Le point sur la prise d'otages en Algérie, 24h après l'attaque

La prise d'un quarantaine d'occidentaux en otage mercredi dans le sud de l'Algérie par des militants d'Aqmi marque une internationalisation du conflit.
La base d'In Amenas en Algérie, là où travailailent certains des otages. Copyright Kjetil Alsvik / Statoil

Il était 5h du matin le 16 janvier, lorsqu'un groupe d'assaillants se réclamant d'Aqmi - l'organsiation islamiste armée d'origine algérienne "Al-Qaida au Maghreb islamique" - s'en est pris à un bus de ressortissants étrangers, qui circulait entre une base d'exploitation de gaz près d'In Aménas et l'aéroport le plus proche. Les hommes, visiblement commandés par le chef historique d'Aqmi, Khaled Abou Abbas Mokhtar Belmokhtar, sont repoussés. Ils s'en prennent ensuite à une exploitation gazière proche de la frontière avec la Libye, à Tiguentourine. Il s'agit d'un complexe exploité par la compagnie britannique BP, l'algérien Sonatrach et le norvégien Statoil.

Présence de Français confirmée

Cette attaque se solde par la mort d'un Algérien et d'un Britannique, ainsi que par la prise d'otage de 41 occidentaux et de 150 travailleurs locaux algériens, selon les militants d'Aqmi. Des Anglais, des Japonais, des Américains, des Norvégiens, des Irlandais, ainsi que des Sud-Coréens et des Malaisiens feraient parti des otages. La présence de Français a été confirmée officiellement par le chef de l'Etat. Lors d'une conférence conjointe avec le Premier ministre portugais, le président a évoqué une "situation confuse" qui "évolue d'heure en heure", sans donner davantage de précision. La chaîne de télévision France 24 avait quant à elle diffusé jeudi matin l'enregistrement d'un témoignage présenté comme celui d'un Français retenu en otage par les islamistes dans un complexe gazier dans l'est de l'Algérie.

Une entreprise française est particulièrement visée par l'attaque: CIS Catering. Les employés algériens de sa filiale Cieptal auraient été pris en otage. "La situation est très préoccupante", jugeait le PDG de l'entreprise, Régis Arnoux mercredi soir sur BFM TV :

Mais les islamistes auraient décidé de se concentrer sur les otages étrangers et auraient libéré les Algériens dans la nuit de mercredi à jeudi selon l'agence nationale APS, qui cite des sources préfectorales. Jeudi matin, la chaîne privée algérienne Ennahar évoquait quinze étrangers retenus en otages par des islamistes sur un site gazier en Algérie, qui auraient réussi à s'échapper. De son coté, l'agence nationale de presse algérienne parle de trente employés algériens qui seraient parvenus à s'enfuir.

Un site bombardé?

Toujours dans la matinée de jeudi, la chaîne de télévision Al-Jazeera diffuse un enregistrement dans lequel trois personnes, présentées comme un Britannique, un Irlandais et un Japonais otages en Algérie réclament le retrait des militaires algériens qui encerclent le site gazier de BP, Statoil et Sonatrach où ils sont détenus, "pour permettre de lancer des négociations". A la mi-journée, les agences de presse relayaient des informations selon lesquelles le site gazier était visé par des bombardements de l'armée algérienne.

Internationalisation du conflit

La prise d'otages marque une internationalisation du conflit malien. Elle implique aussi bien les Algériens, que de nombreux pays occidentaux ainsi que les autorités maliennes et mauritaniennes. C'est la toute première attaque de ce type contre une exploitation gazière en Algérie. "L'attaque donne une nouvelle dimension", a estimé ce matin sur France Inter Christian Rouyer, l'ambassadeur de France au Mali. "Nous sommes actuellement confrontés à une dimension régionale et même internationale du problème", a poursuivi le représentant français.

Il considère que l'engagement international pour lutter contre les groupes terroristes est visé, y compris les Africains mobilisés aux côtés des occidentaux dans cette lutte. Les autorités algériennes "ne répondront pas aux revendications des terroristes et refusent toute négociation" a affirmé le ministre algérien de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia.

A La Haye, le procureur de la Cour pénale internationale a annoncé mercredi avoir ouvert une enquête sur les crimes de guerre présumés commis depuis un an au Mali par "divers groupes armés". Le secrétaire d'Etat américain à la Défense Leon Panetta, jugeait dans le même temps que les opérations militaires au Mali exigent "un effort international" que l'ONU devra confirmer. De son coté, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a dénoncé le "meurtre de sang froid" de l'un des Britanniques enlevés mercredi. Selon lui, dire qu'il s'agit de représailles à l'intervention militaire française au Mali est "une simple excuse".

Colère suite à l'ouverture de l'espace aérien algérien

Dans un communiqué publié sur le site mauritanien Alakhbar, les militants d'Aqmi indiquent pourtant: "Nous annonçons avoir réussi une attaque de taille en réaction à la croisade menée par les forces armées françaises au Mali". Ils réclament la libération de 100 islamistes détenus en Algérie pour relâcher les otages, ainsi que l'arrêt de l'intervention française au Mali et la mise à disposition de vingt 4x4 avec réservoirs pleins pour pouvoir rejoindre la frontière malienne.

L'ouverture de l'espace aérien algérien à la France dans le cadre des opérations qu'elle a entrepris au Mali depuis le 11 janvier : voilà la raison de la prise d'otages massive survenue mercredi dans le sud-est de l'Algérie, selon un expert, cité par BFM. Dans un communiqué, les jihadistes indiquent qu'ils ont choisi l'Algérie car ils n'acceptent pas "l'humiliation de l'honneur du peuple algérien" suite à la décision du président Abdelaziz Bouteflika d'autoriser ces survols.

L'Algérie craint depuis longtemps que la recrudescence de l'activité des militants d'Aqmi ne menace l'exploitation du gaz et du pétrole contenu dans ses sols, au sud de son territoire. Ce 16 janvier, les craintes des autorités algériennes viennent d'être confirmées.

Jeudi matin, les forces de l'ordre algériennes encerclaient le site gazier sur lequel la quarantaine d'otages est détenue. Les ravisseurs demandent le retrait de ces forces pour permettre des négociations. Pour rappel, huit otages avaient déjà été enlevés en Afrique de l'Ouest depuis le 16 septembre 2010, au Niger et au Mali, mais encore jamais en Algérie. Plus de 800 soldats français sont actuellement déployés au Mali. A terme, ils devraient être au nombre de 2.500.

(Avec agences)

Commentaires 11
à écrit le 18/01/2013 à 6:33
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Des zones d'ombre persisteraient dans cette attaque meurtriere du site gazier algerien perpetree par les terroristes de l'aqmi avec une facilite indescriptible du fait que les autorites d'alger auraient laisse ce site expose a toute eventualite sans ...

à écrit le 18/01/2013 à 5:35
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Il y aurait a mon sens des zones d'ombre dans cette prise d'otages d'etrangers et d'algeriens dans ce site gazier au sud de l'algerie qui necessitent d'etre eclairees. La question qui viendrait tout d'abord a l'esprit serait de se demander quelles s...

à écrit le 17/01/2013 à 20:16
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On aurait pu leur refourguer la Kangoo ZE. Histoire de faire de lancer la marque du nouveau site du constructeur Renault. Pas de bol, elle est fabriquée en France.

à écrit le 17/01/2013 à 14:59
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2013,en route pour les nouvelles croisades.

le 17/01/2013 à 16:10
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pfff... facile de tout melanger. !

à écrit le 17/01/2013 à 14:56
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Il y a un moins François Hollande en visite a Alger nous expliquait que c'etait le moment d'investir en Algérie ... alors qu'on se rend compte que - malgré les milliards de dollars de la vente du gaz et pétrole algérien - ce pays n'arrive même pas a ...

le 17/01/2013 à 16:23
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l'algérie avait prévenu qu'elle ne voulait pas d'une intervention militaire aussi rapide car cela allé destabiliser la zone ... En réfléchissant on savait pertinemment que l'intervention militaire allait crée ce genre de problème ... Votre raisonnem...

le 20/01/2013 à 18:20
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L'algerie avait effectivement refuse d'admettre une intervention militaire de l onu et les pays occidentaux au nord du Mali ,dans le seul but serait de garder sa main mise sur le nord du Mali pour raisons d'interets egoistes algeriens ,qui ne vont pa...

à écrit le 17/01/2013 à 12:50
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Depuis 1973, c'est l'argent du pétrole qui finance l'intégrisme musulman qui a fait tant de mal à la France et au monde. Depuis 1973, c'est l'argent du pétrole qui finance les programmes nucléaires de l'Iran et du Pakistan. Depuis 1973, c'est l'arg...

le 17/01/2013 à 13:05
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Excellent commentaire, il y a malheureusement "l'homme" dans tout ça, les conflits = vente d'armes (France super bon), le nucléaire France=N 1 (super bon) , Total = un des Leaders mondial ! Donc il y a le pays en total déconfiture pour vos raisons et...

le 17/01/2013 à 15:44
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déduction : on est vraiment des nases!

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