Van Gogh et Matisse au secours de Detroit ?

L'administrateur judiciaire en charge de redresser les finances de la ville berceau de l'industrie automobile américaine a demandé à Christie's d'effectuer une évaluation de la valeurs des œuvres du Detroit Institute of Arts : 66 000 œuvres pour le moment estimées entre 10 et 20 milliards de dollars
Le Detroit Insitute of Arts (DIA) a été fondé en 1885 et abrite l'une des plus belles collections d'oeuvres d'art des Etats-Unis.

"L'art sauvera le monde" a dit l'écrivain russe Fiodor Dostoïevski. En tous cas, il contribuera sûrement à sauver Detroit. L'administrateur spécial chargé de redresser les finances de la ville américaine en faillite songe sérieusement à vendre des tableaux du Detroit Institute of Arts (DIA), l'un des plus grands musées des États-Unis, pour redresser les finances de la Ville.

"Une évaluation rapide des œuvres" 

Déjà au mois de mai, le président du musée avait de quoi s'inquiéter lorsque des hommes de l'administrateur sont venu lui demander "une évaluation rapide des œuvres" du DIA. Illico, il avait engagé un avocat, le meilleur spécialiste du droit des faillites, racontait Le Monde dans un reportage daté du mois d'août.

"Si nous vendons ne serait-ce qu'un tableau de valeur, l'effet sera immédiat, se désolait alors Graham Beal auprès de la journaliste du quotidien français. Nous serons à la fois bannis de la communauté des musées et nous perdrons la confiance de nos donateurs. Et je peux vous assurer que la fermeture du DIA serait plus violente encore que la faillite de General Motors... Cela voudrait dire que la ville a cessé de se battre".

Depuis, la nouvelle a fait le tour du monde et provoqué un vif émoi au sein de la population et des amoureux d'art. Des administrés des trois comtés environnants sont tellement attachés à leur musée qu'en 2012, ils ont levé un impôt à hauteur de 23 millions de dollars pour sa survie. Et un sondage récemment réalisé a montré que 78% des habitants de Detroit demeurent opposés à la vente du patrimoine culturel de leur ville.

18 milliards de dollars de dette

Mais aujourd'hui, l'inquiétude est particulièrement justifiée, la menace se précise. Au début du mois, l'administrateur judiciaire de la ville de Detroit, Kevyn Orr, a annoncé que la Ville avait engagé la société de ventes aux enchères Christie's afin qu'elle évalue les collections du Detroit Institute of Arts, dans la perspective d'une vente pour payer les créditeurs de la Ville.

Il faut dire que Detroit doit faire face à une dette abyssale de 18 milliards de dollars. La culture, cela fait un bail qu'elle est passée au second plan. Depuis une soixantaine d'années, le Detroit Institute of Arts survit. Propriétaire du bâtiment et de sa collection, la Ville n'a plus débloqué de fonds pour l'acquisition de nouvelles œuvres dès les années 1950. Lâché dans les années 1980 par l'État du Michigan, le musée a finalement été repris en 1997 par une organisation à but non lucratif. Il abriterait actuellement environ 66.000 œuvres.

Christie's évaluerait la collection à entre 10 et 20 milliards de dollars

Alors adieu L'Autoportrait de Van Gogh ? La Fenêtre de Matisse ? Les Degas, Monet, Cézanne et autres Rubens ou Warhol ? Fondé en 1885, le musée revendique une collection très importante d'œuvres de maîtres acquises ou données par de riches mécènes de l'industrie automobile et de barons de la presse. L'estimation actuellement menée par Christie's s'élèverait entre 10 à 20 milliards de dollars.L'administrateur judiciaire de la ville a soulevé la possibilité de "tirer profit" de la collection via des prêts payants de toiles ou des cessions d'œuvres.

"Il s'agit vraiment d'une menace existentielle", affirme Annmarie Erickson, la conservatrice en chef et vice-présidente de l'établissement. "Vendre les toiles pourrait faire fermer le musée".

"Les gens ont besoin de pompiers et d'eau courante"

Mais tout le monde n'est pas opposé à ces ventes. De telles cessions pourraient bien constituer une véritable aubaine pour certains créanciers. Les milliers de fonctionnaires de la Ville retraités par exemple. Eux craignent de voir leurs pensions coupées et certains ont déjà scandé lors de manifestations : "Les gens avant Picasso".

Tyree Guyton, un ancien pompier aujourd'hui artiste et célèbre à Detroit ses fresques colorées sur les façades des maisons abandonnées de la ville confiait cet été à la journaliste du Monde : "Faut-il vraiment garder ces tableaux pour les mille ans à venir ? Est-ce que cela a un sens ? Les gens ont besoin de pompiers et d'eau courante, s'il faut pour cela vendre quelques tableaux, eh bien, vendons-les..."

Commentaires 3
à écrit le 19/10/2013 à 20:22
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les américains roulent en grosse bagnoles mais bouffent des patates , c'est ça ? Bah , c'est pas la joie...!!!

à écrit le 19/10/2013 à 13:01
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Détroit peut couler , on n'en a rien à cirer.

à écrit le 18/10/2013 à 23:32
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Et pourquoi pas? Quand on sait que le Louvre n'expose que 10% de ses collections, tout en continuant à acheter ou à préempter des ?uvres, on ne peut que souhaiter que inaliénabilité des ?uvres d'art disparaisse. Mais à nouveau, l'état glouton et en f...

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