Les inégalités réduisent la croissance, affirme l'OCDE

Contrairement à une idée bien établie, les inégalités ne sont pas un facteur de croissance, au contraire. C'est ce qu'affirme désormais l'OCDE
Ivan Best
Aux Etats-Unis, la minorité des 1% les plus riches encaissait 9% du revenu global en 1981. Elle en touche désormais près de 20%

C'est la fin d'une vérité bien établie : celle d'un « trade-off » entre inégalités et croissance. Traditionnellement, on estime que les sociétés peuvent faire un choix entre une croissance élevée, mais avec des inégalités importantes -Etats-Unis, par exemple- ou plus d'égalité, mais au prix d'une croissance plus faible (cas de la France). Dans une étude publiée ce mardi, l'OCDE décide de tordre le cou à cette idée tenace. Pour les experts, les inégalités ne peuvent être associées à une croissance supplémentaire, elles sont au contraire un facteur de moindre croissance.

 Ce graphique montre l'impact de l'évolution des inégalités (1985-2005) sur la croissance cumulée ultérieure (1900-2010)

 8,5% de PIB en moins

 Cet arbitrage entre croissance et lutte contres égalités  n'en est pas un, estiment désormais les experts. « Une nouvelle analyse de l'OCDE donne à penser que les inégalités de revenu ont une incidence négative, statistiquement significative, sur la croissance à moyen terme » écrivent-ils aujourd'hui. Selon leurs calculs, l'évolution moyenne des inégalités des 20 dernières années, au sein des pays de l'OCDE,  ferait perdre 0.35 point de croissance par an sur 25 ans, soit une perte cumulée de PIB de 8.5 % à terme."

 Ainsi, écrivent les économistes,

« on  estime que le creusement des inégalités a coûté plus de 10 points de croissance au Mexique et à la Nouvelle-Zélande, près de 9 points au Royaume-Uni, à la Finlande et à la Norvège, et de 6 à 7 points aux États-Unis, à l'Italie et à la Suède. À l'inverse, une situation plus égalitaire avant la crise a contribué à faire progresser le PIB par habitant en Espagne, en France et en Irlande.

 L'argument de la liberté d'entreprendre

 Comment expliquer cette nouvelle prise de position de l'OCDE ? Après tout, il paraît logique qu'une grande liberté d'entreprendre -qui provoque souvent de plus fortes inégalités- engendre une croissance forte, alors qu'un système de redistribution, destiné à corriger les inégalités,  vienne entraver l'initiative et donc réduire le niveau de l'activité économique. Les experts ne croient plus en cet argument. Ils mettent en avant la perte de capital humain -qui mine évidemment la croissance- liée à une faible formation de toute une partie de la population, victime des inégalités :

 Les faits viennent corroborer l'une des théories avancées quant à l'impact des inégalités sur la croissance, à savoir qu'en entravant l'accumulation de capital humain, les inégalités de revenu compromettent les possibilités de s'instruire pour les populations défavorisées, limitant ainsi la mobilité sociale et le développement des compétences.

Cette affirmation est fondée sur une étude statistique, soulignent les experts

L'analyse de données sur l'éducation et des résultats de la récente enquête de l'OCDE sur les compétences des adultes (PIAAC) révèle que le capital humain des personnes dont les parents ont un faible niveau d'instruction diminue à mesure que les inégalités de revenu sont plus prononcées. Ce qui n'est pratiquement pas le cas, voire pas du tout, avec un niveau d'instruction parental moyen ou élevé. La tendance se vérifie aussi bien au plan quantitatif (par ex., durée de la scolarité) que qualitatif (par ex., niveau de compétences).

Exemple avec les maths: les experts constatent qu'un

 accroissement de six points des inégalités de revenu (correspondant à l'écart États-Unis-Canada en 2010) se traduit par un recul de six points du résultat obtenu par les individus d'origine modeste. Cela explique près de 40 % du fossé observé par rapport aux individus dont les parents ont un niveau d'instruction moyen.

En somme, insiste l'OCDE,

il ressort de l'analyse que les inégalités conditionnent fortement les perspectives des personnes défavorisées en matière d'instruction et de progression sociale.

 « La redistribution ne nuit pas à la croissance »

 A rebours des préconisations libérales habituelles, les économistes affirment que « la redistribution par l'intermédiaire des impôts et des prestations est le moyen le plus direct de corriger les inégalités ». Et de poursuivre

« la redistribution n'est pas en soi un frein à la croissance économique ». Bien sûr, cela ne signifie pas pour autant que les mesures prises en ce sens ont toutes le même effet positif sur la croissance. Des politiques de redistribution mal ciblées et non centrées sur les outils les plus efficaces peuvent se solder par un gaspillage de ressources et être source d'inefficience.

Ivan Best

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Commentaires 39
à écrit le 09/12/2014 à 19:59
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ça fait une éternité que je dis comme l'OCDE aujourd'hui, on se demande bien comment elle a mis aussi longtemps à réaliser ce que j'appelle une évidence.

le 12/12/2014 à 10:53
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Moi aussi.

à écrit le 09/12/2014 à 15:56
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Voyons comment les inégalités augmentent pour les scientifiques collectivistes (cad socialistes marxistes) de l'OCDE et du FMI. Avant, les pauvres gagnaient 500 euros par mois et le riche gagnait 1000 euros par mois. Aujourd'hui, les pauvres gagnent ...

le 09/12/2014 à 16:55
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Scientifiques collectivistes socialistes marxistes, ça situe le débat. Votre exemple le complète admirablement en prenant "avant" un pauvre qui gagne 1000 euros, et maintenant 5000, et un riche à 11000 vous vivez sur quelle planète ? Von Mises en ava...

à écrit le 09/12/2014 à 15:43
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C'est surtout la répartition équitable du travail qui coûte cher à notre société. Le calcul de la rentabilité par employé tel qu'il est pratiqué aujourd'hui est absurde, et prive de nombreuses familles de revenus, avec tous les problèmes sociaux qui ...

le 09/12/2014 à 16:50
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Et vous partagerez aussi votre semence avec la femme de votre voisin?

le 10/12/2014 à 11:58
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Je partage le même ADN que mes voisins de la planète, c'est suffisant. Et je ne conçoit pas m’empiffrer pendant que mes congénère crèvent...

à écrit le 09/12/2014 à 15:41
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ce qui est bien avec les chiffres c'est qu'on peut démontrer tout et son contraire. particulièrement en économie.

à écrit le 09/12/2014 à 13:00
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Oui enfin les économistes se réveillent. A quand ils s'attaqueront aux discriminations envers les femmes, les seniors, les gens non-blancs, les gens non chrétiens, les gens qui ont du poids etc ? Car tout cela mine la croissance, ces gens ne pouvant ...

le 09/12/2014 à 19:54
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actuellement la discrimination se pratique surtout envers les petits blancs !!!! Il suffit de regarder le niveau de remboursement de la sécu , le niveau des petites retraites au regard des prestations sociales attribuées aux migrants qui n'ont jamai...

le 10/12/2014 à 6:31
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Mensonges. Il y a un système de sécurité sociale et de retraites qui est pareil pour tout le monde. Mais ça vous dérange, conclusion, on a compris vos idées.

à écrit le 09/12/2014 à 12:35
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Et c'est pour cela que Roosevelt avait fortement imposé les plus riches. Le système est toujours le même et les solutions identiques. Bizarre, non..??

le 09/12/2014 à 15:21
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Les impôts des plus riches, aux USA, sous Roosevelt, et bien après, jusqu'à Reagan, ont été de 90% (oui 90). Aujourd'hui, ils sont, dans les faits, de moins de 30%. Les 0,1% les plus riches se sont organisés, comme les frères Koch, et maintiennent, g...

le 09/12/2014 à 15:44
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en fait l'imposition de roosevelt portait sur les revenus mais pas sur les plus riches

le 09/12/2014 à 18:44
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A Pasisimple : et c'est pour cela que Roosevelt avait AUSSI interdit la possession d'or, car la fortune des plus riches s'était écroulée par les actions et la chute du dollar... Donc, tout était très simple. Il fallait juste avoir du courage et AIME...

à écrit le 09/12/2014 à 12:24
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Les grandes fortunes du monde sont professionnelles essentiellement. Faut-il que les entreprises appartiennent à des fonctionnaires? Faut-il nationaliser? Qui va gérer les entreprises et qui va les créer? Un discours de jalousie est-il intelligent et...

le 09/12/2014 à 13:32
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Emporte t-on sa fortune avec soi quand on meurt ? A quoi sert d'accumuler autant ?

le 09/12/2014 à 15:59
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@ question : vos choix de vie ne me conviennent pas, je les trouve immoraux et inutiles. Ai-je le droit de vosu imposer mes choixet mes conceptions à moi ? En quoi seraient elles supérieures aux votres ? Si les gens souhaitent accumuler, grand bien l...

le 09/12/2014 à 21:27
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@ Von mises Le fait que des personnes accumulent et ne paient pas d'impôts sur ce cumul nous regarde !!!C'est à cause de ces égoïstes égocentriques nombrilistes que d'autres ont raquettés par l'impôt sur le revenu. Et leur argent, ils ne le réinves...

à écrit le 09/12/2014 à 11:36
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c'est chose entendu en sciences éco depuis bien longtemps...croissance et développement humain se conjuguent dans un cercle vertueux.

à écrit le 09/12/2014 à 11:30
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Vérité élémentaire et très facile à comprendre ou à démontrer ... Certains ( ou même beaucoup ! ) n' ont plus qu' à méditer sur l' évidence ou la logique de ces réalités et partant sur l' arbitraire de certains standards ou poncifs pseudo - économiqu...

à écrit le 09/12/2014 à 11:17
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Ces statistiques sortent de temps en temps, mais les 1% les plus riches contrôlent bien les médias. Ils en ont les moyens. Le discours dominant va continuer à dominer. Il suffit de lire les réactions de cette rubrique : les idées sont bien enfoncées ...

à écrit le 09/12/2014 à 11:08
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l'absence de croissance reduit les inegalites! ils ont decouvert ca il y a 3 mois en se rendant compte que quand les gens gagnaient moins en france, en concentrant un peu plus les impots en haut et en maintenant l'assistant en bas, les ecarts se red...

le 09/12/2014 à 11:32
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Winston, occupe toi de ton peuple. 25% de gamins pauvres, 33% des personnes qui ont du mal à se chauffer, tellement endettés (+ de 100% du PIB, en plus de l'endettement public...) que l'on vient de nous dire qu'ils ne supporteraient pas une augmenta...

le 09/12/2014 à 11:41
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l'absence de croissance par exemple aux US dans les années de crise ont encore concentré la richesse. Pour le peuple le chômage, pour les riches des taux d'interêt très bas et un océan de liquidité pour faire monter la bourse.

le 12/12/2014 à 10:52
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+ 1000 !

à écrit le 09/12/2014 à 10:34
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Un bon argument pour euthanasier les vieux (par définition plus riche qu'un jeune)? Aucune référence au courant politique notamment socialiste qui redistribue plus qu'il ne produit...

le 09/12/2014 à 11:42
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" aucune référence au etc " C'est compris dans l' article ...

à écrit le 09/12/2014 à 9:46
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Si les pays Scandinaves pouvaient nous envoyer une équipe de coopérants dans le cadre d'une aide publique au développement pour éviter : "Des politiques de redistribution mal ciblées et non centrée sur les outils les plus efficaces pouvant se solder ...

à écrit le 09/12/2014 à 9:39
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En ce jour anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ( du 10/12/1948) et pour paraphraser un poème de Nizar Qabbani poète syrien, décédé en 1998 sur les « sages » et poètes arabes, voici un avis sur les «Lumières» de France. ...

le 09/12/2014 à 11:32
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+ 1000 !

le 09/12/2014 à 11:34
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A voir son "poème" on peut se demander pourquoi ce monsieur est venu en France ? mais il y bénéficie du droit à dire ce qu'il veut.

à écrit le 09/12/2014 à 8:54
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Une nouvelle version de la poule et l'oeuf..en maths, la problématique de l'indépendance des variables est centrale..

à écrit le 09/12/2014 à 8:51
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Et l'égalitarisme franchouillard donne quel résultat à part l'expatriation de la jeunesse diplômée, la création de postes de fonctionnaires, l'assistanat et la pauvreté partagée?

le 09/12/2014 à 9:10
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@Poltron En France, nous ne sommes pas dans le "In God we Trust" ou "America First", nous avons choisi "Liberté- Fraternité-Egalité". Egalité ne veut pas dire égalitarisme, mais les mêmes possibilités, les mêmes droits pour tous. L' égalité c'est av...

le 09/12/2014 à 10:25
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@JB38 Comment expliquer avec les mêmes possibilités même dans les classes favorisées les femmes rechignent à pratiquer les sciences dites "dures"?

à écrit le 09/12/2014 à 8:08
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"Les pouvoirs publics doivent se préoccuper plus généralement du sort des 40 % les plus défavorisés." 40% de miséreux ? Grotesque ! Le fric claqué en France prouve assez l'échec de ces politique de redistribution, et prendre un pays en faillite...

le 09/12/2014 à 11:38
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en France le problème c'est que tout le monde est aidé d'une façon ou une autre. Il faut concentrer les aides sur ceux qui en ont vraiment besoin, et les autres se démerdent, mais paient moins d'impôt au global.

à écrit le 09/12/2014 à 7:58
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Voilà qui a conforter les tenants de l'imposition à outrance ! Mais il suffit de voir l'état du pays pour comprendre que cela ruine le pays!

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