quoi contenter Mariano Rajoy, qui échapperait ainsi à un plan d'austérité.

Mais l'Espagne a un autre chantier à résoudre: après un grave dérapage budgétaire en 2011, elle a promis de ramener son déficit public de 8,9% à 5,3% cette année. Une tâche compliquée alors que ses 17 régions autonomes sont synonymes aux yeux des investisseurs de manque de rigueur budgétaire.

Beaucoup de maisons à vendre, beaucoup de chômage 

Rafael Pampillon, signale, lui, deux autres problèmes qui continueront à peser sur l'économie du pays: "le déséquilibre du marché du logement, avec beaucoup de maisons à vendre et peu de demande", dans un pays qui souffre des conséquences de l'éclatement de sa bulle immobilière en 2008. Autre tracas, "l'emploi, qui va aussi mettre longtemps à repartir", alors que l'Espagne a le taux de chômage le plus élevé du monde industrialisé (24,44%).

L'aide européenne "va vite augmenter la spéculation si l'Espagne devra demander un programme de sauvetage également pour ses finances publiques", relève Ralph Solveen, analyste de Commerzbank, dans une note. Justement, prévient José Carlos Diez, "l'objectif du sauvetage doit être cela", éviter un deuxième plan ensuite: "ce serait bien de le faire en une seule fois, de manière réaliste".

Commentaire 1
à écrit le 09/06/2012 à 20:57
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La nouvelle vient donc de tomber et sous la pression Madrid a fait volte face ! De 23 milliards annoncés pour Bankia...puis 40 pour le secteur bancaire...voici que l'on se retrouve comme prévu ,et annoncé en pleine "fuite" Sic en avant ! 100 Milliar...

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