Quand Tim Geithner, l'ex-secrétaire américain au Trésor, réécrit la crise de 2009

L'ancien président de la Réserve fédérale de New York et secrétaire d'Etat au Trésor évoque dans ses mémoires un plan visant à soutenir Barclays pour acheter Lehman Brothers. Cela aurait permis d'éviter la faillite de la banque survenue en septembre 2008, laquelle a contribué à entraîner les Etats-Unis et le reste du monde dans la crise financière.
Timothy Geither, l'ancien patron de la Fed, a baptisé son livre "Stress test". L'ex-secrétaire américain au Trésor y raconte sa vision de la crise de 2009. (Photo Reuters)

Septembre 2008, Lehman Brothers fait faillite. C'est le début (officiel) de l'une des plus graves financières mondiales. Mais les choses auraient pu en aller autrement si l'un des plans de sauvetage évoqué par Timothy Geithner avait été choisi. C'est ce qu'affirme ce dernier dans ses mémoires à paraître ce lundi outre-Atlantique et baptisées "Stress test". 

Alors président de la Réserve fédérale de New York et, à ce titre vice-président du comité fédéral de l'organisme chargé entre autres de l'achat et de la vente des titres d'État (FOMC), Tim Geithner, avait tenté de sauver la banque. L'un des plans envisagés consistait à soutenir la banque britannique Barclays pour qu'elle rachète Lehman Brothers. Cette dernière était alors seule en lice après l'abandon de Bank of America, elle-même intéressée par Merril Lynch.

Un week-end décisif

Celui qui allait succéder à Hank Paulson au secrétariat d'Etat américain au Trésor en 2009 revient notamment sur ses divisions avec ce dernier, ainsi qu'avec Ben Bernanke, l'ancien patron de la Réserve fédérale, qu ont culminé au cours d'un week-end ayant précédé l'annonce de la faillite.

Le quotidien Financial Times cite des extraits de l'ouvrage: 

"Je suis certain que la Fed aurait aidé à financer un accord avec un acheteur potentiel, et je pense que Hank [Paulson, le secrétaire au Trésor de l'époque] aurait soutenu cela, quoi que ses proches aient pu raconter à la presse."

En effet, Hank Paulson s'opposait publiquement à un financement de la part de l'Etat. "Je commençais à craindre qu'il ne le pense vraiment", commente Tim Geithner selon un extrait cité par le Wall Street Journal

À propos de ses divergences avec le patron de la Fed d'alors et son prédécesseur au Trésor, Geithner indique:

"Ces désaccords n'étaient pas fondamentaux. Hank et Ben auraient eu le courage de changer de cap et de faire ce qui devait être fait."

Droit de vote des actionnaires

Ce plan de sauvetage de Lehman se heurtait toutefois à plusieurs limites. Tim Geithner précise ainsi: 

"Une aide de la Fed n'aurait pas éliminé le risque pour Barclays, encore moins la nécessité inscrite dans la législation britannique d'un vote des actionnaires, et je ne vois pas comment cela aurait changé l'avis des Britanniques". 

Surtout, il explique que les trois responsables s'inquiétait de l'impact politique d'un tel plan de soutien. "Nous ne voulions pas donner l'impression que les aides du gouvernement étaient disponibles à la demande", écrit-il. 

Quelques pépites

Par ailleurs, son livre fourmille visiblement de détails et d'anecdotes parfois surprenantes. Tim Geithner raconte ainsi que l'ancien directeur de la banque d'investissement Merrill Lynch, John Thain, ne connaissait même pas le nom de la personne en charge de la gestion des risques au sein de sa propre entreprise. 

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Pour aller plus loin

>> Cinq ans après Lehman Brothers, un système bancaire (pas tellement) plus sûr 

Commentaires 2
à écrit le 13/05/2014 à 7:56
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Racheter Lehman Brothers...pour que ces messieurs puissent se goinfrer encore plus longtemps et sans vagues...de toute facon ils recommencent avec la benediction des politiques ( Sarko travaille pour Goldman Sachs ...on croit rever...non cauchemarder...

à écrit le 12/05/2014 à 15:29
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Encore un qui a subit une hontectomie très tôt. Quand on sait le rôle qu'il la joué, ce qu'il a fait et empêché de faire, c'est grotesque. Il serait intéressant de savoir s'il aborde dans ses mémoires les nombreuses alertes auxquelles il n'a pas do...

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