Des bienfaits des Abenomics, toutes les entreprises japonaises n'en profitent pas. Le groupe d'électronique Sharp a expliqué mercredi 3 février souffrir de la forte baisse du yen en raison du renchérissement des importations de pièces détachées. D'autres, au contraire, ont annoncé un relèvement de leurs perspectives annuelles grâce à cet effet de change favorable.

• Sharp souffre d'un yen trop bas

Le pionnier japonais des écrans à cristaux liquides, Sharp, a annoncé mardi redouter une perte nette de 30 milliards de yens (225 millions d'euros) pour l'exercice 2014/15, après être retombé dans le rouge à l'issue des neuf premiers mois.

C'est une brutale révision, alors que le groupe tablait précédemment sur un bénéfice net d'un montant équivalent. Il escompte des ventes annuelles de 2.900 milliards de yens (prévision inchangée), mais a divisé par deux son estimation de bénéfice d'exploitation à 50 milliards de yens.

Le groupe d'électronique met en cause la forte baisse des prix des écrans liquides consécutive à une concurrence acharnée avec des producteurs chinois et sud-coréens. Le PDG du groupe a également invoqué la forte baisse du yen qui a renchéri le prix de ses appareils assemblés à l'étranger.

• Toyota voit ses bénéfices s'envoler

Toyota a ainsi relevé, et pour la seconde fois, ses prévisions annuelles. Le premier constructeur automobile mondial a indiqué s'attendre à un bénéfice de 2.130 milliards de yens (15,9 milliards de yen), contre 2.000 milliards précédemment. La progression de son bénéfice atteindrait 16,8% en un an.

Cet optimisme, Toyota le doit à sa performance des trois premiers trimestres (avril-décembre 2014), dopée par l'affaiblissement continu du yen et des "réductions de coûts", a expliqué un responsable financier du groupe, Takuo Sasaki, cité dans un communiqué.

• Sony, l'année sera moins mauvaise que prévue

Autre société emblématique de la puissance industrielle japonaise, Sony a également annoncé une révision de ses prévisions. Le géant de l'électronique s'attend désormais à une perte annuelle moins importante que prévue, et ce, malgré les charges exceptionnelles consécutives à la restructuration de sa branche mobile (le groupe a annoncé la suppression de 1.100 emplois supplémentaires dans cette branche).

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Le groupe a estimé à 20,1 milliards de yens (142 millions d'euros) sa perte nette des neuf premiers mois de l'exercice 2014-2015 et a réduit à 170 milliards de yens son évaluation de perte annuelle au lieu de 230 milliards. Les chiffres publiés jeudi ne sont que des estimations car le groupe a demandé et obtenu un délai pour publier ses comptes définitifs à cause des problèmes informatiques dus au piratage massif dont a été victime récemment sa filiale de cinéma aux États-Unis.

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• Panasonic pâtit du ralentissement en Chine

Le groupe d'électronique et électroménager japonais Panasonic a maintenu mardi 3 février ses prévisions annuelles, après avoir enregistré une amélioration de sa rentabilité lors des neuf premiers mois de l'exercice 2014/15 grâce à une série de restructurations.

Pour la période d'avril à décembre 2014, le géant nippon a fait état d'une hausse de 10,3% de son bénéfice d'exploitation, à 290,2 milliards de yens (2 milliards d'euros), même si le résultat net a chuté de 42,2% à 140,4 milliards à cause de facteurs exceptionnels (ventes d'actifs et autres éléments qui avaient gonflé le bénéfice l'an passé).

Si le groupe a souffert du ralentissement économique en Chine et dans l'Asie du sud-est, il a cependant profité de la bonne santé du secteur automobile auquel il fournit nombre d'équipements et composants électroniques. La baisse du yen a ainsi contribué aux exportations d'automobiles, mais également à celles de ses appareils grands publics.

• Hitachi ne doit pas tout au yen

Certes, le conglomérat industriel japonais Hitachi n'a pas fait référence aux taux de change pour expliquer sa performance, mais le groupe a tout de même fait état mercredi d'un bond de 37% de son bénéfice net des neuf premiers mois de l'exercice 2014-2015, grâce à l'amélioration des bénéfices de la plupart de ses activités.

Le groupe escompte toujours pour l'année complète un bénéfice net annuel de 250 milliards de yens (1,85 milliard d'euros au cours actuel), après avoir dégagé un résultat net de 174,9 milliards de yens à l'issue des seuls trois premiers trimestres.

• Mitsubishi Motors: ventes en baisse mais bénéfice inchangé

Le constructeur d'automobiles nippon Mitsubishi Motors a annoncé mardi une révision à la baisse de son objectif de chiffre d'affaires pour son exercice 2014-2015, alors qu'il voit fondre ses ventes au Japon et dans plusieurs pays d'Asie.

Pour l'année comptable s'achevant fin mars, le groupe table désormais sur des revenus de 2.170 milliards de yens (16 milliards d'euros au taux de change actuel), en progression de 3,7% sur un an, contre 2.180 milliards initialement escomptés.

Mitsubishi Motors a cependant laissé inchangées ses prévisions de bénéfices, se félicitant de ses efforts de réduction de coûts ainsi que d'un effet de changes très favorable: le fort affaiblissement du yen renforce en effet sa compétitivité à l'étranger.

À l'issue des neuf premiers mois de l'exercice (avril-décembre 2014), le groupe a dégagé un profit net de 98,6 milliards de yens (741 millions d'euros au taux actuel), en hausse de 11,5%. Un net ralentissement cependant, après le bond de 30% enregistré sur le seul premier semestre.