La croissance bat de l'aile au Japon

Après une hausse de 1,1% puis de 0,9% lors des deux premiers trimestres de l'année, la croissance a nettement ralenti au Japon entre juillet et septembre, à 0,3% d'un trimestre sur l'autre.
Le gouvernement a approuvé jeudi dernier une nouveau plan de dépenses, équivalent à 40 milliards d'euros supplémentaires, toujours pour soutenir la région dévastée du Tohoku mais aussi préparer les Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo.

Ce n'est pas encore un coup d'arrêt mais c'est un sacré coup de frein. Après une hausse de 1,1% puis de 0,9% lors des deux premiers trimestres de l'année, la croissance s'est établie à 0,3% entre juillet et septembre, à 0,3%. Un chiffre qui rappelle l'ampleur du défi auquel fait face la politique de relance du Premier ministre Shinzo Abe.

+0,5%: une première estimation datant de mi-novembre

Une estimation préliminaire à la mi-novembre prévoyait une croissance à +0,5% au troisième trimestre, mais de nouveaux calculs publiés lundi par le gouvernement ont fait état d'une activité moins intense à cause d'investissements (hors immobilier) et d'ajustements des stocks des entreprises moins profitables à l'économie qu'escomptés.

Les ménages, dont les revenus stagnent, ont à peine augmenté leurs dépenses au troisième trimestre, bien que de nombreux économistes prévoient un rebond avant la hausse en avril de la taxe sur la consommation.

Fort déficit commercial au troisième trimestre

La croissance a en outre fortement pâti d'un lourd déficit commercial au troisième trimestre, alors que jadis le pays était abonné aux excédents grâce à la puissance de ses industries exportatrices dans l'automobile et l'électronique. De plus la dépréciation du yen d'un quart de sa valeur face au dollar et à l'euro en un an a rendu plus coûteuses ses importations à un moment où, privé de réacteurs nucléaires deux ans et demi après la catastrophe de Fukushima, l'archipel doit acheter toujours plus d'hydrocarbures pour produire son électricité.

L'économie japonaise a en revanche pu s'appuyer sur une progression robuste des investissements publics, favorisés par des dépenses gouvernementales supplémentaires d'environ 70 milliards d'euros débloqués en début d'année par le nouveau pouvoir conservateur. Ces fonds destinés entre autres à accélérer la reconstruction des zones du nord-est ravagées par le tsunami du 11 mars 2011 ont dopé particulièrement l'activité dans le secteur du bâtiment et des travaux publics.

Un nouveau plan de dépense de 40 milliards d'euros approuvé jeudi

Le gouvernement a approuvé jeudi dernier une nouveau plan de dépenses, équivalent à 40 milliards d'euros supplémentaires, toujours pour soutenir la région dévastée du Tohoku mais aussi préparer les Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo.

Cette prodigalité constitue le premier pan (ou "flèche") de la politique du Premier ministre de droite Shinzo Abe, revenu au pouvoir en décembre 2012, pour relancer l'économie et la sortir d'une déflation d'une quinzaine d'années, une tâche dont il a fait la priorité de son début de mandat. Deuxième vecteur, Shinzo Abe a poussé la Banque du Japon à assouplir considérablement sa politique monétaire en avril, sous l'égide du nouveau gouverneur, Haruhiko Kuroda, qu'il a lui-même choisi.

La troisième "flèche" des "Abenomics" pas encore tirée

Ce changement de cap a favorisé la chute du yen sur le marché des changes, ce qui augmente les revenus des entreprises japonaises exportatrices, une fois leurs profits convertis en yens, et dope par conséquent la Bourse de Tokyo, au plus haut ces dernières semaines en près de six ans.

Les "Abenomics" comportent une troisième "flèche", décrite à grand trait par son inspirateur mais pas encore tirée, qui est censée augmenter le potentiel de croissance du pays. Pour ce faire, le gouvernement veut restructurer un secteur agricole jugé peu productif, conclure des accords de libre-échange avec les Etats-Unis et l'Union européenne, réduire les impôts pesant sur les entreprises et faire adopter un certain nombre de "dérégulations" du marché du travail.

Une dette publique qui atteint 250% du PIB

De nombreux économistes préviennent toutefois que le gouvernement devra franchir une haie importante l'année prochaine, avec la hausse de la taxe sur la consommation (équivalente de la TVA française) qui risque de peser sur les dépenses des ménages au printemps après un rush dans les magasins avant son augmentation.

Au-delà, ils soulignent que le gouvernement doit rapidement mettre en oeuvre les "réformes structurelles" promises. Le FMI lui-même a prévenu que les autorités devaient ne pas tarder, d'autant que le pays est lesté par une dette publique abyssale de quelque 250% de son PIB, un record dans les pays développés.

Commentaires 10
à écrit le 09/12/2013 à 20:33
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Quand les Frankesteins attaquent les ruches et mangent le miel de abeilles, celles ci risquent de former un essaim, on voit les sondages de popularité des gouvernements...

à écrit le 09/12/2013 à 20:25
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On applaudit bien fort! On veut jouer aux mohicans avec les flêches?

à écrit le 09/12/2013 à 11:07
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Et dire qu'Hollande voudrait appliquer les abenomics à la zone Euro....

à écrit le 09/12/2013 à 10:53
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Une tonne d' economistes ( autre que ceux invites en boucle a c' est dans l' air, mots croises et j' en passe ) avaient annonce des le depart que ces QE ne fonctionneraient pas. Ca ne marche d' ailleurs nulle part, avec pour seul effet second la cre...

le 09/12/2013 à 14:27
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Hhmm... Si. Les QE fonctionnent. Et ils servent à maintenir le système en place. Sinon, il croule.

le 09/12/2013 à 15:21
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@ yvan : Oui, le système se maintient artificiellement, jusqu'à l'effondrement total de la confiance.

le 14/12/2013 à 12:40
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C'est une pyramide de Ponzi ou la masse de monnaie créée permet aux tonne d'emprunts d'états de s'écouler à taux bas. En 2014 le bilan de la FED sera de 4000 Milliards (vs 1000 milliards il y à 5 ans), idem pour la BCE qui est passé de 1000 milliards...

à écrit le 09/12/2013 à 9:24
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Ce n'est pas Abenomics mais Abecomics.

à écrit le 09/12/2013 à 7:57
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Si la France avait cette croissance la, il y aurait surement moins de licenciements. Pourquoi la croissance chute t' elle au Japon ? Ils aussi sont dirigés par des socialistes ?

le 09/12/2013 à 8:34
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Que le commentaire frise le néant, soit. Mais ne pourrait-il pas au moins respecter les règles d'écriture de la langue?

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