L'Argentine a fini de rembourser ses dettes

Les derniers porteurs de titres émis par l'Etat argentin en 2001 seront remboursés ce vendredi. La crise de la dette argentine a provoqué de nombreuses plaies, encore béantes, dans la société argentine.
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Le compte à rebours s?achève aujourd?hui. Onze ans après la crise de la dette qui a secoué son économie, l?Etat argentin procédera aux derniers remboursements aux porteurs de titres qu?il avait émis en 2001 lors du gel des avoirs bancaires. Un gel à qui le gouvernement avait alors donné le nom de « corralito », c'est-à-dire petit enclos.

Pour célébrer l?événement, un compte à rebours a été installé sur écrans plats au MECON, le ministère de l'Economie. A quelques milliers de kilomètres, en plein centre de Manhattan, à Times Square, un autre panneau affiche depuis 1989 la progression constante de la dette américaine. Un panneau qui a dû être changé en 2011 car il ne pouvait afficher l?intégralité des chiffres?

La page se tourne vraiment  ?

Parmi les inscriptions défilant sur ce panneau installé à quelques centaines de mètres de la place de mai, on pouvait notamment lire « sans dette, nous sommes davantage libres ». « Une période historique se referme. Ce que nous allons rembourser maintenant n'est rien d'autre que ce que les banques auraient dû rembourser aux citoyens », a déclaré jeudi soir Cristina Kirchner, la présidente argentine lors d'un discours prononcé à la Bourse de Buenos Aires.

Concrètement, l'Argentine remboursera aujourd?hui 2,3 milliards de dollars, soit 1,86 milliard d'euros aux porteurs de titres. Le montant total de l?emprunt par émission de titres s?élevait à 19,6 milliards de dollars, soit 15,9 milliards d'euros. La fin du corralito que le gouvernement annoncera ce vendredi ne referme pas pour autant les souffrances que cette dette a provoquées dans la société argentine.

Eviter la fuite des capitaux

« La fin du corralito est un récit officiel. Pour des milliers d'entre nous, il est loin d'être fini », a expliqué à l'AFP Hugo Vazquez, le secrétaire de « l'Association des personnes lésées par le défaut », en référence à tous les procès encore en cours et aux vies brisées.

Entré en vigueur le 3 décembre 2001, le corralito a été mis en place pour stopper les retraits de liquidités des citoyens en 2001. Au total, 22 milliards de dollars ou 18 milliards d'euros avaient été retirés en en moins de trois mois. Le corralito limitait les retraits d'argent à 250 pesos par semaine et interdisait tout envoi de fonds à l'extérieur, pour lutter contre la fuite des capitaux. Prévue à l'origine pour une durée de 90 jours, ce dispositif provoqua la panique, chacun tentant de retirer ses dépôts des banques. Il entraîna la chute du gouvernement de Fernando de la Rúa trois semaines plus tard.

Un lourd tribut pour les Argentins

En gelant les avoirs bancaires dont le montant s?élevait à 70 milliards de dollars, Domingo Cavallo, le ministre de l?Economie a certes empêché la chute des banques mais il a déclenché le plus important défaut de paiement de l'histoire: 100 milliards de dollars (75 milliards d'euros). « C'était une fuite en avant. Au lieu de changer de politique économique, on prend alors une décision désespérée qui ne fait qu'aggraver la situation », a déclaré l'ancien ministre argentin de l'Economie Roberto Lavagna (2002-2005), dans une interview avec l'AFP.

Pour beaucoup d?Argentins, le corralito a eu des conséquences dramatiques. « J'avais été licencié et j?avais placé mon indemnisation sur un compte en dollars à la Scotianbank. Mon épouse avait une maladie rare et je n'ai pas pu retirer un seul cent de dollar pour payer ses traitements. La Scotianbank a quitté l'Argentine sans rembourser ses clients et nous avons dû vendre une petite maison, au pire moment, à la moitié de sa valeur », raconte Alberto Aran à l'AFP.

Tous les comptes ne sont pas soldés

Beaucoup ont récupéré leurs dépôts grâce à des décisions de justice. Mais des milliers d'autres se battent encore. Norma Rodriguez, se bat pour 4.106 dollars (3.371 euros). « J'avais un compte en dollars et on voulait me rendre des pesos. Certains ont accepté des pesos, d'autres des titres, moi ni l'un ni l'autre », explique-t-elle à l'AFP.

"On donnait un titre à un épargnant, mais comme il avait besoin d'argent, il le revendait à une banque : s'il valait 100, on lui en donnait 60. Aujourd'hui, alors que le gouvernement annonce la fin du corralito, ce même titre est payé 100 dollars, mais c'est la banque qui encaisse ! », se souvient Eugenio Artaza, le sénateur radical, membre de l?opposition qui a pris la défense des épargnants.
 

Commentaires 15
à écrit le 03/08/2012 à 19:47
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L'article est présenté de bien étrange manière et à lire les commentaires, il trompe pas mal de lecteurs. L'Argentine n'a pas « fini de rembourser ses dettes ». Elle est au bout d'un gros défaut partiel, c'est à dire qu'elle n'a pas remboursé intégra...

à écrit le 03/08/2012 à 16:18
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C'est seulement UN titre publique. La dette argentine a vu une croissance nominale d'approx. 40 millards USD (150 dans la crise de 2001, 190 approx en 2011). Ce qu'a changé sont les perspectives: le % de la dette sur le GDP est maintenant beaucoup pl...

à écrit le 03/08/2012 à 14:30
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Encore un exemple a suivre... https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=1rONc2FlTFc http://www.politique-actu.com/osons/islande-fera-triple-croissance-2012-cesar-perez-navarro/344537/ "ISLANDE FERA LE TRIPLE DE LA CROISSANCE DE L?UE EN ...

à écrit le 03/08/2012 à 14:05
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quand on ne rembourse pas ses dettes, la fin du remboursement est tt de suite plus rapide !

le 03/08/2012 à 16:53
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Ce qu'il y a de bien chez les rentiers craintifs, c'est qu'ils s'accrochent au plus petit fait de l'actualité pour espérer que la course du monde va s'inverser... Le défaut généralisé de l'economie occidentale est inéluctable pour la bonne et simple...

le 03/08/2012 à 17:14
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+1 l'argentine a fini par rembourser une partie de sa dette car elle est très exportatrice de matières premières agricoles. Quand tous les gros pays seront en récession et ça ne va pas trainer, l'endettement va se transformer en boule de neige et là ...

à écrit le 03/08/2012 à 14:04
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Si l'exemple argentin avait pu donner des leçons au reste du monde, dont nos politiques! Cela ne sert à rien de trouver des boucs émissaires comme la BCE ou l'Allemagne, le principes de base d'un ménage , d'une entreprise ou d'un état consiste à ado...

le 03/08/2012 à 14:24
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sans parler de l'exemple Islandais..!!!!!!http://www.youtube.com/watch?v=1rONc2FlTFc

à écrit le 03/08/2012 à 13:37
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http://www.youtube.com/watch?v=fJWrHaecInQ Petit rappel des faits Marine avait raison...!

à écrit le 03/08/2012 à 13:01
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Bonjour Fin de la dette argentine ?? lol.... Il reste un pour cette année un Boden de 3 M de dollars en décembre.. Par ailleurs la dette a augmenté ces 3 dernières années.. comment fait le gouvernement ?? il pille la Banco Nacion, les fonds destin...

le 03/08/2012 à 15:04
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Que croyez vous qu'il va se passer en France...!!! Réfléchissez...!!!

à écrit le 03/08/2012 à 11:33
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Comment comprendre le sauvetage économique de l'Argentine en entretenant une confusion majeure sur le réel statut des banques et des organismes qui gèrent la création et la destruction de monnaie? Confusion savamment entretenue par les banques elles-...

le 03/08/2012 à 12:06
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Vous sortez les mêmes arguments que les nationalistes, en pensant qu'un état peut effacer ses dettes comme par magie. Quels clowns. La vérité c'est que le peuple argentin a payé c'est tout.

le 03/08/2012 à 13:26
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Un clown s'est appelé Hitler... et le peuple allemand a payé.

le 03/08/2012 à 13:48
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@ JB...pourriez vous nous dire où et dans quel programme les Nationalistes donc MLP voulait effacer la dette Française vous confondez avec le Front de Gauche de Mélenchon..!!! http://librepenseur.org/video/marine-le-pen-sur-la-dette

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