Ukraine : les lois répressives abrogées

Le Parlement ukrainien a abrogé les lois répressives à la quasi unanimité, quelques heures après la démission du gouvernement. Les négociations se poursuivent pour trouver une équipe qui lui succédera.
Le Parlement ukrainien doit se réunir ce mardi pour décider de l'abrogation des lois anticontestation et d'éventuelles amnisties. Mais l'opposition craint encore l'état d'urgence. (Photo : Reuters)

Le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, a annoncé sa démission ce mardi tandis que le Parlement, en session extraordinaire a tenté de mettre un terme à l'escalade de la crise lors d'une session cruciale du Parlement. Les parlementaires ont abrogés une série de lois répressives qui interdisaient quasiment toutes les manifestations. 

Abrogation sous les applaudissements

Dénoncées par les Occidentaux, ces lois ont contribué à la radicalisation du mouvement de contestation né du refus du président ukrainien fin novembre de signer un accord de libre-échange avec l'UE au profit d'un rapprochement avec Moscou. 

Des peines allant jusqu'à 5 ans de prison étaient encourues pour le blocage de bâtiments publics. Une autre mesure, considérées comme une forme de censure, punissait de travaux d'intérêt général les auteurs de texte considérés comme "diffamatoires" sur internet. 

Seuls deux députés ont voté contre l'abrogation et 361 pour, une quasi unanimité accueillie par des applaudissements.  Les élus doivent désormais débattre d'une amnistie des manifestants interpellés pendant les heurts avec la police.

Branle-bas en Europe, en Russie et aux États-Unis

Au même moment à Bruxelles, l'Union européenne et la Russie, qui s'accusent mutuellement d'ingérence, ont tenu un sommet réduit à la portion congrue. Il s'annonce tendu et largement dominé par la situation dans l'ex-république soviétique. Le président russe Vladimir Poutine doit s'entretenir avec les principaux responsables de l'UE, dont la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

Cette dernière s'envolera ensuite à destination de Kiev pour une visite de 48 heures, où elle doit rencontrer le chef de l'Etat ukrainien, Viktor Ianoukovitch, ainsi que les chefs de l'opposition. Le commissaire européen chargé de la Politique de voisinage, Stefan Füle, est arrivé quant à lui dès lundi en Ukraine.

Les États-Unis suivent aussi de près les événements. Lundi, le vice-président américain Joe Biden a prévenu le président ukrainien, au cours d'une conversation téléphonique, que "décréter l'état d'urgence ou prendre toute autre mesure sécuritaire aussi sévère ne ferait qu'aggraver la situation et réduirait l'espace pour une résolution pacifique" de la crise.

Concessions de dernière minute

Lors de pourparlers de dernière minute lundi, les trois leaders du mouvement de contestation, Arseni Iatséniouk, Vitali Klitschko et Oleg Tiagnybok ont obtenu satisfaction à l'une de leurs principales revendications :

"La décision politique d'abolir les lois du 16 janvier qui ont suscité un important débat a été prise", comme l'a indiqué la présidence dans un communiqué lundi soir.

Ces lois punissent sévèrement presque toute forme de manifestation et prévoit des peines allant jusqu'à la prison ferme pour toute personne qui y participe.

Elles ont été vivement dénoncées par les Occidentaux comme une atteinte aux libertés et entraîné la radicalisation du mouvement, débouchant sur les violents affrontements qui ont fait au moins trois morts la semaine dernière dans le centre de Kiev.

Poursuite tendue des négociations

"Il est évident que les négociations vont se poursuivre", a jugé le nationaliste Oleg Tiagnybok. "Ce que nous avons obtenu (mardi) est bien plus important qu'avant, mais ce n'est pas ce que nous exigeons", a-t-il ajouté.

La contestation est née du refus du président fin novembre de signer un accord de libre-échange avec l'UE au profit d'un rapprochement avec Moscou, qui a été vécu comme une trahison par une partie de la population. Mais l'opposition et la rue, à Kiev et dans une partie de plus en plus grande du pays, exigent désormais en premier lieu des élections anticipées visant à chasser du pouvoir Viktor Ianoukovitch.

La présidence a répété lundi que la session extraordinaire du Parlement débattrait de la confiance du gouvernement, que le président ukrainien avait proposé samedi à l'opposition de diriger.

L'opposition refuse la tête du gouvernement

Mais Arseni Iatséniouk, chef de file des députés de la formation Patrie de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, a refusé formellement lundi soir le poste de Premier ministre.

L'ancien champion de boxe Vitali Klitschko, qui s'était vu proposer de devenir vice-Premier ministre, a de nouveau balayé cette idée lundi soir. "Discuter d'une participation au gouvernement n'a aucun sens", a déclaré le chef du parti Oudar (Coup), qui avait déjà dénoncé des propositions "empoisonnées" destinées à "diviser l'opposition". Vitali Klitschko a également dit espérer que le pouvoir ne comptait pas instaurer l'état d'urgence, qui "constituerait une nouvelle étape de l'escalade de la crise".

Menace d'état d'urgence

Cette menace a été brandie par la ministre de la Justice Oléna Loukach après l'occupation de son ministère dans la nuit de dimanche à lundi par des contestataires, qui ont ensuite édifié des barricades de sacs de neige devant le bâtiment et aspergé d'eau la rue, transformant la chaussée en patinoire, à la faveur des températures glaciales de l'hiver ukrainien. Les manifestant ont vidé les lieux dans la journée et le ministre des Affaires étrangères, Léonid Kojara, a assuré que le gouvernement n'avait "pas l'intention aujourd'hui de décréter l'état d'urgence".

Hors de la capitale, les administrations de dix des 25 provinces sont occupées, en grande partie dans l'ouest, une région où le président est très impopulaire. Mais le mouvement touche également l'est, en partie russophone, même si les forces de l'ordre y ont repris l'initiative, recourant à la force pour déloger les manifestants.

La Russie, par la voix du chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, a condamné les manifestants, qualifiés de "jeunes fascistes", mettant en garde contre toute volonté d'ingérence. Les pays occidentaux ont de leur côté dénoncé ce qu'ils ont qualifié de violences policières contre les contestataires.

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>> Ukraine : ce que l'Europe refuse de voir

(Article créé le 28/01/2014 à 08:54 mis à jour à 15:35)

Commentaires 3
à écrit le 28/01/2014 à 16:51
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chouette et chez nous c'est pour quand?

le 28/01/2014 à 17:27
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En France nous avons le franquisme nouveau by Valls né à Barcelone et dont la famille s'est réfugiée en Suisse (source Wikipédia)

le 03/02/2014 à 19:07
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Quelle analyse lumineuse... grâce à vous ze comprends pourquoi étant né à Langres on me qualifie d'encyclopédiste... Vous êtes de Charenton?

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