Japon : le retour fracassant des conservateurs

Les conservateurs du PLD ont remporté la majorité absolue à la chambre des députés du Japon lors des élections législatives de dimanche 17 décembre selon les estimations convergentes des chaînes de télévision.
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Le Parti Libéral-Démocrate dirigé par Shinzo Abe, probable futur Premier ministre, a emporté de 275 à 310 sièges de députés à la chambre basse qui en compte 480, soit davantage que la majorité absolue de 241, selon la chaîne de TV publique NHK sur la base de sondages à la sortie des urnes. Ce mouvement qui avait dirigé le Japon quasiment sans interruption de la fin des années 1950 à 2009 signe ainsi un retour fracassant à l'occasion de ce scrutin anticipé. Il pourrait même décrocher la majorité qualifiée des deux-tiers des sièges avec son allié centriste du Nouveau Komeito, ce qui faciliterait la tâche de cette coalition face à un Sénat sans majorité claire.

Le Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre gauche) de l'actuel Premier ministre, Yoshihiko Noda, subit apparemment une sévère défaite en ne gardant que de 55 à 77 sièges, contre 308 lors de sa victoire historique du scrutin précédent de 2009. Connu comme un "faucon" en politique étrangère et ancien Premier ministre (2006-2007), Shinzo Abe s'est voulu prudent dans ses engagements, notamment en matière d'économie où le Japon souffre d'une déflation persistante, d'un yen vigoureux et du marasme international.

Carton rouge

Lassés de l'instabilité chronique (six Premiers ministres en six ans), les Japonais ont apparemment adressé un "carton rouge" au PDJ après une alternance ratée, mais n'ont pas pour autant voté avec enthousiasme pour le PLD. "Je ne suis pas d'accord sur tout avec le PLD, mais au moins c'est un parti expérimenté", a expliqué à l'AFP Yoichi Ono, un électeur de 82 ans rencontré dans un gymnase de Tokyo transformé en bureau de vote. "Le PLD est stable, c'est une bonne chose pour le Japon. Mais Shinzo Abe est trop à droite, je ne suis pas rassuré", affirme pour sa part Shunichi Kawasaki, un retraité de 68 ans.

Plus de 100 millions de Japonais ont élu les 480 députés de la Chambre basse qui choisiront ensuite un Premier ministre pour présider aux destinées d'une nation vieillissante, en récession économique et diplomatiquement aphone.

Face à une Chine en plein boom qui conteste au Japon la souveraineté sur des îles de mer de Chine orientale, les conservateurs ont accusé de mollesse les dirigeants du PDJ et promis plus de fermeté. Ils prévoient des budgets de relance pour doper la troisième puissance économique mondiale et une pression accrue sur la Banque du Japon pour qu'elle ouvre les vannes. "Il est temps de mettre fin à la confusion et au marasme de trois ans et trois mois", a lancé Shinzo Abe samedi lors de son dernier discours de campagne.

La triple tragédie de 2011

Il aura fallu moins d'une législature pour que le PDJ, certes desservi par une conjoncture économique mondiale difficile et la triple tragédie de mars 2011 (séisme, tsunami et catastrophe nucléaire de Fukushima) s'effondre dans une opinion publique qui l'avait plébiscité en 2009. Oubliant une dette colossale (plus de 200% du PIB) le PDJ avait été élu sur de généreuses promesses: scolarité gratuite pour les lycéens, augmentation des allocations familiales, baisse d'impôts pour les PME, pas de hausse de la taxe sur la consommation, suppression des péages d'autoroute, etc.

Beaucoup ont été égarées en route, et le PDJ, déjà affaibli par la perte du Sénat dès 2010, a apparemment subi une déroute. Fort de 308 députés en 2009, ses rangs avaient fondu avant même le scrutin, tombant à 230 lors de la dissolution de la chambre prononcée mi-novembre, en raison de nombreuses défections.

 

Commentaires 2
à écrit le 16/12/2012 à 20:55
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Une mémoire de poisson rouge, pour le pays le plus consommateur de poissons ; ou des difficultés économiques qui ne peuvent se passer d'un changement d'énergie ? - La seconde proposition n'est pas un particularisme nippon, mais le devenir de beaucoup...

à écrit le 16/12/2012 à 18:30
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"plus de 100 millions de japonais" : mensonge. Rappelons le taux de participation, merci.

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