L'entrée en Bourse de Weibo, le "Twitter chinois", plombée par la censure

La censure chinoise rend les actions de Weibo, l'équivalent de Twitter en Chine, moins attractives que celles de son homologue américain. L'entreprise en est consciente et met en garde le gendarme boursier avant son introduction en Bourse.
Weibo, le "Twitter chinois", prévoit de lever "seulement" 500 millions de dollars lors de son introduction en Bourse. (Photo : Reuters)

Lors de son introduction prochaine en Bourse, Weibo, le "Twitter chinois", ne devrait lever "que" 500 millions de dollars, selon une estimation de la société. Le réseau social paiera le prix de la censure que lui impose le gouvernement chinois, estime le magazine Quartz

La somme est faible, comparée à ce que des sociétés similaires ont pu lever, note dans son article le journaliste Adam Pasick. Certes, le capital de l'entreprise reste en partie verrouillé. Les actionnaires principaux, les chinois Sina et Alibaba, doivent en conserver le contrôle.

Pourtant, cela n'explique pas tout : Weibo a également modéré son estimation pour prendre en compte le coût de la surveillance rapprochée du gouvernement chinois.

Weibo admet que la censure perturbe son activité 

Dans les documents fournis au gendarme boursier américain (SEC), la société est la première à reconnaître l'impact négatif de la censure sur son introduction en Bourse. La section "Risques" du document est sous-titrée :

"Les règles en vigueur et la censure de l'information sur internet en Chine sont susceptibles d'avoir un impact négatif sur notre activité. [...] Nous sommes tenus de vérifier l'identité de tous les utilisateurs de Weibo, mais nous n'avons pu remplir cette obligation, ce qui nous expose à de sévères sanctions de la part du gouvernement."

Et les avertissements se succèdent : "les incertitudes dans l'interprétation et l'application des lois chinoises pourraient limiter les protections légales dont nous bénéficions".

Quand la censure frappe, les utilisateurs s'en vont

La société risque donc à tout moment de fermer, explique Weibo, si elle publie des contenus jugés "réactionnaires, obscènes, superstitieux, frauduleux ou diffamatoires", qui "altéreraient la dignité nationale de la Chine" ou plus généralement qui "violeraient de toute autre manière les lois et régulations de la République Populaire de Chine". 

De plus, chaque fois que la censure muselle le réseau social, le nombre d'utilisateurs chute, selon une infographie du Daily Telegraph. Difficile de monétiser les publicités ou les services proposés par le site quand le trafic est en baisse.

La liberté d'expression, un avantage en Bourse

D'autant plus que l'indépendance paie. La liberté d'expression que laisse Twitter (interdit en Chine depuis 2009 pour son refus de la censure) à ses usagers lui garantirait des performances boursières surpassant celles de son cousin chinois. Selon une estimation de Quartz, chaque utilisateur actif de Weibo "vaudrait " 52 dollars, contre 126 dollars pour un "Twitto".

Le magazine se base sur une projection du Financial Times, qui évalue la société à 7 milliards de dollars, pour 129 millions d'utilisateurs actifs mensuels. Twitter, quant à lui, est évalué à 30,6 milliards de dollars pour 241 millions d'utilisateurs.

Mais si les deux sociétés étaient déficitaires en 2012, Weibo a réduit ses pertes nettes à 38 millions de dollars en 2013. La même année, celle de Twitter s'élevait à 645 millions de dollars (contre 79 millions pour 2012).

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