Venezuela : un contrôle des empreintes digitales au supermarché ?

Le gouvernement vénézuélien veut mettre en place un système biométrique pour contrôler les achats de chacun afin de lutter contre la contrebande, estimée responsable de la pénurie dont souffre le pays.
Le chef de l'Etat vénézuélien, Nicolas Maduro, espère stopper la contrebande et améliorer le sort de la population en contrôlant les achats des ménages

Nicolas Maduro veut frapper un grand coup. Le président vénézuélien a décidé de prendre une mesure radicale pour lutter contre la contrebande: contrôler les achats de tous les citoyens de son pays au moyen d'un système de reconnaissance des empreintes digitales:

"L'ordre a été donné pour la mise en place d'un système biométrique dans tous les établissements et réseaux de chaînes de distribution et commerciales du pays" (cité par AFP)

Ainsi chaque personne pourra se procurer une "carte d'approvisionnement assuré" et pourra faire un nombre limité d'achats de produits de base par semaine: Papier toilette, huile, lait, sucre, farine et autres. Le gouvernement souhaite ainsi stopper les contrebandiers qui achètent ces produits en grande quantité et les revendent à prix d'or sur le marché noir dans le pays ou à l'étranger.

La contrebande, un mal endémique

Le gouvernement socialiste du Venezuela estime que la contrebande est responsable de la disparition de 40% des produits de première nécessité du pays et de 100.000 barils de pétrole par jour. Principale cause, les différences de prix colossales qui existent entre le Venezuela et la Colombie voisine.

En effet, le Venezuela, qui possède les plus importantes réserves de pétrole du monde devant l'Arabie saoudite, subventionne massivement l'essence et les denrées alimentaires de base. Ces dernières y coutent jusqu'à cinquante fois moins cher qu'en Colombie. L'essence, quant à elle, est tout simplement la moins chère du monde.

Mettre fin aux pénuries

La population vénézuélienne souffre au quotidien de nombreuses pénuries touchant les produits de base: œufs, farine, lait, déodorant... Les magasins sont peu approvisionnés et il faut parfois faire des heures de queue pour obtenir du lait en poudre par exemple, à défaut de lait frais, presque introuvable à certaines périodes. Dans le domaine médical, les pénuries prennent des proportions inquiétantes: les médecins et infirmiers manquent d'anesthésiant, de gants, de sérum ou encore de matériel pour réaliser les sutures et les patients qui veulent être opérés doivent souvent amener leur propre matériel!

Le gouvernement espère trouver une solution à ces problèmes en luttant contre la contrebande avec le système de contrôle biométrique des achats. Mais il semble que ces pénuries soient en grande partie dûes au principe de restriction par l'Etat des devises pour les entreprises qui importent, mis en place sous Hugo Chavez. En effet les importateurs doivent adresser une demande à l'Etat pour se fournir en devises, qui leur est bien souvent refusée. Malgré quelques efforts pour assouplir ce système, la demande de biens de consommation reste bien plus importante que l'offre.

Une mesure accueillie avec scepticisme

"Maintenant, nous achèterons quand le gouvernement en aura envie" titrait en une le journal populaire 2001 en réaction à la mise en place des contrôles biométriques. Pour Roberto Leon, le président de l'Association nationale d'usagers et consommateurs (Anauco), cette mesure reste de la poudre aux yeux (cité par AFP):

"En limitant les achats, on ne résout pas le problème de fond, qui est lié à la production et aux mécanismes d'importation pour couvrir une demande qui dépasse l'offre. Ce genre de mesures, c'est plus de la communication" et "ensuite ça se traduit en atteinte aux droits des citoyens".

Le gouvernement vénézuélien fait également fermer sa frontière avec la Colombie toutes les nuits de 22h à 5h depuis le 12 août, mais malgré une communication triomphaliste, la contrebande est loin d'être enrayée. En effet un des problèmes majeurs reste celui de la corruption des forces de sécurité des deux côtés de la frontière, qui prennent leur part du gâteau dans ce trafic lucratif.

Beaucoup reste à faire

Pays extrêmement riche en matières premières, le Venezuela accumule pourtant les contres-performances économiques et sociales. Il a notamment connu la plus forte inflation d'Amérique latine en 2013 et le deuxième plus fort taux de criminalité du monde après le Honduras, selon Le Monde. L'insécurité n'a cessé de progresser depuis l'arrivée au pouvoir de Hugo Chavez, et son successeur n'y a pour l'instant rien pu y changer.

Cela fait du Venezuela l'un des principaux pays d'émigration en Amérique latine actuellement. Reste à voir si le "socialisme du XXIème siècle", de plus en plus contesté par les Vénézuéliens, va savoir réagir face à ces défis.

Commentaires 3
à écrit le 28/08/2014 à 9:45
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c'est comme d'habitude , le socialisme ça ne marche pas mais c'est la faute des autres ...

à écrit le 27/08/2014 à 18:07
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"Reste à voir si le "socialisme du XXIème siècle", va savoir réagir face à ces défis." Ça ne risque pas, puisque c'est justement le socialisme qui a ruiné le Venezuela, un des pays les plus riches au monde. Limiter les achats quand il n'y a plus ri...

à écrit le 27/08/2014 à 16:28
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Et voici que mon pays se rapproche un peu plus du regime cubain. Nous n'avons plus de voitures produites, plus de voitures importées, pas assez d'huile sucre papier toilette, les industries expropriées ne produisent plus rien d'où les problèmes d'apr...

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