Le bilan de la présidence française de l'UE passé au crible (1/3)

Alors que la présidence française de l'UE (PFUE) touche à sa fin, EurActiv.fr fait le point en trois volets sur l'avancée des priorités annoncées. Au delà de celles-ci, c'est surtout par son "leadership" à l'occasion des crises financière et géorgienne que la France s'est illustrée. Quant à l'Union pour la méditerranée, le succès diplomatique a été salué.

Crise économique et financière - Des plans de relance "unijambistes"

"La crise n'a pas commencé en août 2007 comme je l'entends souvent mais bien le 15 septembre 2008, date de la faillite de Lehman Brothers." Cette phrase, le président en exercice du Conseil européen, Nicolas Sarkozy, l'a répétée plus d'une fois. Et pas plus tard que lors de sa dernière intervention au parlement européen, le 16 décembre dernier.

"C'est une totale stupidité. Avec tout le respect que l'on doit au chef de l'Etat, il aurait eu une mauvaise note à un examen", note Michel Aglietta, professeur d'économie à l'université Paris-X Nanterre, interrogé par EurActiv.fr. Car c'est bien en août 2007 que la crise a commencé à s'étendre, provoquant une récession aux Etats-Unis dès janvier 2008 et un mauvais second semestre en France.

Après une réunion du G4 "cafouilleuse", la présidence française a finalement réussi à convaincre les Allemands et à proposer une boîte à outil commune pour la zone euro, ajoute l'économiste. "Mais c'est grâce aux Anglais qui sont arrivés avec un plan astucieux, rappelle-t-il, que la tendance a pu être inversée."

Autre initiative française: la réunion d'un G20 pour réformer la finance mondiale. Différents ateliers de réflexion ont été lancés. Et des propositions précises doivent être discutées lors d'une prochaine réunion à Londres le 2 avril 2009. "Je n'ai pas été déçu par le G20 car, de toutes les façons, il n'y avait rien à l'agenda. C'est une bonne chose que ce chantier ait été lancé", commente Michel Aglietta.

Mais c'est surtout sur les plans de relance économique que les critiques fusent. "Ceux des trois plus grands pays d'Europe sont d'une ampleur insuffisante et en dessous de ce que la Commission elle-même a suggéré", commente Michel Aglietta. En outre, des distorsions importantes existent entre les plans anglo-saxons et franco-allemands. Si les premiers visent les ménages, les seconds ont ciblé les entreprises en choisissant de réduire les coûts de production. Mais il n'est pas acquis que celles-ci répercutent cette baisse sur les prix et donc entraîne une hausse de la consommation. Ce qui donne des plans de relance «unijambistes», selon Michel Aglietta selon lequel il faudra certainement les "réviser en 2009". Angela Merkel a d'ailleurs déjà annoncé que de nouvelles mesures devraient être prises dès le mois de janvier.

Crise géorgienne - Un évènement qui a relancé la PFUE

Mais c'est aussi sur sa gestion de la crise géorgienne que le président français, président en exercice du Conseil européen, a été félicité en Europe.

"La gestion des crises par la présidence française a été brillante", estime le président de la Fondation Robert Schuman, Jean-Dominique Giuliani, dans une note intitulée quelques leçons de la Présidence française. "Les événements internationaux ont constitué une chance pour Nicolas Sarkozy pour relancer la présidence française. Il a su de plus présenter une position européenne équilibrée sur ce conflit en défendant les intérêts européens", estime quant à lui Jean-Pierre Maulny.

Mais quatre mois après le sommet européen au cours duquel les Européens ont arrêté une position commune sur la crise géorgienne, les discussions semblent encore stagner entre Russes et Géorgiens sur certains sujets. "D'intenses discussions se sont achevées à Genève sur le conflit du Caucase entre la Géorgie et la Russie. Aucune percée n'a cependant pu être réalisée, mais les efforts vont se poursuivre", rapportait jeudi 18 décembre l'agence ATS.

"Aucun accord n'a pu être conclu sur un mécanisme de prévention du recours à la force visant à renforcer la sécurité, malgré un accord sur le principe, a précisé le représentant spécial de l'Union européenne (UE), M. Morel. De même, la question du retour des réfugiés a été débattue, mais un accord sur leur retour et sur le libre mouvement des personnes à travers les points de contrôle n'a pas pu être conclu".

Le succès de la présidence française peut-il donc être malgré tout relativisé dans ce dossier? Au moins sur deux points. "L'Union européenne peine quand même a exprimer sa puissance sur la scène internationale et a peser d'un véritable poids. On a l'exemple d'une puissance militaire sous dimensionnée par rapport à sa puissance économique et cette déficience se ressent dans le traitement des grandes crises internationales", estime Jean-Pierre Maulny.

La prochaine série de discussions entre Russes et Géorgiens doit avoir lieu les 17 et 18 janvier 2009.

 Union pour la Méditerranée : "tout reste à faire"

Projet-phare de Nicolas Sarkozy, l'Union pour la Méditerranée (UPM) a été lancée moins de quinze jours après le début de la présidence française. Réunissant 42 chefs d'Etats du pourtour méditerranéen, le succès diplomatique a été salué.

Comme EurActiv.fr l'avait révélé le 11 septembre, le conseiller élyséen et inspirateur du projet, Henri Guaino, a été nommé fin novembre à la tête du projet. L'homme qui avait inspiré l'UPM a donc repris "son" UPM, après le départ précipité d'Alain Le Roy, chargé à l'origine du lancement du processus par l'Elysée.

La création de l'UPM a abouti à la mise sur pieds de "six projets concrets": la dépollution de la Méditerranée, les autoroutes de la mer, la mise en place d'une protection civile pour répondre aux catastrophes naturelles, une université euro-méditerranéenne, l'énergie solaire et une initiative méditerranéenne de développement des entreprises. Le 4 novembre à Marseille, les pays de l'UPM ont donné un cadre juridique au projet, nommant un secrétariat général, qui siège à Barcelone, et proposant un calendrier pour 2009.

"On ne peut pas limiter l'opération à un succès diplomatique", commente Pierre Bechkouche, spécialiste de la région et professeur de Géographie à Paris-1-Sorbonne. "Pour l'instant, tout reste à faire". Pour ce chercheur, tous les acteurs - industriels, investisseurs, banquiers, acteurs du Sud - sont désormais devant leurs responsabilités. "Ils doivent tous gérer des projets ensemble".

Le chercheur fait notamment état du rejet par les pays du Sud d'un processus de Barcelone caduque. "Ils ne veulent plus du fonctionnement qui consiste à se soumettre au raisonnement: "je décide, tu exécutes"".

Dans les mois à venir, la crise économique risque fort de peser sur la mise en ?uvre du processus. "Ce qui est sûr, c'est que les budgets publics vont souffrir pendant cette période, juge Pierre Bechkouche, mais cela va accélérer la mise en place de partenariats public-privé (PPP)". Dès la réunion de Paris, les PPP étaient en effet mentionnés comme l'une des principales sources de financement des projets de l'UPM.

Site d'Euractiv.fr

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Pas mal, il a sécoué le cocotier. Le prochain n'a qu'à mieux gerer le jus pour assouvir les attentes J.J SE DLA CAMEROUN

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Manifestement notre Président est plus apte à impulser qu'à gérer . La France est trop petite pour Monsieur Sarkozy et l'Europe doit lui permettre de s'affirmer pleinement . Pour parler de son bilan national, par ses réformes trop hâtives et mal posi...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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C'est l'avis d'un seul homme. De nombreux autres, tout aussi compétents présentent les choses différemment. Une enquête menée professionnellement met en évidences plusieurs avis et procède à leur analyse.

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