Tokyo se choisit un gouverneur pro-nucléaire

Trois ans après l'accident de Fukushima, les Tokyoïtes du Japon ont élu l'ancien ministre de la Santé Yoichi Masuzoe au poste de gouverneur de la capitale du Japon, malgré son engagement pro-nucléaire. Ce dernier avait mis en avant son programme économique, notamment la réussite des Jeux Olympiques de 2020.
"Je voudrais élever la part des énergies renouvelables à Tokyo à 20% de l'électricité produite contre 6% actuellement", a précisé Yoichi Masuzoe, élu nouveau gouverneur de la capitale du Japon, Tokyo, et ses 13 millions d'habitants.

Les Tokyoïtes ont élu dimanche comme gouverneur Yoichi Masuzoe soutenu par le parti pro-nucléaire au pouvoir, un choix qui privilégie les questions socio-économiques et la préparation des JO au détriment de l'opposition à l'atome.

Trois ans après l'accident de Fukushima, les habitants de Tokyo ont préféré l'ex-ministre de la Santé, politologue et ancien commentateur de télévision Yoichi Masuzoe aux candidats antinucléaires Kenji Utsunomiya, avocat soutenu par le Parti communiste, et Morihiro Hosokawa, un ex-Premier ministre.

Un total de 16 hommes briguaient le poste vacant de gouverneur.

Morihiro Hosokawa, chef de gouvernement entre 1993 et 1994, était tout juste sorti d'une retraite politique de 20 ans pour s'opposer à l'énergie atomique, avec le soutien d'un autre "ex", l'imprévisible Junichiro Koizumi.

"J'ai manqué de temps pour me préparer. Je n'ai pas réussi à mettre le thème antinucléaire au centre de la campagne", a reconnu M. Hosokawa dont la candidature n'a jamais décollé. Il a même été devancé à la deuxième place par M. Utsunomiya, un défenseur des libertés publiques bien implanté localement.

Enjeux économiques et sociaux

Si le duo Hosokawa-Koizumi et Kenji Utsunomiya ont bien tenté de transformer le scrutin en référendum pour ou contre l'énergie nucléaire, Morihiro Masuzoe, lui, a préféré attirer l'attention sur la préparation des JO de 2020 et sur les enjeux économiques et sociaux, utilisant son passé de populaire ministre de la Santé de 2007 à 2009.

"Je souhaite que les jeux Olympiques et paralympiques de Tokyo en 2020 soient une réussite", a-t-il déclaré.

A l'instar du numéro 2 du Parti Libéral-Démocrate (PLD) au pouvoir, le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, s'est réjoui du choix d'un gouverneur qui est "sur la même ligne que l'équipe du Premier ministre Shinzo Abe". "C'est une très bonne chose pour Tokyo et pour le Japon", a-t-il clamé.

Favorable à plus d'énergie renouvelable

Interrogé sur l'énergie, Yoichi Masuzoe a jugé "important de réduire peu à peu la part de l'énergie atomique". Dans le contexte post-accident de Fukushima, même le gouvernement pro-nucléaire de Shinzo Abe concède qu'il faut diminuer le recours à cette ressource dans la production d'électricité.

"Je voudrais élever la part des énergies renouvelables à Tokyo à 20% de l'électricité produite contre 6% actuellement", a précisé Yoichi Masuzoe.

La campagne de deux semaines a été assez poussive et les grands médias japonais n'ont cessé de donner l'avantage dans les sondages à Yoichi Masuzoe, qui voit sa carrière couronnée à 65 ans. Il s'était déjà présenté en 1999 mais avait alors été défait par Shintaro Ishihara.

Un taux de participation au scrutin de 46%

Plus de dix millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans 1.869 bureaux de vote, mais la participation a été faible.

Elle n'a atteint que 46,15%, en recul de plus de 16 points par rapport au scrutin précédent, couplé aux législatives, en novembre 2012.

Les observateurs craignaient avec raison un désintérêt des jeunes auquel se sont ajoutées les conséquences d'une tempête de neige sans précédent depuis un demi-siècle sur Tokyo samedi.

Risques de glissade

Les risques de glissade ont sans doute dissuadé nombre de personnes âgées, généralement les plus assidues aux élections, de sortir de chez elles, même si les abords des bureaux de vote avaient été déblayés et si la température a été plutôt clémente dimanche.

Cette élection a été convoquée à la suite de la démission en décembre de Naoki Inose, élu gouverneur fin 2012 mais chassé au bout d'un an par un scandale politico-financier.

Un autre candidat particulièrement suivi, Toshio Tamogami, est arrivé en 4e position. Cet ex-général pro-atome, limogé de l'armée de l'air pour avoir émis des opinions révisionnistes, était soutenu par l'ex-gouverneur nationaliste Ishihara.

Le défi du vieillissement de la population

Dès son entrée en fonction, le nouveau plus haut responsable de Tokyo devra s'atteler sans tarder à la préparation des Jeux olympiques de 2020. Les Tokyoïtes attendent aussi de lui qu'il œuvre pour que la capitale, centre économique de 13 millions d'habitants dont le budget équivaut à celui de la Suède, réponde au défi du vieillissement de sa population et de la forte menace sismique, sans perdre son formidable pouvoir d'attraction culturel et commercial.

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