La Chine veut accroître son contrôle sur les prix des terres rares

La Chine a lancé mercredi une plateforme d'échanges de terres rares. L'objectif de Pékin serait de renforcer son contrôle sur les prix de ces ressources stratégiques alors que la Chine assure plus de 90% de la production mondiale. La Chine a prévu cette année de doubler son volume d'exportation de terres rares alors, qu'en 2011, les ventes à l'étranger avaient été pénalisées par une appréciation des cours.
Une mine chinoise d'extraction de terres rares, dans la province de Jiangxi - Copyright Reuters

La presse officielle chinoise a annoncé mercredi le lancement d'une plateforme d'échanges de terres rares, alors que Pékin cherche à accroître son contrôle sur les prix de ces ressources stratégiques. Le premier producteur chinois de terres rares, Inner Mongolia Baotou Steel Rare-Earth Hi-Tech Co., a lancé cette plateforme d'échanges en coopération avec neuf autres compagnies et institutions, a déclaré l'agence de presse nationale Xinhua.

La production de terres rares représente un enjeu géopolitique majeur car ces petits métaux rentrent dans la fabrication de composants stratégiques pour nombre de secteurs industriels : automobile (notamment les modèles électriques), chimie et énergie (catalyseurs pour la transformation du pétrole en produits raffinés ou encore pales des éoliennes) ou encore dans l'aéronautique. Mais si la création d'une plateforme d'échanges est censée mettre fin à l'opacité des prix induite par des transactions se réalisant uniquement de gré à gré entre un nombre limité d'acteurs, les occidentaux craignent qu'elle ne soit utilisée par les entreprises chinoises pour organiser les flux de minerais à leur profit.

Fixation des prix "transparente et cohérente"

Conscient de cette inquiètude de la communauté internationale, Zhang Rihui, le directeur général adjoint de Inner Mongolia Baotou Steel Rare-Earth Hi-tech Co., a déclaré à la radio nationale chinoise que la fixation des prix par la plateforme serait "transparente et cohérente". Selon Xinhua, la plateforme sera dédiée, dans sa phase initiale, aux échanges physiques.

La Chine produit plus de 90% des terres rares alors qu'elle ne possède que 23% des réserves mondiales. Selon une source proche du dossier, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a mis en place en juillet un groupe spécial sur la question des exportations chinoises de terres rares, à la demande des Etats-Unis, de l'UE et du Japon. Les Etats-Unis accusent en effet la Chine d'imposer des quotas, ainsi que des formalités administratives sur ces terres rares, ce qui aboutit à une limitation des exportations, devenant de plus en plus chères pour les importateurs étrangers. Mais selon la délégation chinoise à l'OMC, la politique de Pékin en matière de terres rares vise à protéger ces ressources naturelles et à leur assurer un développement économique durable, pas à protéger l'industrie nationale.

Maîtriser les prix pour atteindre ses quotas d'exportation

La Chine a fixé des quotas d'exportation de 30.000 tonnes pour 2012, autant qu'en 2011. Mais l'année dernière, ses exportations de terres rares ont atteint la moitié des quotas en raison de prix trop élevés. Cette appréciation des cours conjuguée avec le ralentissement de l'économie mondiale avait contribué à faire chuter la demande, les industriels préférant puiser dans leurs stocks en attendant la fin des incertitudes.

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